Une lettre ouverte, transformée en pétition citoyenne, interpelle directement le Président Emmanuel Macron sur la "complicité active" de l’État français face aux crimes de guerre à Gaza et à la répression de la solidarité en France.
La pétition s’appuie sur le témoignage exclusif et choquant d’une citoyenne française, infirmière , qui a été contrainte de fuir le pays après avoir été agressée, menottée et humiliée en garde à vue à Paris.
L'interpellation, menant à sa garde à vue, a été uniquement motivée par le port de son keffieh.
Objet : Lettre Ouverte à Monsieur le Président de la République. Votre complicité face au génocide fait fuir nos citoyens – La trahison du droit français
Monsieur le Président,
Depuis deux ans, la France est confrontée à une crise morale dont l'épicentre est Gaza. La barbarie qui s'y déploie, le génocide méthodique orchestré par la famine organisée et les bombardements, n'est plus un fait divers lointain. Il est, comme l'affirme le témoignage d'une citoyenne française, une infirmière qui a dû fuir le pays, le miroir de notre propre dérive : la complicité active de l'État français et sa stratégie de persécution contre ceux qui nomment l'horreur.
I. La Continuité de la Violence : De Jénine à Paris
Le drame a commencé bien avant le 7 octobre 2023. La Palestine, décrite par notre témoin comme un pays d'une culture riche et d'une résilience poignante, était déjà un lieu de terreur : l'horreur des incursions militaires et la brutalité des colons. L'infirmière française, qui animait des activités dans le camp de réfugiés de Balata, a vu de ses yeux la folie dans les yeux des hommes et l'avenir sans espoir d'une jeunesse qui "prendra les armes à son tour, car désespérée."
Mais l'escalade la plus troublante ne s'est pas déroulée sous les oliviers de Cisjordanie, mais sur le bitume parisien. Le 14 octobre 2023, cette même citoyenne a basculé "De la lumière aux ténèbres" en étant agressée, menottée, humiliée et jetée en cellule.
L'élément déclencheur : une simple étoffe. Elle était ce jour-là accompagnée de deux amies, dont une avec un enfant de moins de deux ans. Elle n'avait aucune intention de manifester. L'interpellation, menant à sa garde à vue, a été uniquement motivée par le port de son keffieh. Les autorités ont ensuite justifié cette arrestation par un faux en écriture prétextant une insulte envers un CRS.
Son témoignage d'une violence insoutenable est le point de jonction entre deux systèmes d'oppression :
Déshumanisation : Menacée, palpée violemment par une policière qui, selon ses mots, "s’amuse à [la] palper violemment", traitée "comme un gibier" et privée de son traitement médical (sa Ventoline) malgré une crise d'étouffement.
Terreur institutionnelle : Les locaux de garde à vue sentent la "merde", et l'humiliation y est constante, allant jusqu'à être invitée à tenter de se suicider par un agent.
Cette infirmière, dont la vocation est de sauver des vies, a été traitée "comme une terroriste" par le pays qu'elle chérissait. Son expérience est l'illustration d'une stratégie de persécution visant à criminaliser la solidarité. Elle a quitté la France, traumatisée, et son exil est un acte d'accusation contre l'État.
II. L'Hypocrisie Diplomatique et l'Impunité
Le 22 septembre, votre gouvernement a reconnu l'État de Palestine. Alors que l'Espagne et l'Irlande reconnaissaient l'État de Palestine avec leurs homologues européens, la France a choisi une reconnaissance tardive et ambiguë. Elle n’est qu’une façade hypocrite destinée à masquer une complicité persistante et active. Le fossé entre vos paroles et la réalité est insupportable :
Soutien Inconditionnel au Criminel : Non seulement vous continuez d'armer l'agresseur, mais vous exprimez votre "respect pour Benjamin Netanyahou," un homme visé par un mandat d'arrêt de la CPI, ainsi que son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant, pour crimes de guerre.
Complicité Économique : Vous n'avez pris aucune mesure pour suspendre l'accord d'association UE-Israël. Vous tolérez l'impunité des Franco-Israéliens impliqués dans les massacres, et vous fermez les yeux sur le soupçon de bénéfices tirés par Netanyahou de la fraude à la taxe carbone sur le sol français. Cette politique de deux poids, deux mesures fait de la France un acteur direct du massacre.
Trahison Nationale : L'affaire de la flottille Global Sumud Flotilla est un scandale de trahison. Des ressortissants français, partis livrer de l'aide vitale, ont été agressés et détenus illégalement par l'armée israélienne. La seule réponse de la France fut le silence et le refus de protéger les victimes. Des avocats ont dû lancer des actions judiciaires pour que justice soit faite.
III. L'Impunité de la Haine Contre la Solidarité
Face à l'horreur d'une famine organisée et d'une barbarie documentée (tortures d'enfants), des citoyens français se sont levés. Votre État les a réprimés, tout en laissant prospérer la haine sur son sol, assurant une impunité totale à ceux qui appellent à la violence. Les plateaux de télévision se sont transformés en véritables tribunes d'impunité, où la déshumanisation est banalisée :
Le cas de Rachel Khan à Marseille est éloquent : lorsqu'elle a souhaité publiquement que la flottille humanitaire "disparaisse," ce discours haineux et applaudi n'a même pas fait l'objet d'une enquête.
À l'instar de tant d’autres, les dérapages médiatiques normalisant la haine ou justifiant l'injustifiable contre un peuple entier sont monnaie courante, au nom d'un prétendu réalisme politique. La France reste silencieuse devant ces fauteurs de guerre verbaux.
Le contraste est cinglant :
D'un côté, des voix médiatiques s'autorisent à banaliser la violence et à appeler à l'extermination.
De l'autre, des citoyennes comme cette infirmière, humiliée, harcelée et poussée à quitter le pays pour avoir exercé sa libre parole, paient le prix de la solidarité.
Le départ traumatique de notre infirmière n'est que la conséquence du déni institutionnel. Son histoire personnelle fait écho à l'avertissement de Gilles Deleuze : la logique du conflit israélo-palestinien est le "laboratoire" d'un avenir plus terrible.
Conclusion et Exigences
Monsieur le Président, l'hypocrisie de votre politique s'est transformée en répression violente sur notre territoire. La France ne doit pas rester dans l'histoire comme celle qui "a regardé un génocide se dérouler en direct sans lever le petit doigt."
Tant que la France continuera d'armer, de couvrir et de persécuter les voix de l'indignation, son silence restera une trahison gravée dans le sang des innocents de Gaza.
Nous exigeons de la France :
L'embargo immédiat et total sur les livraisons d'armes à Israël.
La saisie immédiate de la Cour Internationale de Justice (CIJ), en soutien de la procédure déjà engagée par l’Afrique du Sud et rejointe par d’autres pays dont la Belgique, l’Espagne, l’Irlande, l’Égypte et la Turquie, pour génocide.
L'application de la compétence universelle pour enquêter sur les crimes commis contre nos ressortissants lors de l'attaque de la flottille.
L'ouverture d'enquêtes judiciaires sur les appels à la violence et la garantie que les agents ayant maltraité l'infirmière soient poursuivis, notamment pour le faux en écriture ayant justifié son interpellation.
La condamnation ferme et publique de tout discours appelant à la déshumanisation, à l’extermination ou à la haine religieuse.
Monsieur le Président, Gaza est notre boussole morale. Votre silence, vos doubles discours et votre complicité active vous rendent partenaire de ce crime jusqu'au bout.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l'expression de notre très haute exigence de dignité et de justice.
Annexe : Témoignage "De la lumière aux ténèbres"
Depuis deux ans, on a vu réapparaître un monstre qu’on pensait avoir oublié dans nos livres d’histoire.
Encore plus abject, car filmée et diffusée en direct, la mort programmée du peuple palestinien semble avoir atteint son paroxysme.
Mais laissez-moi vous raconter comment était le monde avant, un bel été, c'était en juillet 2023.
J’ai découvert ce pays incroyable par son histoire, sa culture, ses paysages somptueux, l’accueil, la gentillesse et la résilience des habitants de la ville de Naplouse : bienvenue au pays du fallafel !
Vous connaissez probablement le fameux za’atar, mais connaissez-vous le maqluba, le khobz ou le ka’ak el Quds ?
Et pour les bouches sucrées, je vous recommande le knafeh, qu’on déguste dans la vapeur du narguilé à la menthe, accompagné d’un succulent baarat, cette délicieuse citronnade traditionnelle avec sa boule de glace à la vanille incorporée.
Dans la fraîcheur des jardins de la ville, en soirée, les femmes fument, les enfants courent et les hommes jouent au tavla, appelé par les Anglo-Saxons backgammon.
Impossible de résister aux nouvelles expériences culinaires, de préférence à déguster du bout des doigts, bercé par le doux son de la musique orientale… Et quelle musique ! Le son du oud, du violon, du riqq et cet instrument magique qu’est le qanoun.
Les oreilles attentives, les yeux fermés, le voyage est imminent. Éclairés par la lune, nous voilà transportés pour les mille et une nuits d’Oum Kalthoum.
Pour être sincère, mon voyage ne s’est malheureusement pas limité à cette jolie carte postale.
Durant ce séjour, j’ai aussi découvert la folie dans les yeux des hommes, la barbarie, l’horreur et la terreur. La mort et les journées de deuil consécutives, les incursions intensives de l’armée. J’ai entendu les bombardements, les chars d’assaut, les armes à feu, les cris, les pleurs, au rythme des défilés de martyrs ; j’ai eu peur.
La mort, encore. J’ai vu la ville de Jénine brûler, j’ai vu la maltraitance de l’armée et les colons s’acharner sur le peuple opprimé. C’était déjà la guerre, sans armée : un chaos complètement muselé.
Pourquoi avoir choisi cette destination pour passer l’été ? Pourquoi pas.
Durant trois semaines, j’ai animé des activités pour les enfants dans le camp de réfugiés palestiniens de Balata, l’un des plus denses de Cisjordanie, avec plus de 24 000 réfugiés sur un espace de 0,25 km². Je vous laisse imaginer le taudis.
Une jeunesse qui a du mal à sourire, terrorisée, hyperactive et violente. Sous l’impulsion de cette escalade meurtrière, demain, la nouvelle génération, si elle n’est pas bombardée, prendra les armes à son tour, car désespérée.
Là-bas, on s’habitue difficilement à entendre de la bouche des enfants qu’ils souhaitent mourir en martyrs… Mais après tout, quand on vous empêche de vivre, que reste-t-il ?
Je suis rentrée en catastrophe à Paris le 11 août 2023, mon père se faisant opérer du cœur en urgence à l’Institut Mutualiste Montsouris.
Puis le 7 octobre est arrivé. Cette évidence, je la déplore, mais c’est ce qu’il s’est passé par la suite qui m’a meurtrie.
Le 14 octobre 2023.
Gabi, sa fille en poussette, Farell et moi-même nous retrouvons presque à l’heure du rendez-vous sur la place de la République. Nous découvrons une ambiance apocalyptique. Le projet de découvrir la glace au safran du centre culturel Pouya est suspendu, le temps que Farell, qui aimait enrichir ses réseaux sociaux, disparaisse à l’affût de quelques clichés.
Avec Gabi et sa fille, nous attendons impatiemment le retour de Farell, perchées au niveau des escaliers. La tension monte sur la place, je décide de partir à la recherche de Farell. En tentant de l’apercevoir dans la foule de la rue du Faubourg-du-Temple, je n’avais pas remarqué que derrière moi se dressait une ligne de CRS qui commençait à nous encercler et, en quelques secondes, me voilà coincée. La foule compressée s’agite, nous étions pris au piège dans cette rue où les deux extrémités étaient bloquées. Je m’adresse à un CRS sur le côté, lui demandant l’autorisation de rejoindre mes amies qui patientaient juste derrière lui. Il refuse de me laisser passer et pointe du doigt mon keffieh.
J’analyse la situation. Dans la cohue, un manifestant m’explique que la sortie de cette impasse est conditionnée au paiement d’une amende. J’explique cela à mes amies par téléphone qui m’attendent à quelques mètres du guet-apens. Impossible de terminer l’appel : deux CRS foncent sur moi, l’un d’eux m’arrache le bras, ma doudoune se déchire. Je résiste à cette agression, on me menace de me faire une « balayette ». À ce moment précis, sans comprendre ce qu’il se passe, mon regard s’accroche à des yeux témoins dans la foule, qui me reconnaissent et me voient disparaître. Agressée par deux hommes en bleu suréquipés, choquée, menottée, allongée sur le trottoir glacé ; mes menstrues, qui n’étaient pas prévues, semblent être arrivées.
Étendue au sol comme un gibier, les deux CRS se réjouissent de leur prise. L’un d’eux appelle l’une de leurs collègues, qui s’amusera à me palper. Je crois que ça l’excite, à voir le plaisir qu’elle prend à toucher mes parties intimes violemment.
J’interroge mes deux bourreaux sur la situation, personne ne répond à mes questions. Ils rient.
Mon téléphone sonne ; les deux chasseurs refusent que je décroche. La mélodie de mon téléphone m’accompagnera jusqu’à ce qu’il me soit confisqué. Quelques minutes plus tard, après un trajet en voiture banalisée, je découvre les geôles du 20e arrondissement de Paris.
Ces agents qu’on surnomme « gardiens de la paix » refusent de desserrer les menottes qui compriment mes poignets. Apparemment, je suis officiellement devenue un danger : une tête basanée associée à un keffieh. Ils me demandent de les suivre. Je passe de bureaux en bureaux sans comprendre exactement quelle sera la destination finale. Toujours personne pour répondre à mes questions : on me parle mal, on m’humilie, encore une fois fouillée, déshabillée. Bref, je suis traitée comme une terroriste qui aurait oublié ses bombes à la maison. Avant d’être jetée comme un animal maltraité dans une cage, les bourreaux avaient pris soin de confisquer lacets, soutien-gorge, montre et bijoux.
Par leur indifférence, je n’existais plus. À présent, je ne suis plus rien, destinée à disparaître pour une durée indéterminée dans les abîmes de la capitale.
En me conduisant à la cage, un agent tente de me rassurer par rapport à mes chaussures sans lacets, en m’invitant à tenter de me suicider en utilisant le sac en plastique qui servait de protection au linge sur la paillasse qui sert de lit.
Quelqu’un qui se prend pour un médecin vient à ma rencontre et m’autorise à mettre une serviette hygiénique, trop tard, mon pantalon est imbibé. Elle fait semblant de m’examiner en posant quelques questions et, sans répondre à mes interrogations, me voilà de nouveau jetée en prison.
Je suis infirmière, donc pour moi, une cellule, c’est la vie. Là-bas, ça sentait la merde. Du crachat frais sur le sol, des traces d’urine et de défécation sur les murs, une lumière pire qu’un scialytique qui vous aveugle, pas de fenêtre, pas d’horloge, une niche de chien serait plus confortable.
À partir de ce moment-là, je suis la seule spectatrice de la misère du monde. Le bruit des portes qui claquent, les verrous qui cognent, les clés qui s’agitent. Ça rentre, ça sort, ça frappe, ça insulte.
On m’apporte une gamelle. Je demande si je peux appeler ma mère qui m’attend, on ne me répond pas, je ne touche pas à leur poison. Les heures passent, ma serviette hygiénique est saturée, je commence à paniquer. Ma Ventoline est dans mon sac qui m’a été confisqué. Les voisins de ma cage comprennent que je suis en crise et tentent d’appeler à l’aide. Personne ne viendra. J’essaie de respirer à travers le clapet.
Je manque d’oxygène, je tousse, je m’étouffe et je me sens partir.
Je reviens à moi en sursaut, toujours les mêmes bruits qui résonnent ; des portes qui claquent, des verrous qui cognent, des clés qui s’agitent. Ça rentre, ça sort, ça frappe, ça insulte.
À un homme en bleu, je demande mon traitement pour me soulager. Son objectif, c’est de me voir crever. La police tue, on le sait.
Là, je comprends qu’il va falloir survivre pour pouvoir un jour raconter ça.
Pendant cette nuit, je me souviens que des jeunes venaient de rejoindre d’autres cages. Ils se connaissaient, avaient des projets, parlaient organisation, sortie, deal et de leur famille. Ça m’a rassurée.
On a commencé à discuter des raisons de mon interpellation : j’aurais insulté un agent dépositaire de l’autorité publique. Je me marre, euphorie nerveuse. C’est à ce moment-là que je réalise que je suis en GAV.
Ces hommes qu’on décrit à la télé comme venant des quartiers défavorisés, qu’on appelle « délinquants », « racailles » ou « aux dents ébréchées », me semblaient pleins d’humanité face aux bleus, loin de ressembler aux joueurs de l’équipe de France.
En même temps, si ces derniers passent leur vie enfermée dans la puanteur et la misère de leur métier, comme des bêtes enragées qu’on souhaite isoler en quarantaine, tu m’étonnes qu’ils deviennent des monstres.
Les heures passent, la notion du temps m’échappe. Je prie, je réfléchis et je me dis qu’avec le nombre d’affaires classées, je suis sûre que les violeurs sont mieux traités.
Un agent ouvre la porte de la cellule, me demande de le suivre : un avocat commis d’office m’attend. Il est 9h, ce dimanche 15 octobre 2023.
Dans un bureau, je me retrouve face à l’avocate. Je n’ai plus de voix, j’ai mal au corps. Je demande à pouvoir changer ma serviette hygiénique en priorité. L’entretien durera 20 minutes.
J’implore l’avocate de prévenir mes proches, je n’ai pas l’habitude de donner signe de vie, surtout quand je suis attendue pour le repas de famille. Elle répond qu’elle n’en a pas le droit, mais, réceptive à ma détresse, elle s’exécute.
Je suis soulagée. Incroyable de se dire que, pendant ce temps où j’étais enfermée dans le sous-sol du 20e arrondissement, ma grande sœur, parcourait le même quartier pour soigner ses patients. Deux mondes : la lumière et les ténèbres.
J’ai ensuite été auditionnée par cet agent qui arrangeait mes propos pour se protéger. Il était propre, ça sentait bon le café, mais ses réactions laissaient paraître la pourriture qu’il était. Je ne sais plus combien de fois il a fallu imprimer le compte rendu de l’audition, à chaque fois, cet officier de police judiciaire tentait de me faire passer pour l’ennemie de la nation. Je me souviens à quel point j’avais du mal à me concentrer, et lui qui s’impatientait, pauvre victime du keffieh.
Je me demande combien, ce soir-là, nous avions été à être interpellés.
Après l’entretien, on m’a jetée de nouveau dans la cage, sans savoir quand je serai libérée. L’avocate qui m’a représentée m’a affirmé que cela ne pouvait pas durer.
En cage, même atmosphère sordide, mais j’ai le droit à mon premier verre d’eau. Au fil de la journée, les équipes changent. Ceux qui arrivent sont excités, ils veulent en découdre, à croire que leur salaire dépend du nombre d’interpellés.
Ils sont ridicules à partager une réalité fantasmée où la problématique serait l’étranger. Je demande à rencontrer le soi-disant médecin : j’ai mal aux jambes, des difficultés à marcher, des douleurs au niveau des lombaires, et le manque de nourriture me fait tourner la tête.
L’une des pourritures qui m’accompagne au bureau de la blouse blanche me pousse jusqu’à me faire tomber à terre.
La complice de la mascarade note mes troubles du rythme cardiaque, mon hypertension, mon état de nervosité et les marques sur mon corps qui apparaissent. Ce n’est pas l’état de choc qui la surprend, comme les monstres, elle n’a aucune empathie : c’est la maîtrise de mon vocabulaire médical qui l’a fait réagir. Elle me demande ce que je fais dans la vie. Je lui réponds : « Je m’occupe des patients malades, pas comme vous. »
Surprise, elle se met sur le côté, car surveillée par les hommes en bleu qui la guettent à travers le hublot, et commence à balbutier : « Ce n’est pas normal, ce qu’il vous arrive. » Je lui réponds : « Je n’en ai rien à foutre de votre pitié. »
On m’arrache à son bureau pour me remettre une dernière fois dans la cage et non pas ma cage, car ils ont tenté de me l’approprier. Le fameux « rentre chez toi » avait changé de destination. Les chiens aboient.
Ces jeunes qu’ils traitent comme des grands bandits avaient plus de valeurs que ces merdes censées nous protéger.
À 17 h, ça s’excite. À la dernière minute, on ne m’a pas laissé contrôler l’inventaire de mes affaires qu’on m’avait extorquées. Et oui, c’est bien eux les vrais voyous ; jusqu’au bout, ils l’ont prouvé. Ouf, j’ai retrouvé mon keffieh, symbole de résistance pour la liberté. Je suis sortie après 24 h de détention.
Les jours passent, l’état de choc post-traumatique s’installe. L’urgentiste constate des hématomes multiples sur tout le corps, confirme l’ECPT, note l’état de prostration et m’oriente vers une consultation psychiatrique.
Je comprends rapidement que je trouverai ma guérison en me faisant justice. Malheureusement, la France semble anesthésiée : avocats, défenseurs des droits, IGPN… tout semble verrouillé.
La seule solution : m’échapper.
Je regarde ce qu’il se passe dans le pays qui m’a vu naître, de l’étranger. J’espère un jour le retrouver, nostalgique des années de mon enfance où tous les cultes et origines se mélangeaient. Sur nos tables : couscous, paella, falafel et poulet grillé.
Qui a tout torpillé ?
En attendant que mon pays malade guérisse, j’adresse un souhait solennel de paix et d’union à toutes les victimes des oppressions, de Paris à Jénine et du monde entier.
Nous sommes tous des Palestiniens.
Hâte de retrouver les oliviers que j’ai laissés enchaînés, hâte de rentrer au pays des libertés, débarrassé des ténèbres pour de bon et à tout jamais.
ÉclatNouri
Agisssons et Signons massivement. LIEN VERS LA PÉTITION : https://c.org/LR72sHyNRZ
Apologie du terrorisme : des condamnations à la hausse depuis le 7-Octobre https://www.mediapart.fr/journal/france/111025/apologie-du-terrorisme-des-condamnations-la-hausse-depuis-le-7-octobre?utm_source=global&utm_medium=social&utm_campaign=SharingApp&xtor=CS3-5