Lundi soir, je m'apprêtais à regarder A droite toute, ce téléfilm de Marcel Bluwal,que nous avait recommandé A.Perraud, quand soudain, mon pouce fit un arrêt sur images: Jacques Gamblin, Jacques Villeret, André Dussolier sur fond de verdure, dans un film de Jean Becker , Les Enfants du marais, c'était trop beau... Je n'arrivais plus à les quitter. Tant pis, je ferai mon mea culpa, je visionnerai le DVD et A.Perraud ne m'en voudra pas et peut-être même qu'il n'en saura rien... D'accord, c'est très bucolique et très bons sentiments, d'accord, mais comme il est rare d'entendre des enfants au cinéma et comme leur histoire d'amour est belle, presque un palindrome qui jure furieusement avec celui des parents qui se décompose. Jacques Villeret, dit Riton, a beau y faire, il n'est plus aimé et sa petite cri-cri à la crinière blond vénitien compense comme elle peut ce désamour “Dis, maman, pourquoi t'es toujours méchante?”Elle n'aura pas de réponse. Alors j'ai eu envie d'offrir ces mots à cette mère, pour qu'elle ne se mure plus dans son silence. A manger comme les grenouilles vivantes que pépé Serrault capture au bord de l'étang.
Amour qui tend sa sébile, amour qui s'éteint
Par un frêle matin, comme un papier peint
Qui serait fané à la lumière des années
Passé
Comme une évidence poignante, saignée
Au fond des entrailles, taillée en opales , une lame.
Seule, elle connait le secret de l'amour en larmes
Nié
La vérité, l'aridité, le coeur chagrin
Pas bonne à sentir, à repirer, même pas vraie
Refoulée dans chaque geste du quotidien, l'ivraie
Comme pour retrouver un passé si prés, si loin
Foulé
Faire semblant, s'accrocher à des lambeaux de peau
Se noyer dans des corps à corps, s'abandonner
A cri, comme en écho à la détresse, sonnée
S'avouer vaincue, absence du coeur et des mots.
Blette
Nèfle trop mûre qu'on ne peut se résoudre à laisser
Passé prégnant dans le verger originel
Creuset de leurs ébats, enfants,et miroirs d'elle.
Comme des langes de vie qu'on ne peut laver.
Muette
Le choix du silence pour éviter le chaos
Ne pas détruire tant, tant de temps composés
Futurs irisés, promesses d'éternité
Pour fuir un avenir coupable de mots ciseaux
Echoir
Refoulée sa douleur
Demain verra peut-être
Du bleu Véronèse naître
Un frêle cil du coeur
Tisonnier de l'espoir.