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Billet de blog 5 mai 2011

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La tentation du bouddhisme, nouvelle forme d'indignation?

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Week-end pascal ou la révélation du lama.

La cène se jouait sur une île, nous étions 9 apôtres de sang rassemblés autour des huîtres pascales. L'annonce se fit par téléphone portable : mon fils aîné nous annonça son désir d'abandonner la recherche en astrophysique et son souhait de se retirer pour vivre auprès de moines bouddhistes. La vague émotionnelle provoquée par cette nouvelle fut immédiatement amplifiée par la lumière limpide du crépuscule insulaire comme dans la Cène de Léonard de Vinci. Consternation, abattement, incompréhension, larmes...Le chemin de croix ne faisait que commencer et j'appelai déjà de mes voeux la crucifixion. Seule l'innocence indignée d'un petit cousin de 8 ans m'offrit une bouffée de réconfort: « Mais pourquoi tu veux pas faire moine de Nôtre religion » étant entendu que le Nôtre abusif se limitait à sa petit personne, personne autour de la table ne pratiquant aucune religion et supposait qu'il avait secrètement lui aussi embrassé une confession, certainement le christianisme.Dans mon abattement , je réalisai soudain à quel point j'avais de la chance.

Cependant, ma perplexité n'en fut pas moindre.Comment mon fils élévé dans un milieu de libres penseurs athés très respectueux de toutes les formes de spiritualité pouvait-il envisager de se cloîtrer, de renoncer à une part de sa liberté pour vivre sa spiritualité, et vouloir renoncer au monde pour choisir de vivre dans un microcosme uniquement masculin? Renoncer à ce qu'on n'a pas , c'est faire preuve de sagesse, mais pourquoi renoncer à un certain bonheur qu'il avait acquis? Certes, nous connaissions son admiration et nous la partagions pour cette philosophie teintée de religion et nous avions lu les uns et les autres les ouvrages de M.Ricard, en particulier les entretiens avec son père JF Revel, Le moine et le philosophe, mais jamais nous n' avions pensé qu'il ait pu vouloir éprouver la pratique méditative du bouddhisme autrement que sous son aspect laïc et occidental, c'est à dire sous forme de retraites réparatrices et apaisantes sporadiques. Le malaise qu'il éprouvait face à cette société de consommation, face à ce monde dénué d'empathie, chargé de violence et de haine, de plus en plus éloigné de la nature, était bien plus profond que nous l'imaginions. Il nous dit sa difficulté de chercheur à croire aux progrès porteurs d'amélioration pour la condition humaine, son rejet d'un monde du travail de plus en plus dur, ses angoisses face à la folie de destruction de la nature par les hommes, sa volonté de lutter autrement par un bouddhisme engagé fondé par Tich Nath Hanh et de faire sienne cette affirmation de Gandhi:” Sois le changement que tu veux voir dans le monde”.

Quête de sens, de vérité , de soi-même, d'un monde meilleur authentique.Soif de spiritualité, l'une des plus vieilles sources de résistance du genre humain.

Quête de mon fils.

Franchir la ligne de faille qui s'est creusée sans s'en apercevoir. Continuer à communiquer toujours. Transmettre sa confiance, l'espérance, le bonheur de vivre. Camus cherchait sa mère dans Le premier Homme, je cherche mon fils. Nous nous cherchons. Chercher à rester mère d'un fils en devenir, à rester fils d'une mère en devenir, des rôles à recomposer sans cesse. Peur de se perdre malgré l'amour toujours là.

“Je vous salue mères qui pensez à nous sans cesse et jusque dans nos sommeils, [...]mères qui parfois me faites croire en Dieu”

Albert Cohen Le livre de ma mère.Folio.

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