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Billet de blog 4 mai 2008

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Partager la lumière

Une verrière magistrale lovée au creux d'un parallélogramme ocre, des galeries et coursives ourlées de garde-corps vert céladon ascendant turquoise, charpente de chataignier partiellement blanchie à la chaux, une façade de briques rouges qui eut pu inspirer celle de Vaux -Le -Vicomte, un duomo aux tuiles oranges délicatement bordées de vert et jaune comme à Florence...Palais d'un puissant courtisan? Non, Palais social, Palais du travail, Palais de l'humanité, oeuvre d'une vie, d'un homme de volonté, Robin des bois de l'industrie flamboyante du 19ème siècle, Palais qu'il baptisa Familistère ,c'est à dire Palais des familles.

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Une verrière magistrale lovée au creux d'un parallélogramme ocre, des galeries et coursives ourlées de garde-corps vert céladon ascendant turquoise, charpente de chataignier partiellement blanchie à la chaux, une façade de briques rouges qui eut pu inspirer celle de Vaux -Le -Vicomte, un duomo aux tuiles oranges délicatement bordées de vert et jaune comme à Florence...Palais d'un puissant courtisan? Non, Palais social, Palais du travail, Palais de l'humanité, oeuvre d'une vie, d'un homme de volonté, Robin des bois de l'industrie flamboyante du 19ème siècle, Palais qu'il baptisa Familistère ,c'est à dire Palais des familles.

Compagnon de la forge, il crée à Guise dans l'Aisne une usine de fabrication de poêle en fonte de fer et s'inspire des idées de Ch.Fourier pour repenser la société industrielle en plein triomphe: « En attendant que les gouvernements et les hommes chargés des destinées des nations s'élèvent à la hauteur de leur rôle, ne serait-il pas heureux que ceux qui possèdent la richesse comprissent qu'il y a des déshérités en ce monde et qu'il est de notre devoir de reconnaître leurs droits? »Lettre de Godin. Ses ouvriers pourront jouir de logements spacieux, chauffés, avec eau courante, sanitaires, d'une piscine symbole d'un souci hygiéniste, d'une bibliothèque, d'un théâtre, d'un pouponnat, d'une école,d'un jardin d'agrément, de caisses d'assurances sociales gérées par des conseils d'hommes et de femmes...Eau, air, feu, terre, les quatre éléments ont été étudiés pour le bien-être de ses ouvriers, rien n'a été négligé. Nous sommes en 1861, la législation du travail est quasi-inexistante, la condition ouvrière est dénoncée par Zola, V.Hugo dénonce dans Mélancholia le travail des enfants, le socialisme en est à ses balbutiements et H.Schneider, patron des usines du Creusot affirme: « Je n'admets pas un préfet dans les grèves; c'est comme la réglementation du travail des femmes et des enfants; on met des entraves inutiles, trop étroites, nuisibles; on décourage les patrons de les employer. » Tiens, tiens, on croirait entendre le Médef en 2008.

Le sublime est corrosif, disait J.Prévert, surtout pour le présent qui devrait rougir de honte devant les photos d'Hugues Fontaine qui donne à voir ce que J.B.A. Godin, cet homme de volonté, a su réaliser seul contre tous. C'est le meilleur démenti à toutes les théories en cours des hommes de fer, chevaliers contemporains de la mondialisation, imperméables dans leur cotte de maille à tout altruisme, à tout humanisme, confits dans leur immobilisme et leurs profits. Quelle régression!

Notre monde a choisi de partager les ténèbres alors que Godin avait poussé son souci d'égalité entre ses ouriers jusqu'à vouloir leur faire partager la lumière!(1)

Heureusement qu'il y a des souffleurs d'espoir comme cette compagnie de souffleurs de poésie qui, hier, à fleur de pavé, égrénait pour les visiteurs ses poèmes au creux des pavillons des passants ...

Soufflons, soufflons, tant qu'il est encore temps en écoutant Leçons de ténèbres de Couperin.

(1)Par un ajustement de la taille des fenêtres graduel selon la situation des appartements.

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