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Billet de blog 12 août 2009

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Le temps qu'il reste

Le héros meurt presque dans le verger sous les coups des soldats israéliens. Le silence de plomb est surveillé de prés par les grillons qui l'égrènent de leurs grésillements.Un milan plane sur la colline dans la nuit éclairée par la pleine lune. J'ai envie de me lever pour aller recueillir ce corps jeté, là, tout près, derrière le mur, derrière l'écran.

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Le héros meurt presque dans le verger sous les coups des soldats israéliens. Le silence de plomb est surveillé de prés par les grillons qui l'égrènent de leurs grésillements.Un milan plane sur la colline dans la nuit éclairée par la pleine lune. J'ai envie de me lever pour aller recueillir ce corps jeté, là, tout près, derrière le mur, derrière l'écran. Mais le vent se lève, l'écran flotte telle une voile hissée. Puis, le père va sans doute mourir dans sa voiture assis près du fils.Alors les organisateurs du festival décident de diminuer la voilure.L'orage menace.Il faut nous rabattre à l'arrière de la colline, sur les gradins de crainte de voir l'écran s'affaler sur les spectateurs.Le temps qu'il reste, c'est celui qui nous a manqué pour voir la fin de ce très beau film d'Elia Souleiman, projeté dans le cadre du festival de Lama, l'un des plus extraordinaires villages corses, où se tient chaque année depuis seize ans cette manifestation.A flan de colline, en plein maquis, nous avons pu vivre ce moment inénarrable, ce film à ellipses comme la mémoire du fils, une forme de résilience, pour désamorcer la peur, la douleur et la colère.Un film très coloré comme les dessins d'enfants, pour mieux rendre hommage à la lumière de cette terre, la Palestine, comme un démenti aux idées noires de ses survivants.Des couleurs qui aident à résister, pour éclairer le silence, le secret, ou encore, une façon de laisser deviner l'amour si difficile à transmettre sous la chape de la guerre.Un film drôle, parfois burlesque, comme si l'humour était l'ultime refuge avant la folie face à l'absurdité des hommes: un traité inique d'occupation de Nazareth est ainsi immortalisé par le cinéaste, en filmant en gros plan le postérieur du photographe en charge de la photo officielle, comme un pied de nez à l'histoire.

Un film enfin qui laisse un goût amer et prend une résonance particulière, sur cette terre corse si taiseuse, comme les héros du Temps qu'il reste, un écho aussi, à la complexité de leur histoire.

C'est un présent que le passé ne rejoint pas

Arrivés à la limite des arbres, nous avons réalisé que nous

n'étions plus capables d'attention

Et nous retournant vers les camions, nous avons vu

l'absence

Empiler ses objets choisis et dresser

Sa tente éternelle autour de nous

[...]

La nuit du hibou

Mahmoud Darwich La terre nous est étroite, Poésie/ Gallimard.

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