« Si t'es perdu au milieu du désert, tu peux entendre de la musique mais il faut que tu sois dans un film » Pierre Légaré, Mots de tÊtes , Stanké.
Tu peux aussi entendre la pluie comme dans le film d'Agnès Jaoui, et là « tu peux mettre un gros caillou à côté d'un petit, il ne s'en occupe pas longtemps », c'est comme ça qu'il commence le film! Les personnages se frôlent sans vraiment se rencontrer ni se voir puisque même la caméra ne filme que par hasard. Seul Jammel Debouzze perce les ténèbres de ses yeux sombres. Juste des bribes de vie musicales comme toujours, comme le duo Bacri-Jaoui sait si bien les saisir, ni donneurs de leçons, ni modèles, ni blasés, ni illuminés, ni naïfs, juste lucides, peut-être de vrais épicuriens. Schubert, Haendel amplifient les dialogues et permettent aux mots de sortir des murs, d'habiter une autre scène comme pour créer un peu de sollicitude entre les personnages . Comme à chaque fois, j'ai adoré Bacri, lustral, en dépit de son faux mauvais caractère et de ses bourdes. Il a la patience de ceux qui n'espèrent plus que les lendemains soient faits pour eux et ses sourires sont comme une promesse de l'aube auxquels répond si bien la bouche si petite et si charmante d'Agnès Jaoui.Ces deux -là ont été conçus pour nous ravir. Dommage, les enfants sont toujours tellement absents ou si gênants, tellement fugaces. Ceux que l'on devine ne sont qu'en photos, adultes-enfants, comme si l'amour n'était qu'une affaire de grandes personnes.Une très belle fable politique et humaine drôle et grave, sans en avoir l'air, des petits riens comme ces lampions qui éclairent la dernière scène.