Reims, ville martyre à l'issue de la première guerre mondiale, lieu choisi pour commémorer la mémoire des héros de l'armée noire qui ont tant contribué à la défense de la France pendant la grande guerre et en particulier de cette ville, en 1918. C'est devant l'hôtel de ville qu'a eu lieu ce lundi 3 novembre une cérémonie très solennelle en leur honneur, en présence de Rama Yade, J.M Bockel , des élus locaux, des diplomates africains et des représentants de l'armée....L'annonce a été faite par Hadeline Hazan, la maire, de la reconstruction programmée du monument aux morts construit en 1924 à Reims à la gloire des troupes coloniales tombées pour la France et détruit en 1940 par les occupants nazis soucieux de venger leur honneur d'aryens humiliés par « des sous-hommes ».Le projet avait été défendu de longue date par une association locale, l'Armatan. J'ai fait la petite souris entre deux képis d'anciens colonels.Chacun a rivalisé de mots pour embrasser nos frères noirs tombés hier, pour s'emparer de la paix, pour dénoncer le manque de reconnaissance de la France, pour se gargariser de fraternité. Les pompons noirs des micros télés se sont agités au rythme des morceaux militaires entonnés par une fanfare de zouaves, la Marseillaise a résonné sur les pavés après le passage de mirages sur l'écran géant.Mais après la parade,no futur. Alain, défendait la paix debout et s'est malgré tout engagé dans la guerre, à 46 ans. J'avais ce sentiment que tous saluaient la paix, couchés,qu'on vivait un moment confit sans perspectives d'avenir et qu'ils seraient tous prêts à s'engager demain.. Les Français avaient vraiment découvert la réalité des populations des colonies à l'issue de cette grande guerre.Mourir pour avoir le droit de vivre en quelque sorte , c'est ce qu'affirme Eric Deroo dans “Cultures coloniales en France” .Que recherche -t-on à travers cette volonté de reconstruire ce monument, geste symbolique fort?Pétrifier le futur sous des galons et des médailles ou libérer ces hommes de la pierraille sous laquelle nous avons enterré leur continent aujourd'hui le plus pauvre du monde? Célébrer les libertés ou l'héroïsme? Nouvelle tour de Babel ou futur vestige?
Ironie du calendrier, c'est le même jour que Brice Hortefeux inaugurait la conférence européenne sur l'intégration à Vichy.et proposait sa “boite à outils” et ses exemples de “bonnes pratiques qui marchent” pour faciliter l'intégration des immigrés. La propagande coloniale développait l'image du bon sauvage domestiqué assagi.Le Y'a bon banania n'est pas loin.
Quelles leçons la France a-t-elle su tirer? Hier on justifiait l'usage de la force noire par idéal républicain ou par la lutte contre la barbarie nazie, aujourd'hui, ce déploiement mémoriel ne sert -il pas l'abandon et le rejet que la France sait taire, de ses frères africains. Ne sait-elle bien embrasser que ses morts?
Pour conclure ces quelques extraits du roman d'Alice Ferney, Dans la guerre, Actes sud.
A toutes volées les cloches frappaient la campagne béate dans la chaleur d'août.Elles flagellaient le silence,éclipsaient toutes les chansons qui le traversent.[...]Ils avaient beau se tenir seuls sous le ciel bleu qui couvait son orage vespéral, ils ne l'étaient pas. Une partie de leur vie serait avalée par une autre. Le tocsin alarmait tous les replis de la terre.”