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Billet de blog 3 septembre 2020

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Vivre-ensemble, Utopie ou nécessité….

La question du vivre-ensemble n’a jamais vraiment été abordée en tant que problématique dans le débat public, avant les années 90. Ce terrain était occupé par des questions d’ordre social, économique et politique, mais pas directement par notre capacite à vivre ensemble.

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La question du vivre-ensemble n’a jamais vraiment été abordée en tant que problématique dans le débat public, avant les années 90. Ce terrain était occupé par des questions d’ordre social, économique et politique, mais pas directement par notre capacite à vivre ensemble.
Cette thématique apparait, de plus en plus régulièrement, dans le discours politique et institutionnelle, en contrepoint du débat sur l’identité nationale, comme une réponse à cette implicite injonction.
Le Vivre-ensemble a, de fait, été également associé à des questions d’urbanisme, notamment à travers la remise en question des grands ensembles, leur implantation non inclusive dans des territoires laissés à l’abandon, la disparition d’une mixité sociale au sein de ces territoires. De nombreuses problématiques sociales découlent, en effet, de l’existence de ces grands ensembles : relégation sociale, enclavement spatial, phénomène de délinquance et de criminalité, concentration de problématiques sociales comme la précarité, le chômage, etc.…
Dans une tout autre dynamique, des groupes d’habitats communautaires aux abords de Rio et de Kyoto, se sont développés autour des notions de solidarité et souci écologique dans les années 90 et 2000. Dotées de dispositifs privilégiant la basse consommation énergétique, de capteurs solaires et de jardins partagées, ces habitats avaient une vocation résolument sociale, reposant sur le vivre-ensemble.
Des eco-quartiers, tournés vers la durabilité et l’ecoresponsabilité, ont aussi vu le jour en France, avec une attention particulière au mieux vivre-ensemble. Communautés de destins et militantisme de proximité ont permis de consacrer l’échelle locale comme étant celle du changement grâce à l’empowerment citoyen et à sa capacite de changement, dans une dynamique participative et collaborative.

Ces initiatives ne représentent certes pas une solution absolue aux externalités négatives que sont les phénomènes populistes qui traversent l’Europe, ou à l’accentuation des repli communautaires et identitaires, autant de freins au vivre-ensemble, mais elles apportent néanmoins , dans leur élan solidaire, des éléments de réponses sur ce qu’il serait éventuellement possible de mettre en œuvre, avec efficacité, à une toute autre échelle.

Communauté de destins

Si la question du Vivre-ensemble se pose aujourd’hui avec une telle acuité, c’est en raison d’un délitement du lien social et d’un esprit de corps qui avait été entretenu jusqu’alors par les grandes mobilisations associées aux mouvements de masse du siècle dernier. Cet esprit d’appartenance a une même classe a été peu à peu supplanté, dans la défense des idéaux, par des revendications spécifiques portées par des communautés, communautés perdant elles-mêmes de plus en plus la capacite a converger vers une même problématique transversale.
L’autre concept qu’interpelle la notion du Vivre-ensemble est celui du melting-pot, concept anglosaxon, qui peut tout à fait s’appliquer au contexte post-colonial français : la réalité française est-elle celle du melting-pot intégrant chaque individu dans son idéal égalitaire républicain ou celle du Salad-bowl, autre concept anglosaxon, dans lequel tels les ingrédients d’une salade, les communautés se côtoient mais ne se mélangent pas…
Au-delà de la seule dimension territoriale, la communauté renvoie à l'idée d’identité collective, d'appartenance à un groupe social ou à la revendication de cultures spécifiques sur lesquelles se fonde un lien social. La communauté est donc, en cela, un des rouages essentiels du vivre-ensemble.
A l’inverse du communautarisme qui cristallise l’étroite fusion qu’une communauté peut entretenir avec un territoire donné, qu’il soit matériel ou immatériel, la communauté reste un outil, qui n’est en soi ni bon ni mauvais. C’est l’usage qui en est fait, qui est déterminant.
Dans les pays d’Amérique du Sud, les communautés, communidad, sont depuis de nombreuses années des outils fonctionnels de processus de démocratisation et réinvestissement du politique, et des corps intermédiaires efficaces par lesquels les voix individuelles peuvent être portées.
A l’inverse, la communauté peut aussi exercer des effets de domination et prédation sur des individus ou autres communautés, moins solides ou organisées.
Aussi, face aux enjeux écologiques, économiques, sociaux et politiques des prochaines décennies, il nous faudra plus qu’apprendre à vivre ensemble.
Il nous faudra selon l’expression du philosophe Castoriadis, tenir ensemble dans une direction consciente des hommes par eux même de leur vies.

Devenir des communautés plurielles unies dans une seule et même communauté de destins.

Sources:

https://www.liberation.fr/societe/2015/06/11/pourquoi-le-vivre-ensemble-pose-question_1327745

https://www.lesinrocks.com/2014/08/02/actualite/actualite/faut-il-regretter-les-annees-90/

https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00463388/document

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