« Notre tâche est de dépasser l’illusion de notre séparation. » Thich Nhat Hanh
L’homo urbanus n’est pas coupé de la nature, il en est dépendant même s’il entretient avec elle une relation spécifique. Les philosophes et penseurs de la renaissance nous avaient déjà fait une piqûre de rappel tout comme Rousseau et plus tard les Romantiques. Mais décidément nous n’en avons pas fini de notre relation ambivalente à la nature, à cette « terre-mère » avec laquelle nous essayons de couper le cordon. A mesure que l’urbanisation et la virtualisation semblent nous éloigner de plus en plus de la nature, la campagne nous apparait souvent comme l’Eden perdu comme en témoignent les nombreuses émissions qui fleurent bon le terroir et une campagne sous cloche, « une nature arcadienne du loisir et du tourisme » décrite par Michel Serre( 1). Notre cerveau reptilien , siège de nos fonctions vitales a réellement besoin d’air , d’eau, et d’aliments et si notre néocortex peut faire comme si et nous conduire en pensées vers des paysages de rêve qui suscitent l’apaisement dans des séances de relaxation ou de sophrologie, c’est que nous avons déjà vécu des expériences similaires dans le monde réel . « Un être qui se contenterait de vivre de souvenirs a toutes les chances de sombrer dans la dépression d’après Marie Romanens neuropsychologue(2). Mais la nature est menacée, ce jardin du monde multiséculaire a besoin de notre attention bienveillante
. « Chaque jour et partout, les agriculteurs font face aux mêmes menaces que sont les monopoles sur les semences, la distorsion des prix et un système d’agriculture non durable. Le moyen de résister c’est « reste sur ta terre, défends ton patrimoine et ta souveraineté alimentaire, ta souveraineté sur les graines » Vandana Shiva, écologiste, docteur en sciences et féministe indienne. L’accaparement des terres par les pays émergents, les pays pétroliers, les fonds d’investissement pour les besoins des agro carburants et des cultures d’exportation, ont un impact sur les pays du Nord et sur les zones urbaines car les petits paysans qui représentent ½ milliard d’exploitations nourrissent 2 milliards d’hommes et sont les acteurs incontournables pour répondre aux enjeux agricoles alimentaires et environnementaux de demain. Ils sont plus résilients aux changements climatiques et ce sont eux qui freinent la déforestation massive, qui protègent la biodiversité, qui réduisent la pollution des nappes phréatiques et des sols… De belles expériences de productions locales bio se multiplient partout sur tous les continents , c’est ce que nous montre Marie- Dominique Robin dans son documentaire. www.arte.tv/fr/les-moissons-du-futur/6815836.html. Notre destin est lié à celui des petits producteurs, nous n’en avons sans doute pas toujours conscience.
Mais notre lien à la nature va bien au-delà de la nécessité alimentaire, « toucher la nature, c’est sentir l’éternité » selon David Le Breton, anthropologue et sociologue( 2). C’est renouer avec l’espace, le temps, le silence, les sens, l’humilité et le beau. C’est renoncer à l’esprit dominateur qui régit nos sociétés occidentales,c’est revenir à une relation sensible à une époque où les connexions virtuelles réduisent les autres capacités d’expression ( regards, gestes…)( 3).
C’est tout le sens de la rencontre que propose CAMédia aux Amanins avec Pierre Rabhi, agriculteur philosophe qui « a fécondé des terres poussiéreuses » selon Yehudi Menuhin. Il s’y entretiendra de l’avenir de l’homme et de la planète dans une rencontre inédite avec Edwy Plenel, cofondateur de Médiapart, défricheur inlassable de l’information sur les terres poussiéreuses de la démocratie. La rencontre de deux esprits soucieux de faire reculer le monde de l’argent, de la corruption et de redonner leurs droits aux plus humbles.
« La nature n’est aveugle et indifférente qu’à ceux qui ne l’écoutent pas » Pierre Rabhi.
Allons écouter ensemble, c’est ici : http://blogs.mediapart.fr/edition/camedia/article/190313/vivre-autrement-eduquer-autrement-rencontre-aux-amanins-les-20-et-21-avril 1) Article Plus vrai que nature Telerama n° 3293 Virginie Felix 2) Article Clés Juin Juillet 2012. 3) Pierre Rabhi, Le chant de la terre., Rachel et Jean-Pierre Cartier, La table Ronde , 2012.