Le porc, une ambition pour la France ou l’avenir du développement agro écologique versus Stephane Le Foll, ministre de l’agriculture invité des Matins de France Culture.
Il était question de PAC ce matin chez Marc Voinchet .
« L’Europe a construit tout son schéma avec des normes contraignantes. On ajoute des normes. On est incapable de penser un modèle agro écologique performant économiquement et écologiquement. « Les agriculteurs n’en peuvent plus des normes ». « L’Europe distribue de l’argent et dans le même temps veut contrôler sa distribution avec des règles de plus en plus difficiles à supporter. » Eurosceptique notre ministre, écolo altermondialiste ? Rassurons-nous, l’exemple pris ce matin pour illustrer ces accents de souverainisme est celui de la Directive nitrate et des zones vulnérables qui lui pose visiblement problème. « Je me bats pour faire comprendre que la performance économique n’est pas incompatible avec la performance écologique, faire comprendre que c’est possible de produire du porc en Bretagne ». « Je me bats pour faire évoluer les règles ».
Effectivement la France n’a de cesse de faire revoir à la baisse la Directive Nitrate sur l’eau qui la contraint à verser chaque année des pénalités auprès de l’Europe pour non-respect des normes et coûte au contribuable entre 1 et 1,5 milliard d'euros pour les traitements de dépollution afin que l'eau potable respecte les seuils réglementaires concernant les pesticides et les nitrates. 640 à 1.140 millions d'euros sont répercutés sur la facture d'eau, ce qui représente entre 7 et 12 % de cette facture.
Réviser à la baisse ces normes permettrait d’aller vers ce nouveau modèle agricole tellement réclamé par notre ministre, qui rêve de tant de porcs en Bretagne où la concentration de cochons à l’hectare est déjà la plus forte d’Europe et participe ainsi à la prolifération des algues vertes en période de chaleur. C’est peut-être que notre ministre considére que le verdissement de la PAC passe par les plages de Bretagne qui verdissent en été.
Il est assez symptomatique de constater que notre ministre prend comme problème de règlement européen cette question des nitrates et proclame qu’il y a une hypocrisie à préférer la stabulation plutôt que l’élevage ouvert et dans le même temps réclamer le développement des prairies vertes pour le maintien de la biodiversité. Il fait semblant de pas comprendre notre ministre ou bien ?
Les écologistes ne sont pas plus favorables à la stabulation qu’ils ne sont favorables aux aides européennes qui dans le cadre de la PAC favorisent les 20% d’agriculteurs les plus riches (80% des subventions plafonnées à 300 000 euros !) et ne pénalisera pas ceux qui ne respecteront pas les 3à 5% de surface d’intérêt écologique ( prairies et pâturages permanents) … Ils réclament une réforme de la PAC au service de l’emploi, de l’équilibre des productions et des territoires ruraux, de la préservation des ressources naturelles, et du rééquilibrage en faveur de l’élevage à l’heure où les prix des céréales sont largement rémunérateurs pour les exploitants.
Pour qui sait tendre l’oreille, la saillie de notre ministre sur les nitrates et les prairies vertes était révélatrice de la confusion savamment entretenue et mais aussi d’une vision non aboutie et libérale
Du PS autour de l’agro-écologie (et plus généralement autour de l’écologie) expression galvaudée au service du greenwashing à l’œuvre. Comme l’a justement souligné Brice Couturier, écologie et performance économique ne sont pas incompatibles. Les méthodes de Pierre Rabhi permettraient, on le sait ( FAO) ,de nourrir la planète . Ce petit moment de radiophonie a permis de faire sortir le loup de sa tanière : le vrai problème pour St Le Foll c’est les écologistes et les règles environnementales. On s’en doutait un peu…
A toutes fins utiles vous pouvez consulter le communiqué commun de l’organisation d’associations et syndicats bretons sur la réforme de la PAC, communiqué diffusé par l’assistant parlementaire de Yannick Jadot, eurodéputé EELV.
Un texte précis pour une ambition agricole claire et durable.