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Billet de blog 16 août 2015

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Crise du porc à Plérin : Quand une coopérative décide de ne plus rémunérer les paysans !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Alors que le coût de production du porc se rapproche d'1,6 €, que le prix payé au producteur s'est stabilisé autour de 1,40 € (après une chute de 25% au cours du premier trimestre), une coopérative et un opérateur privé annoncent qu'ils cessent d'acheter à un prix qu'ils considèrent comme trop élevé comparé à ceux pratiqués par nos voisins européens. Cette entente entre deux opérateurs n'a qu'un seul objectif : faire baisser des prix. On se demande dans ces conditions quelle est leur vision de l'avenir de la filière, quel message ils envoient aux paysans et quelles perspectives ils leur donnent ?

Le marché au cadran est un outil maintenant dépassé pour confronter l'offre et la demande : c'est un marché qui a pour effet de rapprocher les cours intérieurs des cours mondiaux. Par ailleurs, la Confédération paysanne combat l'idée trop souvent répandue que l'avenir est aux grands élevages : leur coût de production n'est pas plus bas. La recherche de la compétitivité par la taille est un leurre, c'est une autre politique qu'il faut mettre en place. Enfin, cette crise n'est pas que française : même avec un coût de revient inférieur de quelques centimes, les éleveurs allemands, espagnols ou danois souffrent et sont lourdement endettés.
La Confédération paysanne demande qu'un travail structurant soit organisé pour la filière porc autour de cinq axes majeurs : travailler à une méthode de fixation des prix permettant une couverture des coûts de production ; réorienter les productions au plus près de la consommation, mettre en place une stratégie de développement de la qualité des viandes ; mettre en place une stratégie de substitution aux importations (1,59 milliards d'€ de viande de porc importée en France) et enfin, mettre en place des mesures de prévention des crises qui permettent un ajustement de l'offre à la demande. A court terme, les pouvoir publics n'ont d'autre choix que d'ouvrir l'intervention publique de manière à encadrer une production européenne qui a très fortement augmenté ces derniers mois.

Et aussi :

LaCOOPERL condamnée 

Jugement du 2 juillet 2015. Trois salariés de la COOPERL ont été condamnés  pour faux à des peines de prison avec sursis, deux à 4 mois, le troisième à 24  mois. L’entreprise coopérative a pour sa part écopé de 150 000  euros d’amende pour  usage de faux, s’ajoutant aux 2,9 millions d’euros  d’avoirs saisis lors de l’enquête préliminaire et correspondant au montant de la fraude et doit verser 60 000 euros aux associations de consommateurs  UFC-Que Choisir et CLCV, parties civiles, au titre du préjudice porté à l’intérêt des  consommateurs  pour “escroquerie, mise en danger de la  vie d’autrui, tromperie aggravée sur  de la marchandise entraînant un  danger pour la santé humaine et faux et usage de faux, afin d’obtenir un  régime préférentiel à  l’exportation”

Auchan informe les consommateurs par un communiqué du 11 août 2015 :

L’établissement Cooperl Arc Atlantique informe qu’un contrôle microbiologique a

mis en évidence la présence de

 Listeria monocytogenes dans le produit suivant :

Le produit est retiré de la commercialisation.

Morale de l'histoire : la Cooperl, qui n'a de coopérative que le nom et dont  le“statut ne vaux pas vertu” (voir le blog de Michel Abhervé du 16 juillet 2015 pour Alernatives économiques. Accueil du blog) est une entreprise aussi malfaisante en matière de politique sociale (Saint-Brieuc. La Cooperl condamnée pour un licenciement ...) et de santé publique, que nuisible pour les éleveurs (les 2700 adhérents) qui dépendent de son bon vouloir, et qui n'ont pas visiblement tous les mêmes intérêts, ceux des uns (les dirigeants) faisant tout pour éliminer les autres, comme une lutte des classes qui ne dit pas son nom. Et comble du mépris, la Cooperl pratique la politique de la "chaise vide", en s'abstenant de participer lundi 1- juillet à la réunion organisée par le ministère de l'agricultue pour dénouer (à court terme) la crise du marché du porc.

Il est temps que les agiculteurs le comprennent, plutôt que d'entretenir l'illusion d'une "unité paysanne" trompeuse et suicidaire, si ce n'est skyzophrène.


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