T’es belle comme 10000 tonnes d’ordures entassées dans les rues de Paris
Belle comme le courage des éboueurs de Paris, de Marseille ou du Havre
Qui par leur acte te rendent visible, audible, odorante, sensuelle en somme
et donc gênante et donc insupportable
pour un gouvernement des sénateurs des députés des actionnaires tra la lère
« Quand les éboueurs font grève, les orduriers sont indignés. » (Prévert)
Et comme si ça n’était pas assez,
généreuse, tu te donnes de tout ton corps à tous ceux qui ont décidé de se révolter
Aux citoyens désarmés qui te saisissent comme allégorie de leur colère,
celle qui grondait à l’intérieur et à laquelle tu as donné un visage
Qui t’empoignent déterminés et t’envoient orner les mairies les préfectures les palais
Eventrée rayonnante tu chantes silencieusement avec eux
« On est là, on est là, et même si Macron nous veut pas, nous on est là ! Pour l’honneur des travailleurs et pour un monde meilleur ! Même si Macron nous veut pas, nous on est là ! »
Depuis quelques soirs, d’abord à Rennes et puis très vite dans plusieurs villes, un cousin du bled fleurit sur les appels à la grève générale : « Zbeul partout ! »
Z comme une menace qui gronde
B comme une bombe qui explose
Eul comme les volutes de fumées qui s’élèvent de ces milliers de feux qui dansent dans la nuit
C’est le printemps arabe qui vient te donner un coup de main,
avec toute sa charge poétique, avec toute sa rage politique
Zbeul pour dire toutes les formes que peut prendre la révolte pour devenir révolution.
14 juillet 1789, lorsque Louis XVI demande au Duc de La Rochefoucauld-Liancourt s'il s'agit là d'une « révolte », ce dernier lui répond « Non Sire, c'est une révolution ! »
22 Mars 2023, Merci
Aux éboueurs
Aux gaziers, aux électriciens
Aux raffineurs, aux routiers
Aux dockers
Aux cheminots
Aux marins - pêcheurs
Aux agriculteurs,
Aux retraités qui savent déjà, aux étudiants qui savent bien sûr
Aux gilets jaunes qui avaient pourtant prévenu
Merci à tous ceux qui n’ont pas abdiqué !