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Billet de blog 19 avril 2020

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Je préfèrerais (ne pas)

Ne passe-t-on pas une grande partie de notre vie à (nous) juger ? C'est p'tet temps de préférer autre chose ? En 3 actes, comment j'ai accepté à la fois "préférer ne pas" ... ET "préférer".

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Acte 1. Faire ? Être ? Avoir ?

Je préférerais ne pas[1] manger devant la télé,

Or, je mange devant la télé (un repas sur deux, pas tout le temps quand même…).

Je préférerais ne pas fumer,

Or je fume (1 clope sur 2, pas tout le temps quand même, ah ah !…).

Je préférerais ne pas être dépendant.e à Grey’s Anatomy

Or, je suis dépendant.e à Grey’s Anatomy

Je préférerais ne pas être ambivalent.e

Or, je suis ambivalent.e

Je préférerais ne pas être triste, mélancolique et nostalgique

Or, je suis triste, mélancolique et nostalgique.

A ce stade, je me pose deux questions.

  1. Fume-je? ou suis-je une fumeuse ? Et donc, mon comportement détermine-t-il mon identité ? Ce que je fais détermine-t-il ce que je suis ?
  2. Suis-je une personne mélancolique ? ou fais-je preuve de mélancolie dans certains contextes ?

Auquel cas, si je ne me colle pas une étiquette un peu trop définitive en terme de trait de personnalité, la manière dont je me perçois a plus de chance d’évoluer, non ? De surcroît, mes comportements peuvent probablement évoluer plus rapidement que ma vision de moi-même. Avoir une prise sur mes comportements paraît plus réaliste, à court terme, qu’avoir une prise sur mon identité. A-t-on vraiment prise sur quoi que ce soit (oh là, je m’emballe …)

Bon, sur ces deux questions, ça vaudrait pte’t le coup que je (re)lise quelques travaux en psychologie cognitivo-comportementale, sur les schémas de soi, le poids des étiquettes de personnalité (que l’on se colle à soi-même ou que l’on colle aux autres), le recadrage cognitif.

***

Acte 2. Tout et son contraire

Je préférerais ne pas être trop dur.e avec mes enfants

Or, je suis trop dur.e avec mes enfants

Ah, et aussi, je préfèrerais ne pas faire preuve[2] de trop d’indulgence avec mes enfants,

Or, je fais preuve de trop indulgente avec mes enfants

Je préfèrerais ne pas me sentir inférieur.e aux autres,

Or, je me sens inférieur.e aux autres

Ah, et aussi, je préfèrerais ne pas me sentir supérieur.e aux autres,

Or, je me sens supérieur.e aux autres

A ce stade, je me pose deux questions :

  1. Finalement, je préfèrerais ne pas et je préfèrerais ne pas exactement son inverse …?
  2. Puisque tout et son contraire existe, je devrais peut-être me détendre quant aux jugements que je porte sur moi…

Donc en gros soit je considère que rien ne va chez moi, soit je me détends un peu sur les jugements que je porte sur moi. 

Dans tous les cas, ça vaudrait pte’t le coup que je (re)lise quelques travaux en psychologie positive sur l’amour de soi notamment et les effets des jugements sur soi. Peut être en profiter aussi pour (re)lire quelques écrits psychanalytiques sur l’accueil et l’acceptation de ces parts d’ombre.

***

Acte 3. Et si au lieu de préférer ne pas, je préférais[3]

Si, plutôt que préférer ne pas détester mon travail,

Je préférais commencer une formation.

Si, plutôt que préférer ne pas être propriétaire,

Je préférais être locataire.

Si, plutôt que préférer ne pas être en froid avec certains ami.e.s,

Je préférais rencontrer de nouvelles personnes.

A ce stade, je me pose deux questions.

  1. Quelle énergie dégage-je quand je pense à ce que je ne préfèrerais pas? et quelle énergie émane de ma (fort sympathique) personne quand je me relie à ce que je préfèrerais?
  2. Et qu’est ce qui [me] pousse parfois à avoir envie de rester dans cette énergie du « ne pas préférer » ?

Bon sang, sur ces sujets, ça vaudrait pte’t le coup que je (re)lise quelques travaux en psychologie énergétique ou psychologie sociale sur le poids des croyances et les effets du regard que l’on porte sur sa vie sur ses choix (pro/perso).

Bon, il est tard, et manifestement, je me pose beaucoup de questions et j’ai un max de trucs de psychologie à (re)lire…

Pfft… je préfèrerais ne pas

Alors, je vais plutôt préférer regarder Grey’s Anatomy, & sans me juger !

[1] Et un hommage éternel à Melville et à Bartleby le Scribe.

[2] Je ne SUIS pas trop indulgente, je fais preuve de trop … oui, j’applique le recadrage cognitif moi madame !

[3] N’en déplaise à Bartleby comme symbole de résistance passive, car, pour moi, ce n’est pas contradictoire.

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