“Où allons-nous? Les clients du café du Commerce se le demandaient comme ma grand-mère dans sa jeunesse, avec une éloquence aidée par les alcools. Les humoristes en riaient bien. Et pourtant nous y sommes allés; et même plus loin qu'ils ne se le disaient sans le croire eux-mêmes; nous n'y allons plus; nous en revenons.
Où allons-nous? Le poids de la question dépend de la densité de celui qui la pose.Si M.Dupont demande “De quoi s'agit-il?”, il se fait prendre pour un ahuri; sic'est le maréchal Foch c'est parole de grand homme. On lui en fait une auréole. Il y a des banalités de 2ème classe et desbanalités galonnées.” 11 octobre 1955
Alexandre Vialatte, Chronique des choses grandes et magnifiques, Morceaux choisis. Edition Hors collection.
Déjà, nous nous inquiétions en 2008 de la politique de N.Sarkozy: où allait-il , le savait-il seulement? On nous prenait pour des abrutis, comme en témoigne cet extrait choisi hier par Edwy Plenel au Grand Jouranl de Canal+ ( voir l'article Copé appelle à la grève générale à la Une de ce jour sur Médiapart)dans lequel Alain Minc, grand spécialiste économique et grand conseiller de l'Eternel, assurait que la crise , c'était dans les têtes qu'on la trouvait et qu'il n'y avait pas plus de crise économique en vue qu'il n'y avait de risues pour les banques...Et pourtant, « nous y sommes allés » et ils n'en reviennent toujours pas de leurs théories sur le capitalisme libéral puisqu' J.F.Coppé, copain comme cochon avec le précédent, taxait hier, en réponse à B.Hamon sur le plateau de ladite émission, toute tentative de régulation des licenciements de bolchévique! Lequel est le plus ringard, le plus ahuri?Par ailleurs, il s'est défendu des grossières erreurs récentes de sa bande en louant les vertus de l'homme politique qui sait les reconnaître. Et bien il y a de quoi occuper toutes les chaînes de télé pendant des lustres et on espère pour les Français que l'Homo politico UMPetus ( lisez impetus) ne saura se contenter de ce rôle de deuxième classe au risque de ressembler à la grand-mère d'Alexandre Vialatte : « Où allons-nous? Ma grand-mère en était fort curieuse. Elle se le demandait souvent. En même temps, elle levait les deux bras vers le ciel. Ensuite, elle hochait la tête et revenait soulagée, de l'abîme entrevu, car elle se jetait dans la conversation avec une passion décuplée. »
« Où allons-nous? Si j'en crois les affiches, nous allons aux galeries du Progrès réuni parce qu'on en revient comblé d'acquisitions qui sont autant de cadeaux d'un marchand philanthrope;[...]. »
A.Vialatte.