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Billet de blog 25 février 2018

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Non à l'expulsion de Papou, mineur étranger brestois

Papou est à Brest depuis plus d'un an. Il a attendu en vain une scolarisation. Il est mineur, mais chaque jour un peu moins. A la suite d'un contrôle d'identité, il a été conduit au centre de rétention de Rennes, alors qu'il a fait un recours auprès du juge des enfants pour faire reconnaître sa minorité. Il ne doit pas être expulsé !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Lors d'un contrôle de police récent, le jeune Papou Salla Diallo a été placé au centre de rétention de Rennes, il doit être reconduit en Côte d'Ivoire lundi.

Papou est ivoirien, il est né le 1er avril 2000, il est donc ENCORE mineur.

Arrivé à Brest en janvier 2017, il a passé 10 mois à l'hôtel dans l'attente de la reconnaissance de son statut de mineur, statut qui lui a été refusé par le Procureur de Brest : il avait des papiers, mais il y manquait des tampons. Cependant, ses papiers n'ont pas été estimés faux : ils lui ont été rendus.

En octobre dernier, Papou a donc été exclu du dispositif de l'Aide sociale à l'enfance, sur décision du procureur de Brest.

Le Réseau du pays de Brest pour l'accueil des migrants dans la dignité lui a trouvé un hébergement, il a demandé à un avocat de déposer devant le Juge des Enfants un recours à la décision du Procureur.

Papou attend toujours sa convocation...

Pendant ce temps, il a grandi : cela fait plus d'un an qu'il est en France, au fil des mois, il est devenu de moins en moins mineur…

Quelques précisions :

Lorsqu’un jeune migrant arrive en France et se déclare mineur, on commence par mettre en doute sa parole, le tribunal met souvent des mois, parfois un an ou plus, avant de décider s'il est mineur ou non. Seuls les tribunaux sont autorisés à le faire, et à Brest la réponse est très souvent négative.

 La loi française dit qu’un mineur ne peut être expulsé. Mais la minorité de Papou n'ayant pas été reconnue par le Procureur, le recours devant le juge des enfants n'est pas suspensif.

La loi française dit aussi que l'Etat se doit prendre en charge tout mineur, quelle que soit sa nationalité. Il se doit aussi de le scolariser, seule possibilité pour un jeune mineur, migrant ou pas, sans famille, de se reconstruire, psychologiquement et socialement et de se bâtir un avenir. Comme bien d’autres mineurs migrants, Papou n’a pas été scolarisé.

Le recours devant le juge des enfants prend encore des mois... et le jeune se rapproche de la majorité.

Le cas de Papou est représentatif, il n'est malheureusement pas unique : très récemment à Brest, après des mois d’attente, un jeune a été déclaré mineur... à 5 jours de sa majorité !

Il ne s'agit pas seulement de défendre Papou, il s'agit se s'insurger contre la maltraitance institutionnalisée que subissent les jeunes migrants. D’ailleurs, le défenseur des droits, Jacques Toubon dénonce depuis longtemps ce qui se passe, ce qui se fait.

Aucun parent ne souhaiterait que ses enfants subissent ce qu'ils ont subi, avant, pendant ou après leur voyage.

En protestant contre l'expulsion de Papou, ce n'est pas seulement lui que nous défendons. Ce sont les valeurs humanistes auxquelles nous croyons, et, bien au-delà, celles auxquelles se raccrochent les enfants que nous soutenons : ils feront le monde de demain.

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