
Film documentaire d'une force émotive poétique rare sur la fin d'un monde, celui des éleveurs européens, celui d'Henri l'un des acteurs de ce drame qui sillonne inlassablement l'Europe en compagnie du réalisateur J.J.Andrien pour témoigner et débattre dans les salles obscures depuis la sortie nationale du film le 13 août 2014. Un éleveur parmi des milliers qui pleurent des larmes de lait sur leur terre nourricière. Voilà qu'ils refusent de fruit de la maternité de la déesse-mère: c'est le chaos , celui généré par la révolution agricole à l'oeuvre sous le joug de la mondialisation et de la PAC européenne qui dérégulent progressivement le marché du lait pour le plus grand profit de l'industrie agroalimentaire qui étend son linceul blanc sur ces grands hommeset ce grand paysage. Le film est tourné en Belgique au pays de Herve à la frontière entre Pays-Bas et Allemagne, mais sa portée est européenne.
J.J.Andrien a su filmer dans de longs plans fixes à la Depardon des visages graves, marqués, façonnés par le labeur , métaphores de ces beaux paysages dont le sfumato à la Vinci nous ferait presque oublier qu'il ne s'agit pas d'une fiction. C'est une oeuvre majeure qui rend toute leur dignité et leur noblesse à ces hommes et ces femmes amoureux fous de leur métier,soucieux de la transmission, qui forcent le respect par leur conviction et leur courage.ICes paysans ont mal à leur vache et il est grand temps de les écouter car ils savent remarquablement parler de leur devenir dans une conscience populaire très professionnelle et argumentée. Ils nous invitent à repenser la place de l'alimentation dans nos sociétés. La reconquête du modèle agricole passe certainement par celle de nos assiettes et la valeur que nous accordons à l'aliment, fruit d'un travail patient, ce que nous avons fini par oublier dans nos sociétés ultraurbaines. La vache perdue au milieu de nulle part, en pleine ville sous la neige est un peu une allégorie de la crise du monde agricole européen: nous avons perdu le sens des communs . Nous avons à gérer en partage la terre, l'eau , l'air dans un respect de certaines valeurs qui existaient encore il n'y a pas si longtemps dans les campagnes: la solidarité, l'amour du travail, le respect de l'animal et de l'homme... c'est ce dont témoigne le dernier portrait paysan du film.
Loin du pessimiste, J.J.Andrien nous offre plutôt un vision nuancée teintée d'espoir à travers la chronique des réunions et manifestations des éleveurs pour défendre leur métier et leur territoire.
Ils croient en la puissance de leur mobilisation et nous interpellent à travers leurs regards comme autant de consommacteurs que nous sommes, capables de leur apporter notre soutien et de faire barrage avec eux aux projets mortifères de la Commission européenne en particulier avec le projet TAFTA .
Un monde qui fait pleurer ses paysans ne fait plus société.
Soyons solidaires et participons à la mise en place de modèles alternatifs.
Faire circuler le film dans toutes les salles ( contact associations/réseaux: philippe.hague@gmail.com 06 07 78 25 71)
Henri Lecloux, agriculteur très engagé du film vient d'écrire une lettre ouverte au président de la commission européenne qui sera mise en ligne sur ce blog prochainement ainsi qu'une pétition citoyenne. (Henri Lecloux, Centre 42/2 4890 THIMISTER)
Le réseau APLI ( Association des Producteurs de Lait indépendants) commercialise en France un lait en circuit court .