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Billet de blog 21 juillet 2015

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La nostalgie heureuse !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Cette nuit, incapable de dormir, j'ai attrapé le premier livre qui me tombait sous la main et me suis plongée dedans. Il s'agissait de la Nostalgie Heureuse d'Amélie Nothomb. Alors c'est sûr que je ne suis pas toujours la plus grande de ses fans mais pourtant, je ne manque jamais d'acheter chacun de ses livres, par goût, habitude, je ne sais pas trop à vrai dire ou plutôt si par obsession des collections. J'aime avoir tous les livres du même auteur, c'est comme une boucle parfaite. Bref.

Ce livre, très étrangement, m'a réconciliée avec son style. Je ne sais pas si la fatigue en est responsable, me rendant plus perméable, ou s'il était vraiment bien. Je n'en sais rien. Toujours est-il que je me suis laissée portée par l'histoire, la manière si particulière qu'elle a de poser ses mots et en un rien de temps, je l'ai fini. Je l'ai adoré.

Amélie retourne au Japon pour faire un reportage télé sur les pas de son enfance. Elle raconte les traumatismes de son enfance qu'elle met en parallèle avec ceux qu'elle a vécu adulte. Tout tourne autour du Japon, le moment où elle le quitte et y revient.

Le passage où elle décide de changer sa vision des choses est totalement bouleversant. Ca m'a fait ramenée à l'histoire du verre qui est plein d'eau et d'air à la fois et à l'importance du regard que nous portons. Elle ne reconnait plus rien du Japon alors plutôt que de se focaliser sur ce qui a changé, elle décide de se laisser aller vers ce qui n'a pas changé. Les odeurs la possédent à nouveau, le silence lui apppartient, ... C'est indicible mais c'est encore là et ces petits riens lui rendent le Japon. Il est à nouveau sien et elle elle devient double, à la fois enfant et adulte qui redécouvre.

«Et soudain, je tombe en pâmoison, le mot n’est pas trop fort. (…) La voix étranglée par l’émotion, je balbutie: Les caniveaux et les égouts n’ont pas changé. Cette déclaration grandiose ne provoque aucune réaction. L’atonie polie de mes accompagnateurs signifie que j’ai dit une chose dénuée d’intérêt. Et je comprends que le sentiment le plus violent, le plus profond, le plus vrai, éprouvé en cette matinée de pèlerinage, est tout simplement vide de sens.»

Le titre du livre est intéressant. Il part d'une boutade. Une traductrice utilise un autre mot pour dire ce qu'elle ressent. Elle comprend que deux nostalgies existent. Il y a la nostalgie empreinte de souvenirs heureux que les japonais nomment «natsukashii». Il y a la nostalgie pleine de tristesse qu'Amélie ressent au début du livre et que les japonais ne connaissent pas alors, pour la nommer, ils ont choisi un mot quasi anglais.

Durant ce voyage entre son passé et le présent, Amélie se transforme doucement. On sent le voyage initiatique, les étapes certaines dans l'indifférence, d'autres dans une douleur infinie. On assiste à la naissance d'un magnifique papillon qui ne ressent plus que la nostalgie heureuse. Elle est au bord d'une autre vie. Il n'y a qu'un pas et elle le fait avec une sincérité et une simplicité émouvante. Elle devient ce qu'elle doit de manière très humble.

Il y aurait beaucoup d'autres choses à dire sur ce livre, je pourrais vous expliquer qu'il est un régal pour les sens, un exemple de stoïcisme, ... mais je préfère vous laisser le plaisir de le découvrir.

A lire très certainement.

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