Cet été.
Un dimanche à la campagne style 1900 sans Sabine Azéma, sur les bords de Marne, à débusquer les rondeaux vertueux d'Eustache Deschamps, des brins de bourrache aux pieds des faux de Verzy, une hypothétique mer près d'un phare dominant la prétendue Montagne de Reims, des crus de Champagne millésimés au fond d'une cave. Un dimanche à bourlinguer entre les vallons, les vignes et les champs de moutarde au volant de ma puissante Fiat, flanquée d'un guitariste et d'un contrebassiste dilettantes, plus prompts à lever la coupe qu'à percer les mystères des énigmes soigneusement préparées par nos amis, pour ce jour de rallye. Un entablement renaissance qui devait nous éclairer nous conduisit ainsi à nous retrouver au bistrot du coin entourés de légionnaires qui devaient marier l'un de leurs coreligionnaires à une vigoureuse vigneronne, tout droit sortie d'une brassée de géraniums comme il en fleurit si bien dans ces villages, à fleur de cours cimentées de crainte que les mauvaises herbes ne soient un jour tentées...Déjà, nous sentions une poussée de légionellose qui nous incita à aller explorer plus loin ce charmant bled, et sur les traces d'une citation nous croisâmes incidemment un individu déguisé en Tyrolien qui sortait d'un parc où avait lieu un vaste rassemblement à la gloire de la renaissance catholique sur les traces de Clovis...Il en sortait de partout, nous étions tombés sur un nid, et même s'ils portaient beau, le chapeau, ils étaient tout de même reconnaissables à ce petit rien, un je ne sais quoi de fond de couille...Que Dieu me pardonne l'expression! Ca sentait la croisade et nous finîmes par percer les mystères de l'habitat urbain à Chatillons- sur -Marne , là où siège la statue du vénérable pape Urbain II, visite dont vous pouvez vous dispenser sauf à vouloir entonner l'Internationale, le poing levé, un peu à la façon dudit pape, juste pour la photo! Un dimanche à la Renoir,à se laisser couler dans la convivialité sous la canicule marnaise entre les allées de platanes et les étangs bordés de nénuphars, à juste se demander comme Pablo Neruda, Pourquoi le coeur de la cerise est-il si dur en sa douceur?Est-ce parce qu'il doit mourir ou parce qu'il doit subsister?( Le livre des questions) ou bien, Quelle monarchie d'Occident arbore un drapeau de coquelicots? Un dimanche qui finit forcément par un repas dans la chaleur des amis. Entre salade de quinoa au tofu et lasagnes aux épinards toujours soigneusement arrosés de champagne, dégusté en aveugles, juste pour le fun, j'ai demandé à mon amie où elle partait cet été. « Je vais passer quelques jours à la clinique pour me faire enlever un cancer du sein » Mince. Comme ça, entre le fromage et le dessert.
Depuis une furieuse envie de mobylette ne me quitte plus. Je jouerais le rôle de Massimo Troisi dans Le Facteur, je sillonnerais à toute allure les falaises avec ma mobylette-même si, lui, les gravissait à vélo- jusqu'à son havre d'amour, tout en haut de la montagne et chaque jour, je lui apporterais les lettres d'amour du monde entier, à ma Cathie, pour rompre son exil, afin qu'elle sache comme nous l'aimons et je déposerais dans sa boîte aux lettres ces extraits de poème de Pablo .
Notre vie n'est-elle un tunnel
entre deux clartés imprécises?
Où serait-elle une clarté
entre deux triangles obscurs?
Il fut si beau de vivre quand tu vivais! ( Final, La mer et les cloches)
Billet de blog 16 novembre 2008
Mobylette
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