En ces temps si sombres pour l'identité sans cesse écorchée et réduite en oripeaux médiatiques, cet extrait de poème de Mahmoud Darwich, Contrepoint, Comme des fleurs d'amandiers au plus loin, Acte sud. En sourdine Abed Azrié ,Certitude.
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Sur le vent, il marche. Dans le vent,
il sait qui il est. Nul toit au vent.
Ni demeure. Et le vent est une boussole
Pour le nord de l’étranger.
Il dit : Je suis de là-bas. Je suis d'ici
et je ne suis pas là-bas ni ici.
J'ai deux noms qui se rencontrent et se séparent,
deux langues, mais j'ai oublié laquelle était
celle de mes rêves.
J'ai, pour écrire, une langue au vocabulaire docile,
anglaise
et j'en ai une autre, venue des conversations du ciel
avec Jérusalem. Son timbre est argenté, mais
elle est rétive à mon imagination !
Et l'identité ? je dis.
Il répond : Autodéfense...
L'identité est fille de la naissance. Mais
elle est en fin de compte l'oeuvre de celui qui la porte, non
le legs d'un passé. Je suis le multiple... En moi,
mon dehors renouvelé... Mais
j'appartiens à l'interrogation de la victime.
N'étais-je
de là-bas, j'aurais entraîné mon coeur
à y élever la gazelle de la métonymie...
Porte donc ta terre où que tu sois…
et sois narcissique s’il le faut.