Israël a le « droit absolu de se défendre », et la France et l’UE apportent leur « soutien inconditionnel » à « l’armée la plus morale du monde ».
Oui, parce qu’il y a des armées morales Monsieur et certaines qui le sont même plus que d’autres et des gens pour y croire aussi.
Pour y croire dur comme fer
dur comme feu
dur comme phosphore blanc
dans les poumons d’un enfant de sa mère de son père de son chien.
Parce que vous comprenez Monsieur, il y a des priorités et la priorité pour le gouvernement français et tous ses laquais, c’est de choisir les bons mots, enfin ceux qui sont autorisés par le camp du Bien. Etasunien, européen, darmanin.
Il ne faut plus dire « camper » non, « camper » c’est connoté, et quand c’est connoté, c’est pas bien, c’est une pensée terroriste en action que celle qui utilise des mots en leur laissant la liberté d’exister par eux-mêmes, en laissant la liberté à ceux qui les entendront de les interpréter comme ils le veulent. Mais alors si « camper » c’est antisémite, peut-on encore utiliser les mots « gaz » et « four » et « chambre » sans être réveillé à 6h du matin par la police des mots ?
La manifestation pro-palestienne du 28 octobre sera interdite à Paris par le préfet Nunez. « La raison n’est pas matérielle, elle est morale ».
Quel visage a cette morale qui trouve légitime et nécessaire qu’Israël prive d’eau, de nourriture, de médicaments, d’électricité 2 millions de Palestiniens enfermés dans un camp à ciel ouvert ?
Que peut bien signifier la morale d’un gouvernement français qui trouve légitime et nécessaire le nettoyage ethnique de tout un peuple ?
D’où parle-t-elle cette morale qui accepte, justifie, soutient, défend la mort de milliers d’enfants palestiniens qu’elle ne considère plus que comme des « boucliers humains » comme si leur réification effaçait l’atrocité des crimes perpétrés ?
Et je repense à cette question de Nietzsche : « De tous les côtés, on entend maintenant dire que le but de la morale, c'est quelque chose comme la conservation et l'avancement de l'humanité ; mais conservation de quoi ? Avancement vers quoi ? »
Le pays des Lumières a rejoint hier « le peuple de la lumière » et tout est dit dans ce passage du pluriel au singulier.
Une lumière blanche, occidentale, qui colonise, qui terrorise, qui génocide.
Soutenir le peuple palestinien, c’est refuser ce projecteur de spectre lumi-haineux alimenté en continu de propagandes et de mensonges.
Parce que j’ai vu, parce que nous sommes des millions à avoir vu et que ce que nous avons vu est intolérable et que nous ne ferons pas comme si rien ne s’était passé.
Soutenir le peuple palestinien, c’est résister et se battre pour le retour des lumières, leur diffusion, leur rayonnement. C’est la survivance des lucioles. Et pour ce faire, garder toujours à l’esprit l’injonction que Kant présentait comme la devise des Lumières : « Sapere aude ».
Ce matin une photo sur X m’a émue : elle montrait une petite dizaine de batteries posées sur un toit terrasse et rechargées par le soleil ; elle portait en légende « grâce à Dieu, Israël ne peut pas tuer le soleil ».
Non ni Israël ni les Etats-Unis ni la France ni l’Angleterre ni l’Italie ne pourront tuer le soleil, ne pourront empêcher les individus de penser par eux-mêmes, de se libérer, de s’émanciper.
Soutenir le peuple palestinien, c’est aussi le remercier de cette leçon d’humanité qu’il nous donne depuis 80 ans dans son combat pour la liberté. La sienne et donc la nôtre.
C’est ce que la Palestine apporte au monde.