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Billet de blog 11 novembre 2011

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« Ici fut blessé Cendrars »

«Ici fut blessé Cendrars», c’est ce que ce dit tout bas Gisèle Bienne, écrivaine marnaise à la recherche des traces de la ferme de Navarin, là où fut lancée la grande offensive de Champagne en septembre 1915 qui coûta la vie à 140000 hommes, un coin historique…

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«Ici fut blessé Cendrars», c’est ce que ce dit tout bas Gisèle Bienne, écrivaine marnaise à la recherche des traces de la ferme de Navarin, là où fut lancée la grande offensive de Champagne en septembre 1915 qui coûta la vie à 140000 hommes, un coin historique…L’histoire est vivante dans notre territoire.Ici, pas un champ, pas un village, pas une forêt qui ne soient marqués dans leurs entrailles par cette première guerre ,guerre d’un genre nouveau, de type industriel, guerre totale qui allait broyer près de dix millions d’hommes devenus chair à canon, laisser des milliers de gueules cassées, de gazés, des milliers de veuves, d’orphelins et des survivants à jamais traumatisés, un monde brutalisé d’où allait renaître une forte volonté pacifiste illustrée par les peintres comme Otto Dix ou Marc Chagall, par les écrivains surréalistes, les poètes, les musiciens et toute une partie de la société discrète mais déterminée à faire de cette guerre, la Der des Ders, y compris chez les anciens combattants. « Une croisade doit donc aujourd’hui commencer dans le monde entier pour qu’une telle malédiction ne se transmette de génération en génération et prévienne dans l’avenir un nouveau conflit mondial. » Le béquillard meusien, mensuel de l’association des mutilés de la Meuse, novembre 1921.

Désormais le monde ne serait plus jamais le même. L’Europe perdait sa suprématie au profit des Etats-Unis, des révolutions surgirent des cendres de ce conflit et du désastre qui s’ensuivit et, dans une certaine mesure, certains pensent que les totalitarismes qui virent le jour dans la foulée purent trouver leur origine dans cette brutalisation des esprits.

Alors qu’un seul homme, fût-il président, mal inspiré, puisse vouloir transformer cette commémoration du 11 novembre 1918 et la dédier à la mémoire de tous les morts pour la France, au prétexte qu’elle n’évoque plus grand-chose puisque les derniers poilus ont disparu et qu’elle semble un peu oubliée, dixit André Kaspi sur France Inter ce midi, paraît simplement aberrant et relève encore d’une méconnaissance des enjeux de cette mémoire pour le monde ou d’une intention regrettable de vouloir banaliser la violence. Cette guerre occupe une place importante dans les programmes scolaires tant elle est déterminante pour la compréhension du XXème siècle et les Français le savent car c’est son souvenir qui fait vendre le plus d’ouvrages d’histoire en librairies et les mémoires familiales en sont très marquées partout en Europe et dans le monde jusqu’en Australie.

Faut-il supprimer le 14 juillet puisqu’il n’y a plus depuis bien longtemps de soldats survivants de la garde nationale ? La dimension universelle de cette commémoration était déjà évidente pour tous ceux qui s’intéressaient à l’histoire et Blaise Cendrars déjà l’affirmait : « J’avais été un des premiers poètes du temps à vouloir mener ma vie sur un plan mondial » La Vie Dangereuse.

Nul besoin de « réviser » l’Histoire encore et toujours… c’est plus fort qu’eux.

De la même façon que les buts de guerre étaient inavoués et ont conduit l’Europe et le monde dans le gouffre en 1914, on est en droit de se demander quels sont les « buts de guerre « de ce gouvernement incompétent. Peut-être est-ce simplement pour créer une polémique qui nous détournerait de l’évident constat de leur fiasco économique ou bien célébrer les guerres coloniales, ou bien faire oublier que la France est un grand pourvoyeur d’armes dans le monde ?

Gisèle Bienne, La ferme de Navarin, L'un et l'Autre, Gallimard, 2008.

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