I. Le Déni Insupportable et la Réalité Palestinienne
Les nouvelles qui nous viennent de Palestine, et plus particulièrement de Gaza, ne sont pas de simples faits divers. Elles nous renvoient à une réalité brute, dérangeante, celle de la complicité et de l'hypocrisie des nations occidentales, singulièrement la France. Les événements récents ne laissent plus de place au déni. Les témoignages directs et les chiffres sur le terrain sont d'une brutalité insoutenable :
- Famine Organisée à Gaza : Jean-François Corty, président de Médecins du Monde, le confirme : c'est une "famine créée par la main de l'Homme", le résultat d'un "siège totalement assumé qui est en train de tuer à petit feu 2 millions de personnes." Les chiffres sont glaçants : 60 000 morts, dont 70% de femmes et d'enfants, une famine orchestrée et des bombardements constants. 22 mois de bombardements, de siège, d’étouffement organisé. Et maintenant, la famine. Les enfants s'effondrent dans les rues, les mères serrent des ombres d’enfants dans leurs bras, les ventres se taisent faute de pouvoir crier. Gaza a faim (est affamée par Israël est plus vraisemblable), Gaza se meurt, lentement, méthodiquement. À Gaza, Israël orchestre des Hunger Games réels, un "Squid Game grandeur nature". La survie est devenue une épreuve de mort. On y meurt pour un sac de farine. On y est ciblé, traqué, massacré parce qu'on cherche à nourrir sa famille. "Ce n’est plus une guerre, c’est un génocide méthodique, sadique, mis en scène." "Chaque enfant qui meurt de faim là-bas, c’est une part de notre humanité qui se décompose ici."
- Tortures d'Enfants : Dans la "plus grande démocratie du Moyen-Orient", on torture des enfants, et l'Occident détourne le regard, complice. Des témoignages glaçants de dix enfants palestiniens, âgés de 15 à 18 ans, comme Karam Hussein libérés après un mois de détention israélienne, décrivent des "tortures, grenades, tout". Ils ont été "ligotés, frappés les mains et les jambes jusqu’à les briser", "électrocutés, privés de sommeil, affamés". Enlevés près de la zone "humanitaire" d’al-Shakoush à Rafah, ils sont hospitalisés "dans un état critique, brisés physiquement et psychologiquement". C'est "ce que produit l’impunité", ce que "cautionne le silence occidental". Un ancien mercenaire américain employé par UG Solutions sur les sites de la Gaza Humanitarian Foundation (GHF), a même révélé à Channel 12 les violences extrêmes infligées par ses collègues américains aux Palestiniens affamés dans les centres de distribution humanitaire : gaz poivré sur un homme non armé, grenades assourdissantes sur des femmes, tirs dans les jambes après la récupération de l'aide. Il a démissionné, ne pouvant plus "cautionner ces violences", dénonçant un système "violent, maltraitant et inutilement dangereux".
De plus, des rapports accablants confirment une brutalité intentionnelle envers les plus vulnérables. La BBC a compilé des documents sur plus de 160 cas où des enfants ont été abattus à Gaza, constatant que dans 95 % des cas, la victime a été touchée par une balle dans la tête ou à la poitrine, la plupart ayant moins de 12 ans. Le docteur Nick Maynard, chirurgien bénévole à l'hôpital Nasser, témoigne de la "malnutrition effroyable" et de la confiscation délibérée de lait maternisé aux points de contrôle militaires israéliens. Il affirme qu'Israël "tire sur des garçons de 13 à 14 ans dans les testicules" et "confisque le lait infantile pour faire mourir les bébés", décrivant une réalité "pire que ce [qu'il] imaginait". On ne sauve pas des enfants d'une main pendant qu'on arme leurs tueurs de l'autre. Les larmes des puissants ne lavent pas le sang qu'ils ont financé. Il est temps de cesser l'hypocrisie et de couper les armes
- Annexion et Apartheid : Le 23 juillet 2025, Israël a officiellement annexé la Cisjordanie, instaurant un apartheid assumé. Trois millions de Palestiniens vivent sous contrôle militaire sans droits, face à 700 000 colons privilégiés. Cette annexion illégale est une négation du droit international et met fin à la fiction du "processus de paix" et de la solution à deux États. L'activiste du film "The Other Land" a été tué récemment par un colon laissé libre.
Et nous ? Nous avons signé des pétitions, crié dans les rues, écrit, supplié. Et pourtant, à force de concessions à un État devenu génocidaire, à force de courber l’échine face à l’indicible, nous voilà impuissants devant l’impardonnable.
Chaque enfant qui meurt de faim là-bas, c’est une part de notre humanité qui se décompose ici.
On ose encore nous dire qu'il n'y a pas de famine causée par Israël. On nous dit que ce n’est pas intentionnel. Mais il n’y a plus de place pour les euphémismes. Le silence est devenu complice. L’indignation, un luxe. A l’heure où Israel se targue de préparer la phase finale du génocide, Nous faisons face à une situation d'urgence absolue. Une coalition internationale doit être formée immédiatement pour intervenir et empêcher la poursuite du désastre humanitaire.
II. Un tournant Historique: Israël est désormais considéré comme une menace en raison de ses pratiques toxiques.
Le statut d'intouchabilité dont bénéficiait Israël est en train de s'effriter. Pour la toute première fois, l'Agence nationale de sécurité et de lutte contre le terrorisme des Pays-Bas a officiellement inscrit Israël sur la liste des entités menaçant sa propre sécurité nationale. Cette décision, passée presque inaperçue en France, dénonce les tentatives israéliennes de manipulation de l'opinion publique, de diffusion de fausses informations et d'ingérence politique. Ce geste est historique car, pendant des décennies, Israël a bénéficié d'un statut d'intouchable diplomatique, toute critique étant muselée par des accusations d'antisémitisme ou la pression de lobbies. Les Pays‑Bas ont officiellement interdit l’entrée sur leur territoire aux ministres israéliens Itamar Ben‑Gvir (ministre de la Sécurité nationale) et Bezalel Smotrich (ministre des Finances), qu’ils ont déclarés persona non grata . Cette décision a été annoncée dans une lettre du ministre des Affaires étrangères, Caspar Veldkamp, transmise au Parlement le lundi soir 28 juillet 2025 .
D’après les autorités néerlandaises, ces deux personnalités sont accusées d’avoir « incité à plusieurs reprises à la violence des colons contre la population palestinienne », de promouvoir l’expansion de colonies illégales et d’appeler à un « nettoyage ethnique » dans la bande de Gaza. Les Pays‑Bas ont également convoqué l’ambassadeur d’Israël à La Haye pour lui remettre une note officielle de protestation, dénonçant la situation à Gaza comme “insupportable et indéfendable” . Ils soutiennent également une révision de l’accord d’association UE‑Israël, y compris la suspension de sa composante commerciale, si les obligations humanitaires ne sont pas respectées . Il ne s'agit pas de viser "Israël en tant que peuple ou culture", mais bien "un régime, un appareil, des pratiques" devenus, et je cite, "toxiques pour les démocraties" aux yeux de leurs propres partenaires. Les Pays-Bas ont ouvert une brèche salutaire. Il appartient maintenant à la France de s'y engouffrer, non par suivisme, mais par exigence de lucidité et d'intégrité démocratique.
III. L'Hypocrisie Française : Un Soutien Ambigu et Une Complicité Active
La politique française sur la Palestine révèle une profonde contradiction. Prenons l'exemple de la flottille Handala : l'eurodéputée LFI Emma Fourreau et ses passagers, partis livrer du lait maternisé à Gaza, ont été brutalement interceptés en eaux internationales par l'armée israélienne. Ils ont subi violences physiques, humiliations et des conditions de détention déplorables. Et la réponse de la France ? Jean-Noël Barrot, notre ministre des Affaires étrangères, a qualifié cette action humanitaire d'"irresponsable". Emma Fourreau l'a dénoncé comme une preuve de la "lâcheté et du mépris" de la France, qui, selon elle, a ainsi "conforté Israël dans sa violation du droit".
Le soutien de la France à un État palestinien semble vide de sens. Emmanuel Macron annonce une reconnaissance en septembre, mais ce geste est perçu comme "symbolique, différé, déconnecté de l’urgence" et "cruellement silencieux sur l’essentiel : les sanctions contre le criminel, les secours pour les victimes". Il s'agit d'une "reconnaissance à vide" : pas d'embargo sur les armes, pas de sanctions contre Israël malgré l'utilisation d'armements souvent français et les exactions des colons armés en Cisjordanie, pas de poursuites internationales concrètes (malgré les mandats d'arrêt de la CPI contre Netanyahou et Gallant), et pas d'aide humanitaire massive alors que Gaza meurt de faim.
C'est l'impunité accordée à un État qui foule aux pieds le droit international : refus de signer le traité de non-prolifération nucléaire, violations permanentes des résolutions de l’ONU, attaques dans les eaux internationales, financement et soutien à des milices extrémistes, responsables de crimes documentés… et pourtant, aucun embargo, aucune sanction, aucun rappel à l’ordre. Cet État reste au-dessus des lois. Protégé, sanctuarisé.
Plus grave encore, cette stratégie est dénoncée comme une manœuvre "politique et cynique". En reconnaissant un "État palestinien" sans territoire viable, sans souveraineté, la France préparerait le terrain pour un "gouvernement fantoche", cherchant à désarmer le Hamas au nom de la "lutte contre le terrorisme", au risque de relancer une guerre civile inter-palestinienne.Reconnaître la Palestine, ce n’est pas nommer Abbas et exiger la reddition du Hamas. Ce n’est pas conditionner la souveraineté à la soumission. Ce n’est pas diviser les Palestiniens pour mieux régner. Désarmer le Hamas, au nom de la « lutte contre le terrorisme », en relançant la guerre civile entre factions palestiniennes, comme après les élections de 2006. Macron ne parle d’élections libres que si le résultat est conforme à ses attentes. Si les Palestiniens votent pour le Hamas comme en 2006, alors Paris ne reconnaîtra plus la démocratie, mais appellera à un pouvoir « raisonnable », c’est-à-dire docile.
La France, qui "se targue d’un héritage gaulliste, d’une voix indépendante", s'aligne sur Washington dès qu'il s'agit d'Israël. Elle "parle de paix mais arme l’agresseur", et "laisse le génocide se poursuivre".
L'association AJPO, Avocats pour la Justice au Proche-Orient, a déposé le 22 juillet une demande d'enquête auprès de la Cour pénale internationale, appuyée par 114 avocats. Cette association, co-présidée à sa fondation par la regrettée Gisèle Halimi, à qui la France a rendu un hommage national en 2023, accuse l'exécutif français d'avoir "failli à ses obligations" en soutenant Israël. Leur document de cinquante pages révèle des faits accablants sur l'influence du gouvernement israélien "au plus haut sommet de l’État français et au sein de l’Assemblée nationale", facilitant ainsi l'impunité d'Israël. Sont notamment cités :
- La France a équipé des drones armés israéliens et fourni des éléments d'armements servant à perpétrer ces crimes, en violation du Traité sur le Commerce des Armes de 2013.
- L'acceptation de personnalités politiques françaises, dont des ministres comme Bruno Retailleau, Aurore Bergé, et Manuel Valls, de voyages et événements financés par Elnet France. Leur directeur exécutif, Arié Bensehmoun, a tenu des propos choquants en décembre 2023 sur Radio J, assimilant toute la population de Gaza à des "barbares" ou "nazis complices du Hamas", justifiant ainsi les crimes de masse.
- Benyamin Netanyahou, inculpé par la CPI, a survolé par trois fois le territoire français depuis le début de l'année 2025.
- Des milliers de Franco-Israéliens servent dans l'armée israélienne à Gaza, et participent activement à la colonisation violente en Cisjordanie. L'AJPO affirme que si l'exécutif français n'avait pas assuré à l'État d'Israël "qu'il pouvait continuer ses actions dans une totale impunité", les crimes documentés n'auraient sans doute pas été perpétrés avec une telle gravité.
Et qu’en est-il des citoyens franco-israéliens impliqués dans ces exactions ? Allez-vous traiter les colons et soldats franco-israéliens engagés dans les massacres à Masafer Yatta, à Gaza ou en Cisjordanie comme vous l’avez fait avec ceux partis en Syrie ? Ces derniers ont été jugés par une cour d’assises spéciale et lourdement condamnés. Allez-vous appliquer les mêmes principes à ceux qui participent à des crimes de guerre, voire à un génocide, sous une autre bannière ? Ou pourront-ils continuer à partager des selfies ignobles, à rentrer tranquillement en France, ou se prélasser impunément à l’étranger, comme l’ont montré de nombreuses images ?
Cette complicité active de la France est d'autant plus troublante à la lumière d'une autre affaire retentissante : la fraude à la taxe carbone, surnommée "le casse du siècle". Entre 2008 et 2009, la France a perdu 1,7 milliard d'euros, et l'Union européenne près de 5 milliards, en raison d'une escroquerie financière sophistiquée. Des quotas d'émission de CO2 étaient achetés hors taxe à l'étranger, revendus en France avec TVA, puis les auteurs disparaissaient sans reverser la TVA à l'État.
Des enquêtes menées notamment par Mediapart ont mis en lumière les liens troublants entre cette fraude et Benjamin Netanyahou, alors ancien, puis de nouveau Premier ministre israélien en 2009. Arnaud Mimran, l'un des principaux acteurs de cette fraude et condamné à 8 ans de prison, a affirmé en audition judiciaire avoir versé d'importantes sommes à Netanyahou, dont au moins 1 million d'euros pour sa campagne électorale de 2009. Des documents et photographies attestent de leurs séjours ensemble et d'échanges réguliers, bien que Netanyahou n'ait reconnu qu'un don de 40 000 dollars.
Malgré ces accusations graves et la condamnation de Marco Mouly, un autre fraudeur, qui a déclaré : "On a arnaqué la France, et c’est Netanyahou qui a mangé", Benjamin Netanyahou n'a jamais été interrogé en France. Aucun mandat n'a été lancé contre lui, et aucun ministre français n'a exigé de comptes, même lors de ses passages répétés sur le sol français.
Ce double standard est dénoncé comme une "indignité française". Alors que l'État pourchasse sans relâche les bénéficiaires de minima sociaux pour des sommes dérisoires, il ferme les yeux sur une fraude de plusieurs milliards d'euros impliquant un chef d'État étranger, également accusé de crimes de guerre et de génocide devant la Cour internationale de justice. Comment justifier que Netanyahou, soupçonné d'avoir bénéficié de l'argent de cette escroquerie contre le contribuable français, puisse survoler et fouler le sol français sans être inquiété ? Cette tolérance envers les puissants, y compris ceux impliqués dans des crimes documentés, tout en harcelant les plus précaires, est perçue comme une trahison des principes de justice et de souveraineté.
A cela s’ajoute le Refus du Mot "Génocide" : Un Déni Dangereux et Ses Racines Coloniales
Le refus persistant de qualifier les massacres actuels de "génocide", sous prétexte de réserver ce terme à la Shoah, révèle une hypocrisie et une complicité troublantes. Si la prudence lexicale est nécessaire face à de tels crimes, elle ne doit pas servir de paravent à l'inaction devant l'horreur. Des milliers de Gazaouis meurent ; l'urgence est d'arrêter les massacres, et non de s'engager dans des batailles sémantiques.
Ce blocage repose sur un tabou insoutenable : l'idée qu'Israël, descendant des victimes de génocide, ne pourrait jamais se comporter en bourreau. Admettre un génocide reviendrait à reconnaître l'objectif avoué des dirigeants israéliens d'éliminer les Palestiniens, une réalité pourtant maintes fois déclarée et mise en œuvre par l'occupation, la colonisation, le contrôle total des territoires et le nettoyage ethnique. Cette vérité doit rester un "secret de polichinelle", permettant à une "démocratie" de commettre des crimes systémiques sans en assumer la pleine responsabilité.
Le plus révoltant est de voir cette propagande cynique relayée par nos gouvernants, nos médias et certains intellectuels. Leur lâcheté et leur silence masquent une complicité flagrante, piétinant les principes qu'ils sont censés défendre. Cette complaisance s'ancre dans une culpabilité savamment entretenue autour de la Shoah, instrumentalisée pour étouffer toute critique en la qualifiant d'antisémitisme. Elle est également nourrie par l'influence des marchands d'armes et, plus profondément, par notre héritage colonial. L'Occident, qui a armé et soutenu Israël, semble se reconnaître dans cette colonisation de peuplement, à l'image de ce que la France a pratiqué en Algérie, y voyant un avant-poste de ses propres démocraties.
Aujourd'hui, le négationnisme ne consiste plus seulement à nier la Shoah, mais à nier le génocide en cours sous nos yeux, malgré les preuves accablantes. Ceux-là même qui dénonçaient le premier nient le second, prétendant préserver la mémoire du passé tout en la salissant et en bafouant son autorité par leur silence coupable.
Macron veut apparaître comme un homme de paix. Il restera, pour l’histoire, celui qui a regardé un génocide se dérouler en direct sans lever le petit doigt. Pendant ce temps, Israël a de facto annexé la Cisjordanie, avec plus de 800 000 colons installés en toute impunité, les routes sont coupées, les check-points se multiplient, les arrestations arbitraires explosent. Al Qods (Jérusalem-Est) est grignotée quotidiennement. Le droit international est bafoué à la chaîne, et que fait la France ? Des promesses à usage diplomatique.
L'Urgence d'Agir : Ne Pas Reconnaître un Cimetière
La diplomatie française, malgré ses déclarations récentes et ses gestes symboliques, semble déconnectée de la terrifiante réalité sur le terrain. Alors que les capitales occidentales discutent de reconnaissances d'État et de résolutions, les Palestiniens de Gaza et les otages israéliens vivent une catastrophe humanitaire indicible. La solution, pourtant, est claire et de plus en plus réclamée, y compris par des voix israéliennes de premier plan : des sanctions immédiates et "paralysantes" contre Israël. L'Union Européenne a imposé 18 paquets de sanctions à la Russie pour son agression en Ukraine, mais aucune contre Israël. Les Pays-Bas déclarent des ministres israéliens "persona non grata", la Slovénie décrète un embargo unilatéral sur les armes, l'Espagne limite les importations commerciales, et la Suède demande la suspension de l'accord commercial UE-Israël.
Le droit international ne peut être appliqué à géométrie variable. Si ses principes s'écroulent face à de telles inconsistances, c'est l'essence même de l'Europe, fondée sur la règle de droit, qui disparaîtrait de la scène internationale. La légitimité de l'UE en tant que défenseur des valeurs démocratiques est directement remise en question par cette complaisance.
Ce "deux poids, deux mesures" est d'autant plus criant que des figures comme Jean-Noël Barrot, le ministre français des Affaires étrangères, s'illustrent par leur fermeté inébranlable contre la Russie, invoquant avec vigueur le respect du droit international et la souveraineté des États. Pourtant, le même ministre a été vu bégayant face à des journalistes lorsqu'il s'agissait de justifier l'immunité dont bénéficie Benyamin Netanyahou, traversant l'espace aérien français malgré les accusations de la Cour Pénale Internationale et les soupçons de son implication dans la "mafia du CO2" qui a spolié la France.
Pourtant, la France n'a pris aucune sanction concrète. L'excuse d'un manque de consensus européen ne tient plus. Si la France souhaite réellement "préserver la possibilité d'un futur État de Palestine", elle doit d'abord sauver ses futurs citoyens. Agir "maintenant" avec des sanctions unilatérales est impératif pour faire pression sur le gouvernement Netanyahou, forcer un cessez-le-feu permanent, obtenir la libération des otages et protéger les Palestiniens de Cisjordanie. Sans cela, la promesse de reconnaissance d'un État palestinien en septembre ne sera rien d'autre que la reconnaissance posthume d'un cimetière.
IV. La Censure de la Vérité et l'Influence d'un Lobby Puissant
Face à l'horreur insoutenable, des tentatives flagrantes de censure et de manipulation du débat public émergent en France, révélant la puissance d'un lobby pro-Israël bien implanté.
La députée Caroline Yadan (Renaissance) a ainsi déposé une proposition de loi visant à interdire l'usage du terme "génocide" pour qualifier les actions d'Israël à Gaza. Cette initiative, soutenue par la ministre Aurore Bergé et l'avocat Patrick Klugman – qui réclame la criminalisation de ces accusations – est une "instrumentalisation grave et dangereuse" de la mémoire. Sous couvert de lutter contre l'antisémitisme, elle vise en réalité à protéger un État étranger d'une qualification juridique fondée en droit international, verrouillant le débat et hiérarchisant les victimes. Rappelons que la qualification de génocide appartient aux juridictions internationales, et l'interdire par la loi serait une forme d'autoritarisme intellectuel incompatible avec l'État de droit.
Le véritable "entrisme" en France, loin du fantasme de l'islam politique, est celui, bien réel, d'un "lobby politico-sioniste" qui infiltre les institutions pour imposer un récit unique. La puissance discrète mais efficace de ce lobby a réussi à maintenir une forme d'immunité diplomatique pour l'État hébreu, forçant les gouvernements libéraux à ignorer leurs propres principes démocratiques face aux agissements d'un allié, même lorsque ceux-ci contreviennent au droit international et aux droits humains les plus fondamentaux. Elnet en est un exemple frappant : cette organisation fait voyager des parlementaires français à grands frais (plus de 90 séjours intégralement payés depuis 2019, avec des hôtels de luxe à des tarifs exorbitants). Le meeting "Pour la République... La France contre l'islamisme" du 26 mars 2025, organisé par Elnet, a tourné au "concours de déclarations nauséabondes", avec des figures politiques comme Christian Estrosi, Bruno Retailleau et Manuel Valls. Arié Bensemhoun, directeur d'Elnet France, y a affirmé que "plus aucun Français n'est en sécurité en France parce que l'islamisme nous a désignés comme l'ennemi", tenant des propos qui justifient la haine raciale et religieuse.
Ce lobby, désormais adoubé, justifie les massacres avec les arguments habituels : "terrorisme", "antisémitisme", "islamogauchisme", "wokisme". Ces justifications des massacres, cette haine raciale et religieuse contre les personnes arabes et de confession musulmane, cette propagande ornée de mots et concepts inventés, rappellent dangereusement la propagande nazie des années 30. Le terme "islamogauchisme", popularisé par le sociologue d'extrême-droite Pierre André Taguieff, pro-sioniste, n'est pas sans rappeler le "judéo-bolchévisme" qui désignait les Juifs comme responsables du communisme. La députée Caroline Yadan elle-même a posé le 15 mars 2024 avec David Azoulay, un élu israélien d'extrême droite, armé, qui a tenu des propos glaçants : "Il faut vider la bande de Gaza. L’aplatir. Comme à Auschwitz. En faire un musée". Il s'agit là d'une "apologie de crimes de guerre" et d'un "soutien implicite à des propos génocidaires".
La "lutte contre l'antisémitisme" est instrumentalisée en France pour réprimer la solidarité internationale. Depuis le 7 octobre 2023, c'est une "avalanche de gardes à vue et de perquisitions pour "apologie du terrorisme"" qui a ciblé majoritairement des musulmans, des Noirs, des Arabes, des étudiants et des militants pour avoir brandi un keffieh ou dénoncé un massacre. La France, qui "s'est rendue complice du génocide en cours en couvrant l'impunité d'Israël", gaspille son autorité morale.
Suprémacisme sans filtre & apologie tranquille : L'impunité à la française
Dans la France autoproclamée patrie des droits de l'Homme, un étrange paradoxe s'installe. Le soutien à la Palestine est devenu synonyme de suspicion, les mots et les émotions des militants sont passés au crible. Pendant ce temps, ceux qui applaudissent les bombardements, justifient les sièges et désignent des peuples entiers comme des sous-hommes s'expriment en toute liberté, des plateaux médias aux bancs de l'Assemblée nationale.
Sur les réseaux sociaux, des slogans comme "Mort aux Arabes" ou "Gaza doit être vidée de ses Arabes" sont monnaie courante. Sur BFMTV, des reportages montrent des colons israéliens marchant vers Gaza, clamant leur volonté d'expulser les populations, sans aucune contradiction ni contextualisation juridique de la part de la chaîne. L'apologie de crimes contre l'humanité semble, dans certains contextes, être devenue un simple "point de vue".
Sur CNEWS, le président du Mouvement des Étudiants Juifs de France, Aurélien Bernheim, s'est distingué par sa déclaration : "Il ne faut pas de Gazaouis en France", ajoutant qu'ils viennent de "cultures arriérées". Une xénophobie à peine masquée sous le voile de la défense d'une cause, une suprématie habillée en plaidoyer identitaire. L'histoire de l'instrumentalisation communautaire pour justifier le racisme est longue et jamais glorieuse.
Plus grave encore, la réaction des autorités françaises témoigne d'un alignement croissant avec les exigences du gouvernement israélien, même les plus discutables. Le 1er août, Jean-Noël Barrot a annoncé la suspension de l'accueil des Gazaouis blessés en France, une punition collective et discriminatoire, justifiée par l'enquête sur les publications d'une seule étudiante. Une condamnation potentielle à mort de civils pour les propos d'une personne, révélant une soumission aux exigences d'un gouvernement israélien de plus en plus indéfendable.
Le silence face à l'horreur des faits est aussi assourdissant. Plus de 200 journalistes tués à Gaza, documentant les familles anéanties et les corps d'enfants, parfois au prix de leur propre famille. Pourtant, une rédactrice en chef du Point, Géraldine Woessner, a osé affirmer qu'"il n'y a pas de journalistes palestiniens", niant leur existence même dans le langage, avant de tenter maladroitement de rétropédaler.
À l'Assemblée nationale, le député Meyer Habib a pu lancer un inquiétant "Et ce n'est pas fini !" en réponse à une question sur les bombardements israéliens, sans que cela ne lui vaille la moindre sanction ou levée d'immunité. Ses appels à "détruire ces barbares", "ces sauvages" sans jamais mentionner l'occupation, le blocus ou l'apartheid, montrent une amputation délibérée de l'Histoire et de l'humanité.
Il est clair qu'il ne sert plus à rien de débattre avec ceux qui nient à un peuple son droit de vivre, ou pour qui tuer est une "nécessité stratégique". Derrière le vernis civilisationnel, c'est un racisme profond, brut et brutal qui s'exprime et s'affiche désormais sans gêne, sans filtre ni honte. L'Histoire jugera, mais les consciences, elles, sont déjà fixées.
V. Le Poids de l'Histoire et l'Appel de Gilles Deleuze
Cette "logique perverse et asymétrique" du conflit israélo-palestinien n'est pas nouvelle. Dès sa tribune de 1978, le philosophe Gilles Deleuze dénonçait la façon dont Israël, en refusant aux Palestiniens le statut d'"interlocuteurs valables" sous prétexte qu'ils n'ont pas de pays (alors même qu'Israël le leur a ôté), leur impose un choix binaire : la soumission ou la mort.
Deleuze mettait en lumière une double norme flagrante : les actions d'Israël légitimées comme des ripostes, même disproportionnées et aveugles (bombardements du Sud Liban, massacres de civils, usage de bombes à billes), tandis que celles des Palestiniens étaient criminalisées comme du "terrorisme". Il affirmait qu'un "mort arabe n’a pas la même mesure ni le même poids qu’un mort israélien." Il voyait l'invasion du Sud Liban non comme une riposte, mais comme le couronnement prémédité d'une "solution finale" au problème palestinien, facilitée par une complicité internationale qui voit les Palestiniens comme de simples "gêneurs". Deleuze avertissait que le modèle de répression israélien, avec son indifférence aux résolutions de l'ONU et son chantage international, servait de "laboratoire et d'expérimentation pour un avenir plus terrible", menaçant d'assimiler de plus en plus de populations à des "terroristes virtuels" à l'échelle mondiale.
Aujourd'hui, deux organisations israéliennes de défense des droits humains, B'Tselem et Breaking the Silence, emploient le mot "génocide" avec gravité. Même Donald Trump a admis que "la famine est réelle". L'Allemagne appelle à la pression politique. Et la France a symboliquement reconnu l'État palestinien. Les camions d'aide commencent à franchir les frontières.
Mais l'issue reste incertaine : soit Netanyahou, visé par un mandat d'arrêt de la CPI, se soumet au droit international, soit il cède à son extrême droite messianique et achève le nettoyage ethnique. Cette issue, qui peut dépendre d'un retour de Donald Trump, souligne la faillite des garants du droit international et le fait que les vies de millions de personnes sont suspendues aux calculs électoraux.
Conclusion : Gaza, Notre Boussole Morale
Gaza n'est pas loin, elle est "notre miroir, notre boussole". Ce qui s'y déroule parle de nous, de nos fractures, de nos hypocrisies. L'impunité accordée à Israël, ses violations permanentes des résolutions de l'ONU, son refus de signer le traité de non-prolifération nucléaire, tout cela se déroule sans embargo ni sanction. La France, en refusant de nommer le crime et en persécutant ceux qui le dénoncent, n'est pas seulement silencieuse : elle est complice. Complice du génocide jusqu'au bout.
Il n'existe plus de mots pour dire l'horreur qui s'épaissit depuis 22 mois. Des voix réclament une force internationale, une reconnaissance massive de la Palestine et des sanctions. La question n'est plus "si nous savons", mais "qu'allons-nous faire ?" La Palestine est le test de notre humanité. Gaza ne meurt pas seule. Elle emporte avec elle un peu de nous, à chaque seconde. Face à ce qui est un ultimatum à l'humanité, des voix réclament une force internationale, une reconnaissance massive de la Palestine et des sanctions. Un tribunal international est absolument essentiel pour rendre justice aux victimes. Nous avons besoin d'un organisme spécialisé dédié à l'identification et à la poursuite de tous ceux qui ont participé à ce massacre.