Il s’agit d’une parole humaine, sincère, touchante, parfois violente dans le cadre des écritures du réel. Cette pièce de théâtre documentaire nous
plonge dans l'intime de femmes, de morceaux de vie partagés en toute confiance pour un témoignage des générations passées mais aussi futures.
Nous sommes très loin d'un modèle préfabriqué, empreint de fausse réalité, ici on ne ment pas, tout est vrai (sous couvert d’anonymat, pour plus de discrétion face à certaines situations complexes). Ces femmes-là nous disent le monde d’aujourd’hui et d'hier, le regard tourné vers l’avenir, à travers leurs vies, leurs expériences, leurs aventures, leurs failles. Ce texte est créé à partir de matières orales, journalistiques. Entre septembre 2024 et janvier 2025 à Nice, des centaines de femmes ont été interviewées, ces interviews ont été transformées en tapuscrit puis reformées en fragments pour en sortir la substantifique moelle. De fait nous entendons et découvrons sous le couvrant, des discours bruts, des voix différentes et un vrai lâcher-prise.
Ainsi en résulte une œuvre réellement expressive, spontanée et terriblement vivante. Cette pièce est tel un long monologue intérieur, un dialogue à soi-même, composé d'une seule voix pour une multitude de femmes et d'histoires. Les fragments sont fidèlement reconstitués, la parole est pure,
intime, implacable, sans fard, brutale, sincère. Sans travestir les propos, plusieurs histoires ont été construites avec plusieurs couches incohérentes
mais étrangement logiques, agencées pour ne former qu'une seule trame, alternant passé, présent et futur. Ces femmes sont devenues une. Une seule voix pour plusieurs femmes. Une seule histoire de femmes. Faire sens où il n'y a pas de cohérence. Une histoire commune, la vie. Ce sont des personnes se définissant en tant que Femmes, d’origines sociales différentes, de différentes cultures, de différents âges, avec des parcours de vie truculents, parfois étranges et surprenants.
Ce sont des femmes d'ici, de France, d’Europe, du monde. Des êtres humains qui essaient de donner un sens à l’incohérence de leurs vies ou pas. L'une d'entre elles nous dit que raconter son histoire, c'est avoir une histoire commune avec les femmes du monde.
''Je suis toutes ces femmes, nous sommes le monde !''
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Un extrait :
« 12 - La vie a brisé mes bras au moment où je prenais mon envol. Et puis il y a eu la descente, les douleurs horribles, l’opération, la paralysie, et la rééducation. On m’a dit que je resterai handicapée. Pas de conditionnel, ils étaient certains que mon présent sera mon futur proche et lointain. Je ne croyais pas au miracle mais j’ai décidé de me battre quand même, on ne sait jamais. J’avais projeté un idéal de liberté qui se résoudrait forcément quand je retrouverai l’usage de mon corps. Mais ça n’a pas du tout été le cas. L’accident ça a tout fait éclater. Ça a éclaté dans mon corps, dans ma vie et dans beaucoup de mes relations. Quand je suis saoule, je me raconte, je me justifie, au point que c’est comme si je faisais mon procès. Un procès qui demande à l’autre si j’ai raison de continuer. Je n’ai jamais compris, si j’étais victime ou responsable de tout ce qui était arrivé. Au lieu d’accepter que je suis les deux, je demande toujours : ''est-ce que c’est grave ?’' Est-ce que c’est grave de les avoir laissés être aussi cons, sans hurler, sans hurler non ! Et hurler leur médiocrité face à des gestes qu’ils ne devaient peut-être même pas comprendre ? Quand je bois, j’en balance des hasthags, pas sur internet mais dans le vide ! Mes porcs c’est eux ! Je les balance certains soirs pour construire une armée qui me défendra un jour. Le lendemain, c’est la journée de la honte.
13 - C'est ma mère qui a choisi mon prénom car ce jour-là, mon père devait cuver son vin derrière une fenêtre rue droite, il était mon père, il
savait jouer de la ceinture... et puis on est partis ma mère, mes trois sœurs, mes deux frères à l'aide de l’assistante sociale, on habitait à l'Ariane, notre terrain de jeu était la colline du cimetière. Tout était cool, sans la ceinture de mon père. C'est loin tout ça. Mon compagnon est un bon papa, ne boit que du coca et il est croque-mort. Le soir, on se raconte nos journées. Les miennes sont remplies de tâches domestiques, de rires et de cris d'enfants, d'histoires de mamans au petit jardin, les siennes sont remplies d’histoires morbides et parfois anecdotiques. On rit, on pleure, on s'aime, ce train-train me convient parfaitement à l'abri du monde. On arrive à se protéger en limitant la télé, internet et les journaux qui nous polluent la tête d’actualités tristes et cruelles... et pourvu qu'on y arrive longtemps… »

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