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Billet de blog 18 février 2009

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En fanfare

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

C'est la lecture de l'article de P.Puchot sur le cinéma israëlien qui m'a donné envie de publier cetet note que j'avais écrite au printemps 2008.

Il est des régions où l'on finit par croire que le printemps n'arrive qu'aux autres.Hier, il pleuvait, aujourd'hui, il pleut et demain, il pleuvra encore, c'est la conjugaison qui l'impose!Alors une soirée ciné, c'est tout ce qui nous reste. Vous l'avez peut-être vu,vous aussi, il s'agit de La visite de la fanfare. Tout le charme de ce film est concentré dans la moustache burlesque et l'oeil d'iguane du vieillissant Tewfiq, chef d'une fanfare de police égyptienne qui va s'égarer en territoire israélien. Il tente éperdument d'asseoir son autorité sous sa casquette en se drapant dans son uniforme bleu méditerranée.Face à lui, le jeune Haled à la beauté insolente multiplie les velléités de rébellion et de séduction sur un air envoûtant de Chet Baker: My fanny Valentine...Entre eux, l'inattendue et inespérée Dina à la chevelure féline, aux lévres prometteuses, affiche son insoutenable légèreté qui force à l'espérance dans ce désert de solitudes et d'incommunicabilité. Il y a des scènes mythiques dignes des Tati ou des Chapline, comme celle où Dina se pare de sa mèche brune pour mimer un moustachu et dérider Tewfiq qui ne lui accorde alors qu'un sursaut primesautier du sourcil et lui confère encore une plus grande dignité désarmante.Il y a celle qui se déroule dans une patinoire, sorte de salle de bal, où Haled donne une leçon d'approche amoureuse à un profane par procuration: les mains s'emmêlent à la Chapline comme des couverts de table. Il y a un peu de Tati chez Tewfiq, peut-être par ses silences.Les silences sont d'ailleurs criants dans ce film comme une façon de permettre la communion des hommes vers un avenir aussi éphémère qu'un concerto inachevé. Et puis l'attente,l'attente, l'attente d'on ne sait quoi. On aimerait qu'elle crève dans un éclat de cuivre qui ne viendra jamais. Pourtant le réalisateur, Eran Kolini n'en fait pas des hommes désespérés, ils sont juste dans une forme de désespérance à la Comte-Spomville.C'est extraordinaire d'avoir réussi un film aussi drôle et grave à la fois, comme une sorte d'allégorie entre le rire et les larmes, sur l'absurdité de ce monde déchiré.

«Je pense que le cinéma israélien a tiré la leçon du cinéma iranien, analyse Ariel Schweitzer: "Plus on est local, plus on est universel": à lire dans l'article de P.Puchot à la Une de ce jour sur médiapart.

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