ANTROPO SCENE.
Quel rapport entre le moustique tigre et un banal canard en plastique jaune, entre la NASA et une entreprise asiatique de pneus, entre le pot de fleur de mamie et les écoulements sous glaciaires non pas de ladite grand-mère mais du Groenland, entre les gyres océaniques qui emprisonnent des milliers de déchets plastiques et une combinaison de spationautes, un pêcheur inuit non anglophone et un automobiliste sur une aire d'autoroute Valence-Lyon, un coiffeur chinois et les Vikings ??? Un vecteur humain, Frédéric Ferrer un artiste fana de cartographie, de Powerpoint, de diagrammes, de tableaux et autres privautés de géographes qui, le temps d’un spectacle décapant, drôle, intelligent et très scientifique, nous aide à prendre conscience des bouleversements en cours dans notre biosphère. Les déterritorialisations du vecteur, suivi de A la recherche des canards perdus, deux performances cartographiques proposées par le Manège de Reims qui font office d'ouverture de l’édition Reims Scènes d’Europe ( www.scenesdeurope.eu) .
Ainsi, on y apprend que la NASA cherche désespérément ses canards pour valider la thèse de l’anthropocène ( je vous le fais court) et que l’aedes albopictus ( petit nom de moustique tigre, un peu ce que la FNSEA est à l'avenir de l' agriculture) vecteur de la dengue et du chikungunya remonte lentement mais sûrement le long de la vallée du Rhône ( pour savoir dans quel sens, il vous faut assister au spectacle), de quoi alimenter nos frayeurs. Une démonstration hilarante de l’absurdité de notre société qui se perd dans des méandres d’hypothèses alors que l’évidence est là sous nos yeux…
En contrepoint, ne reste plus alors qu’à savourer notre impuissance autodestructrice à travers l’art . Hum, hum, un bon repas proposé à l’entracte par la designer culinaire Julie Rothhan et les élèves du lycée Gustav Eiffel : supions en eaux troubles, flipper versus marée noire, déforestation terre aride et en dessert, disparition du teddy polaire ( ours chocolat sur banquise meringuée)…
Une soirée digne de l’anthropocène à mettre dans toutes les bouches surtout celles des jeunes afin qu’ils conscientisent correctement leur avenir sans illusion , aucune.
Plusieurs hypothèses s’offriront alors à eux :
- Ils nient le réchauffement climatique et se fichent comme d’une dengue de savoir où sont passés les canards de la NASA.
- Ils nient le réchauffement climatique mais aiment quand même beaucoup les canards et vous demandent où ils sont passés, ce à quoi la loi vous autorise à leur répondre : « dans ton coin ! » (citation de l’artiste).
- Ils ne nient pas le réchauffement climatique et vous leur conseillez de lire l’excellent article de Michel De Pracontal sur Médiapart, La machine à fabriquer du doute http://www.mediapart.fr/journal/international/161113/climato-sceptiques-les-dessous-de-la-machine-fabriquer-du-doute?page_article=2
- Ils ne nient pas le réchauffement climatique et craignent les piqûres de albo (encore un diminutif, il faudra en trouver d'autres car ils vont être de plus en plus nombreux) et on s’en fout à l’image des représentants des Etats à l’œuvre en ce moment dans le cadre de la 19eme conférence sur le climat en Pologne…
- Pour toutes les autres hypothèses, consulter encore les experts…
Le grand soir de l’Anthropocène, Manège de Reims , ScèneNationale :www.manegedereims.com
Frédéric Ferrer,Les déterritorialisations du vecteur, Pôle Nord, A la recherche des canards perdus... Production www.verticaldetour.com