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Billet de blog 29 mai 2025

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Mémoire, République et jours fériés : pourquoi le 27 avril mérite mieux

Et si le 27 avril devenait un jour férié national ? Ce jour-là, en 1848, la France a officiellement aboli l'esclavage dans ses départements et territoires d'outre-mer autrefois appeler colonies. Pourtant, la date reste largement absente du calendrier républicain.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Introduction - Si on choisissait mieux nos jours fériés ?

J'ai une idée. Un peu folle, peut-être. Ou juste logique. Si on remplaçait le lundi de Pâques par un vrai jour férié républicain ? Je pense, par exemple, au 27 avril. Ce jour-là, en 1848, l'abolition de l'esclavage a enfin été appliquée dans les colonies françaises, aujourd'hui département d'outre-mer français. Proposé par Victor Schoelcher, soutenu par beaucoup de députés abolitionnistes parfois de ces territoires ou de l'Hexagone. Un tournant historique. Une victoire de la liberté. Une date qui mérite, franchement, mieux qu'une note de bas de page dans un manuel d'histoire. 

Pourquoi maintenant ? Parce qu'en ce moment, dans les bureaux feutrés des ministères, à l'Assemblée Nationale, un peu partout, on réfléchi très sérieusement à supprimer un jour férié. Pour faire joli dans les graphiques de croissance, apparemment. Supprimer, oui. Mais remplacer ? Ah non. Trop original, sans doute. 

Alors voilà, si on doit toucher au calendrier, autant le faire avec un peu de sens, non ? Plutôt que d'effacer un jour au hasard, pourquoi ne pas lui donner un successeur qui raconte vraiment quelque chose ? Une mémoire, un engagement, une promesse tenue. Bref, un jour où la République a tenu parole. 

Ce n'est pas une croisade contre les traditions, ni une déclaration de guerre à la religion. C'est juste une proposition. Une idée simple, sans drapeau ni tambour, mais pleine de cohérence : quels jours avons-nous envie d'honorer, collectivement, aujourd'hui ? Et pourquoi pas celui-là ?

Voilà le point de départ de cette tribune. Un appel au débat. Et peut-être, qui sait, une petite révolution… de calendrier.

I/ Avant le 27 avril : histoire d'oublis et de retours en arrière. 

Si le le 27 avril 1848 mérité d'être un jour férié, ce n'est pas juste parce qu'il est "symbolique". C'est parce qu'il vient clore - ou du moins tenter de réparer - un chapitre complexe, douloureux et souvent mal connu de notre histoire. Une histoire faite de promesses trahies, d'abolitions suivies de rétablissements, d'avancées freinées par les intérêts économiques et les jeux de pouvoir. Bref, une histoire de liberté… sans cesse remise en question.

Dans cette première partie, on va justement revenir sur cet "avant". Pour comprendre pourquoi le 27 avril a été si nécessaire. Pourquoi cette date n'est pas tombée du ciel. Et pourquoi elle est un point d'aboutissement autant qu'un nouveau départ. 

D'abord, on parlera du 4 février 1794 - la première abolition - et de son terrible retour en arrière le 20 mai 1802. Deux dates qui ont fait vaciller des milliers de vies, entre la Guadeloupe et Haïti. Ensuite, on ira voir du côté de la Martinique, de la Guyane et de La Réunion : des territoires complètement zappés lors de la première abolition. Oui, même quand la liberté est votée, elle ne s'applique pas partout. 

Puis, on s'attardera sur un cliché tenace : celui qui fait croire que tout cela ne concerne "que les îles". Come si l'esclavage n'était qu'une affaire exotique, lointaine, vaguement embarrassante. Enfin, on regardera Napoléon autrement. Pas juste le stratège, l'empereur, le génie. Mais aussi celui qui a rétabli l'esclavage. Un rappel utile, disons, à l'heure où certaines statues brillent plus que les mémoires. 

Parce que comprendre le 27 avril, c'est aussi regarder en face ce qui l'a rendu nécessaire. Et là, franchement, il y a matière. 

1.1. 1794 - 1802 : L'abolition, la trahison, la résistance.

Le 4 février 1794, un acte fort est voté par la Convention montagnarde : l'abolition de l'esclavage dans toutes les colonies françaises. Oui, dès la Révolution française, au cœur du tumulte révolutionnaire, des députés comme Léger-Félicité Sonthonax  ou Danton que l'égalité républicaine ne peut exister sans l'émancipation des esclaves. Ce vote marque une rupture, un espoir : la République reconnaît enfin que la liberté ne peut être partielle et qu'elle doit s'appliquer aux hommes noirs et métis aussi.

Mais cet espoir sera de courte durée. Moins d'une décennie plus tard, le 20 mai 1802, Napoléon Bonaparte, devenu premier consul, signe la loi rétablissant l'esclavage dans les colonies. Froidement. Officiellement pour des raisons économiques, en réalité sous la pression des colons et des intérêts sucriers. Un retournement brutal, une trahison. 

La Guadeloupe et la trahison de 1802.

Au sein de la Guadeloupe, en 1794, de nombreux citoyens noirs libres et métis se sont engagés dans la vie publique, dans l'armée, dans la défense de la République. Des noms brillent : Joseph Ignace, Louis Delgrès, Solitude… 

Mais quand Napoléon Bonaparte décide de rétablir l'esclavage par décret en 1802, la Guadeloupe résiste. Delgrès, notamment, refuse de redevenir esclave. Il mène une révolte contre les troupes envoyées par Antoine Richepanse. Acculé, il choisit de se faire exploser le 28 mai 1802, dans l'Habitation Danglemont à Matouba, au fort de Basse-Terre, aujourd'hui nommé fort Delgrès. Il aurait dit "Vivre libre ou mourir".

En 2025, on commence à peine à regarder cette histoire en face. Et encore pas tous.

Saint-Domingue : la flamme haïtienne. 

A Saint-Domingue (actuelle Haïti), ce retournement ne passe pas non plus. La colonie était déjà en pleine révolution depuis 1791. Les esclaves s'étaient soulevés et Toussaint Louverture, ancien esclave devenu général de la République, avait pris le contrôle de l'île. Il avait même promulgué une constitution autonome en 1801, sans rompre officiellement avec la France. 

Napoléon envoie alors une armée pour reprendre la colonie. C'est le général Rochambeau qui se distingue, tristement, par sa cruauté : massacres, chiens dressés pour dévorer des Noirs, exécutions de masse, le gazage à fond de cale des prisonniers. Une violence indicible. Louverture est capturé et déporté en France, au fort de Joux dans le Doubs, où il mourra prisonnier, trahi par ceux qui se disaient héritiers des Lumières. 

Mais l'élan ne s'éteint pas. Jean-Jacques Dessalines, un autre ancien esclave, prend le relais. Il chasse définitivement les troupes françaises. En 1804, Saint-Domingue devient Haïti, première République noire indépendante du monde. Une victoire immense, mais à quel prix. 

Une dette impensable imposée par la France. 

On pourrait dire : "Haïti ne nous concerne plus, ils ont leur indépendance". Sauf que la France n'a pas laissé Haïti en paix. En 1825, sous Charles X, une escadre de guerre est envoyée exiger que le pays verse une indemnité de 150 millions de francs or (réduite ensuite à 90) pour "compenser les pertes" des anciens colons. Si on compare ce que ça vaut en euro aujourd'hui, cela fait 2,83 milliards d'euros. 

Une dette absurde, imposée au pays qui s'était libéré. Une dette pour avoir osé être libre. Le gouvernement haïtien finira de la payée en 1947. 

Et pendant ce temps ? En France, les gouvernements changent, la monarchie tombe, le Seconde République arrive… mais la dette n'est jamais abolie. Même après 1947 De Gaulle et les autres chefs d'Etats de la France  n'envisage jamais de rembourser Haïti. Alors oui, aujourd'hui, on s'étonne qu'Haïti soit l'un des pays les plus pauvres du monde. Mais qui a allumé la mèche ? Cette dette là, c'est aussi notre héritage. Le 27 avril 1848 aurait pu - aurait dû - être un moment de réparation. Mais la réparation, elle n'est jamais venue. 

Pourquoi ce passé éclaire le 27 avril ? 

Le décret du 27 avril 1848, signé par Victor Schoelcher alors député à l'Assemblée Nationale, abolit enfin l'esclavage. Une bonne fois pour toutes, dans les départements d'outre-mer français. C'est une avancée. Mais ce n'est pas un miracle tombé du ciel. C'est une réponse, tardive, à toutes ces trahisons, à toutes ces résistances. 

C'est aussi à mes yeux, un moment d'autocritique, ou du moins ça devrait l'être. On ne peut pas fêter le 27 avril sans reconnaître que, si  l'abolition est arrivée tardivement, c'est à cause de choix politiques français, de calculs économiques et d'un mépris tenace pour les vies noires et métisses. 

Honorer le 27 avril, c'est aussi assumer cette histoire. C'est assumer la dette morale que la République a envers ceux qu'elle a trahis. C'est se donner une chance, enfin de réparer. Par la mémoire. Par le symbole. Par l'exemplarité. 

1.2 Ceux qu'on a laissés de côté : Martinique, Guyane, Réunion. 

La légende républicaine voudrait qu’en 1794, l’esclavage ait été "aboli partout". En réalité ? Pas vraiment. Et surtout, pas partout. Car si la Convention montagnarde a bien voté l’abolition le 4 février 1794, encore fallait il l'appliquer dans les territoires concernés. Et là, la situation est beaucoup plus floue… ou franchement scandaleuse.

La Martinique : trahison en règle.

Prenons la Martinique par exemple, en 1794, elle est… occupée par les Anglais. Les colons blancs ont préféré se vendre à la couronne britannique plutôt que de voir l’abolition s’appliquer. Ce sont des royalistes en même temps, on ne va pas leur reprocher, mais il est quand même curieux que la Convention ne soit pas envoyée une partie de la garde nationale pour permettre l'application de ce décret en Martinique, curieux n'est-ce pas ?   Résultat : aucune abolition, évidemment. Les planteurs martiniquais continuent d’exploiter les esclaves tranquillement pendant que la République, ailleurs, tente de faire avancer l’égalité.

Au moment où Napoléon rétablit l’esclavage en 1802, avec la Paix d'Amiens ? La Martinique, elle, n’a jamais connu l’abolition. Donc "rétablissement" ? Non. Juste la continuation honteuse d’un système qu’elle n’a jamais remis en question à cette époque. Et pourtant, on entend rarement parler de cette mascarade dans les discours officiels. Étonnant, non ?

Elle prendra tout de même sa revanche le 22 mai 1848, lorsque les esclaves et libres noirs lassés d'attendre que le décret du 27 avril arrive par bateau se révolte contre les colons. 

La Guyane : l’art du contournement.

En Guyane, c’est plus tordu encore. L’abolition de 1794 y est bien proclamée. Sur le papier. Mais dans la réalité ? On contourne. On temporise. On "attend les instructions". Et surtout, on garde les esclaves au travail. Certains propriétaires vont jusqu’à dissimuler l’existence d’anciens esclaves, ou les faire signer des contrats d’engagements forcés sous prétexte qu’ils sont "libres".

Bref, c’est un jeu de dupes, où l’administration locale fait semblant d’appliquer l’abolition, tout en préservant l’ordre économique. Et ce jusqu’au retour en force du décret napoléonien, qui referme la parenthèse pour de bon.

La Réunion (île Bourbon) : l’oubli total.

Et puis il y a La Réunion, à l’époque encore appelée Île Bourbon. Là, c’est simple : on n’y a même pas pensé. La loi de 1794 ne s’y applique jamais. Pas un décret, pas un navire, pas un mot. Silence radio. L’abolition ? Quelle abolition ?

L’île reste un bastion esclavagiste sans le moindre remords pendant encore plus d’un demi-siècle. Et ce, malgré les révolutions, malgré les débats en métropole, malgré les révoltes ailleurs. C’est comme si on avait dit : "L'île Bourbon, ce n’est pas vraiment la République. On verra plus tard." Littéralement mis de côté par ignorance ou mépris.

Pourquoi le 27 avril change la donne ? 

C’est pour toutes ces raisons que le décret du 27 avril 1848 est si essentiel. Parce qu’il pose enfin une règle unique, claire, irréversible. Et surtout, parce qu’il s’applique vraiment partout : Martinique, Guyane, Guadeloupe, Réunion, Mayotte, etc. On ne laisse plus la liberté dépendre de la bonne volonté des gouverneurs ou de la présence de l’armée.
Ce décret met fin à l’arbitraire colonial. Il sort la liberté de la logique du "au cas par cas". Il ferme la porte aux jeux d’alliances, aux trahisons, aux silences. Il ne laisse plus le choix.
Alors oui, ça aurait dû être fait bien plus tôt. Mais en 1848, la République se rattrape enfin. Elle proclame que la liberté est non négociable, universelle, immédiate. Et rien que pour cela, le 27 avril mérite d’être honoré.

1.3. Non, l'esclavage ne s'est pas arrêter aux DOM-TOM. 

Quand j’étais au lycée, on nous parlait du commerce triangulaire. On dessinait des flèches sur une carte : la France → l’Afrique → les Antilles → la France. On nous disait : "les esclaves, c’étaient là-bas", "le sucre, ici", "le passé, loin". Et même si, heureusement, cette carte là n’existait pas que dans les manuels, on ne parlait presque jamais de ce que cela voulait dire ici, en métropole. Pourtant…

Les ports, les hôtels particuliers, les rues d’aujourd’hui.

Les ports français ont été les poumons de ce commerce : Nantes, Bordeaux, La Rochelle, Le Havre. Tous ont connu une prospérité fulgurante grâce à la traite négrière. On y chargeait des armes, des tissus, de l’alcool à destination de l’Afrique. Et on y débarquait du sucre, du café, du coton… produits dans les colonies par des hommes, des femmes, des enfants réduits en esclavage.

Et les profits ? Ils ont bâti des maisons bourgeoises, des banques, des dynasties, des hôtels particuliers. Certains noms de rues, encore aujourd’hui, célèbrent sans le dire des fortunes issues directement de ce système.

Quand je me balade à Paris, je m'aperçois encore que dans le 2e arrondissement par exemple il y a encore une rue Colbert, dans le 5e arrondissement on la rue de l'Hôtel-Dieu Colbert. Dans le 10e arrondissement un lycée porte son nom. A Marseille, si ma mémoire est bonne il existe une station de métro nommé Colbert, c'est la ligne 1, inaugurée le 11 mars 1978. 

Oui vous avez bien lu, je parle bien de Jean-Baptiste Colbert. Le grand ordonnateur de Louis XIV, celui qui gères les finances du monarque. Mais aussi, qui s'assure que le commerce triangulaire et les anciennes colonies soient bien tenues. Dans un soucis d'ordre et de prospérité, il s'est dit aussi qu'il fallait organiser proprement l'inhumanité. En 1685, il accouche du célèbre Code Noir. Ce code qui classe l'être humain noir entre le bétail et le mobilier, lui refusant l'âme, la liberté et parfois même la sépulture. 

Ironie ultime ? De nos jours des enfants noirs passent leur bac dans un lycée Colbert, sans qu'on leur rappelle que leur ancêtre, n'aurait même pas eu droit à un banc. 

Puis ce n’est pas tout : des esclaves ont aussi été amenés sur le sol français. Le Code Noir le permettait.  Oui, des Noirs enchaînés ont vécu à Paris, à Nantes, à Marseille – parfois exhibés comme des curiosités, parfois "domestiqués" dans des maisons de maître. Ils étaient bien là. invisibles, mais présents.

Les colons ne viennent pas de nulle part. 

On a parfois tendance à imaginer les colons comme des figures isolées, comme s’ils s’étaient matérialisés dans les îles par magie. Mais ils venaient d’ici. De Bretagne, de Normandie, du Sud-Ouest. Ils étaient les cousins, les fils, les époux des familles bien établies en métropole. Ils écrivaient des lettres, faisaient des placements, envoyaient des cadeaux, et revenaient parfois "au pays" riches des sueurs et du sang des autres.

Ce ne sont pas "les Antilles" qui ont inventé l’esclavage. C’est la France entière qui l’a pensé, organisé, enrichi, banalisé.

 Les Lumières… pas si éclairées.

Même dans les discours les plus nobles, il faut ouvrir les yeux. On aime citer les Lumières : la liberté, l’égalité, la dignité humaine. Mais on oublie que certains de leurs grands noms, parfois les mêmes, ont aussi écrit des choses abjectes.

Voltaire, par exemple, célèbre pour sa plume mordante contre l’intolérance, investissait dans la traite et écrivait que les Noirs étaient "inférieurs par nature".


Montesquieu, qui a théorisé la séparation des pouvoirs, écrivait dans De l’Esprit des Lois que l’esclavage des Noirs pouvait se justifier sous certaines conditions climatiques. Condorcet, heureusement, fut plus cohérent. Mais les Lumières, dans leur ensemble, ont aussi participé à normaliser une hiérarchie raciale.

Ce n’est donc pas qu’une affaire d’outre-mer. C’est une affaire française. Une affaire européenne. Une affaire de société, de pensée, d’économie, de silence aussi.

 Pourquoi le 27 avril est fondamental ici aussi ?

Dire que le 27 avril 1848 ne concerne "que les DOM", c’est justement reproduire le déni. Ce décret, il ne s’adresse pas uniquement aux esclaves des colonies. Il interroge la France tout entière :

Qui a permis cet esclavage ? Qui en a profité ? Qui a détourné les yeux pendant deux siècles ?

Le 27 avril, c’est le moment où la République regarde (enfin) ce qu’elle a permis et fait mine de réparer. C’est un point d’ancrage pour dire que cette histoire n’est pas périphérique, pas étrangère, pas locale. Elle est centrale.

Si on veut vraiment que ce jour serve à quelque chose, alors il faut aussi l’utiliser pour enseigner ce lien, le graver dans nos mémoires collectives, ne plus le cacher sous le tapis du "là-bas".

1.4. Le 27 avril peut aussi nous aider à regarder Napoléon autrement.

C’est vrai, Napoléon n’a rien à voir directement avec le 27 avril 1848. Il est mort bien avant. Et ce n’est pas lui qui a aboli l’esclavage. Bien au contraire : c’est lui qui l’a rétabli, par la loi du 20 mai 1802. Et pourtant, parler du 27 avril, c’est aussi parler de lui. Parce qu’on ne peut pas comprendre l’importance de l’abolition de 1848 sans rappeler ce qu’il s’est passé avant. Et surtout, ce que Napoléon a consciemment choisi de faire.

On entend souvent : "C’était un homme de son temps." Oui… mais pas tous les hommes de son temps n’ont défendu l’esclavage. D’autres, comme Condorcet, Boissy d’Anglas ou encore l’abbé Grégoire, ont tenté de défendre une autre voie. Certains ont même péri ou été marginalisés pour avoir tenu tête à l’Empire.

Napoléon, lui, a tranché. Il a préféré écouter les colons, les planteurs, les intérêts économiques. Il a envoyé des armées pour faire taire les résistants aux colonies, massacrer des Noirs, des métis, des Républicains. Il a fait déporter Toussaint Louverture, le laissant mourir de froid et de faim au fort de Joux. Il a muselé ses opposants, fermé les journaux, et instauré une censure sévère sur les débats autour de la colonisation.

Ainsi, il ne s’est pas contenté de rétablir l’esclavage. Il a aussi, dans ses discours et ses textes de lois, posé les bases d’une hiérarchie raciale. Il a interdit les mariages mixtes entre Noirs et Blancs dans certaines colonies, il a classé les populations selon leur "degré de civilisation". Tout cela n’est pas un détail.

Un homme complexe, une mémoire sélective.

Napoléon n’a pas fait du mal qu’aux Noirs. Il a aussi fait tuer des milliers de soldats européens dans ses guerres de conquête. Il a imposé son pouvoir au prix du sang. Il a relégué les femmes à un statut inférieur dans le Code civil. Bref, il a construit en détruisant.

Et c’est justement pour cela que le 27 avril 1848 peut être utile : non pas pour effacer Napoléon, mais pour offrir un autre récit, un contre-champ historique. Un moment où la République a dit : stop, plus jamais ça. Un moment où on peut rééquilibrer les mémoires, où l’on se donne le droit de dire : "Napoléon était un stratège, un bâtisseur… mais aussi un homme qui a laissé derrière lui des traces profondes de souffrance."

Rappeler cela, c’est adulte. C’est sain. Et c’est nécessaire.

Alors non, il ne s’agit pas de cracher sur Napoléon, ni de nier ce qu’il nous a légué : le Code civil, les lycées, l’administration moderne, les préfets… Mais il s’agit d’en finir avec cette glorification aveugle. Parce que chaque fois qu’on le célèbre sans nuance, sans même mentionner ce qu’il a infligé à nos compatriotes noirs, on les invisibilise. Et pour certains, ça fait mal. Ça vexe, ça divise, et ça laisse l’histoire en suspens.

 Pourquoi cela renforce le sens du 27 avril.

Si on faisait du 27 avril un jour férié, ce ne serait pas juste un "jour des DOM", ou une parenthèse dans l’agenda scolaire. Ce serait un jour pour regarder ce personnage et son histoire en face. Un jour pour sortir des silences. Pour dire que le héros qu’on glorifie sur les places publiques peut aussi avoir été le bourreau d’une part de notre peuple.

Ce serait aussi un jour pour dire que la République n’a pas toujours tenu parole, mais qu’elle peut reconnaître, réparer, et avancer.

II. Traditions, mémoire et jours fériés : faut-il vraiment choisir ?

On le sait : en France, dès qu’on touche à une tradition chrétienne, ça fait lever les boucliers. Il suffit de suggérer de remplacer le lundi de Pâques par une autre date pour entendre les mots "patrimoine", "racines", "identité", parfois même "civilisation". Comme si le fait de ne plus chômer officiellement un lundi signifiait la fin de la foi, des cloches et du chocolat.

Mais soyons honnêtes : en 2025, combien de Français vivent vraiment le lundi de Pâques comme un moment spirituel ? Et même si c’est le cas pour certains, est-ce que cela empêche de le célébrer en privé, comme on le fait déjà pour le Ramadan, Yom Kippour, ou le Nouvel An chinois ?

Ensuite, il faut bien voir que le souvenir de l’esclavage n’est pas absent du calendrier. Des commémorations ont lieu chaque année… mais souvent locales, discrètes, limitées à quelques départements ultramarins. Pourquoi pas nationale, une bonne fois pour toutes ?

Autre question : faut-il appartenir à un groupe concerné pour se sentir touché ? Non. Ce n’est pas un monopole de la douleur, ni un échelonnage des souffrances. Ce n’est pas parce que l’on parle de l’esclavage qu’on oublie les autres histoires.

Enfin, il y a cette idée qu’on oppose souvent : "Oui, mais la foi chrétienne est très forte dans les départements d'outre-mer !" C’est vrai. Mais la mémoire aussi. La foi et la mémoire ne sont pas ennemies. Au contraire, elles peuvent même cohabiter, se nourrir l’une l’autre.

2.1. Le lundi de Pâques : tradition, chocolat et confort républicain.

Commençons par remettre les choses dans son contexte : qu’est-ce que le lundi de Pâques, au juste ? C’est un jour férié d’origine chrétienne, non mentionné dans la Bible, qui fait simplement suite à la fête principale : le dimanche de Pâques, qui célèbre, pour les chrétiens, la résurrection du Christ.

Le lundi de Pâques, lui, n’est pas une obligation religieuse. Il est férié dans certains pays d’Europe (pas tous), et en France, c’est devenu surtout… un jour de week-end prolongé. On le passe à finir les restes d'un repas de famille, à manger des cloches et des œufs en chocolat, et parfois à faire une balade au soleil, si le temps le permet. Pour beaucoup, la dimension spirituelle est totalement absente. On parle de jour de repos culturel plus que de ferveur.

Alors oui, quand on propose de remplacer ce jour par une date porteuse de mémoire nationale, on entend tout de suite :

"Mais c’est une tradition !"
"On touche à nos racines !"
"Et puis, c’est un lundi de congé pratique !"

Eh bien justement. Parlons en.

Un confort de calendrier, pas un pilier spirituel.

Le lundi de Pâques est un jour mobile. Il peut tomber de fin mars à fin avril. Le 27 avril, lui, tombe parfois un lundi, parfois un vendredi, parfois un mercredi. Oui, ce ne serait pas un long week-end garanti. Mais est-ce cela qui compte, au fond ? Ce qu’on défend, là, c’est un confort, pas une foi. Et ce confort n’est pas un argument solide face à une cause historique, nationale, humaine.

La sphère privée existe pour toutes les religions.

Par ailleurs, remplacer le lundi de Pâques ne veut pas dire interdire Pâques. En France, aucune religion n’a le monopole sur le calendrier. Les musulmans fêtent l’Aïd el-Fitr ou l’Aïd el-Kébir, les juifs fêtent Yom Kippour, les bouddhistes ont Vesak, les hindous fêtent Diwali, etc. Toutes ces fêtes sont célébrées dans la sphère privée, avec des congés posés individuellement. Et personne ne remet cela en question.

Alors pourquoi, dans une République laïque, serait-il sacrilège de proposer que les chrétiens fassent de même s’ils tiennent à célébrer leur lundi ? La République garantit la liberté de culte, mais elle n’est pas censée organiser le calendrier religieux des uns et pas des autres.

Vous allez me dire ensuite :

"On ne peut pas faire un jour férié pour chaque religion, on est un pays laïc !"

Très bien. Alors allons jusqu’au bout de cette logique : faisons un jour férié pour un fait historique et républicain, un fait qui concerne tout le monde, pas une seule confession.

Le 27 avril 1848, jour de l’abolition de l’esclavage dans les départements français d'outre-mer, n’est pas une date religieuse. C’est une date citoyenne. Humaniste. Républicaine. Elle ne divise pas, elle rassemble. Elle ne repose pas sur une croyance, mais sur un engagement : celui d’une liberté reconnue pour tous.

Ce que l'on peut retenir de cette sous-partie… 

Alors oui, remplacer le lundi de Pâques par le 27 avril, ce n’est pas "supprimer" une tradition. C’est simplement dire que, dans un pays où l’on ne peut pas officialiser toutes les fêtes religieuses, il est plus juste, plus cohérent, de choisir des jours qui portent une mémoire partagée. C’est cela, la laïcité : permettre toutes les pratiques dans l’intime, mais réserver les symboles nationaux à ce qui nous unit vraiment.

2.2. Une mémoire éclatée : commémorations locales, oubli national.

Oui, il existe des dates de commémoration de l’abolition de l’esclavage en France. Et elles sont précieuses. On ne demande surtout pas de les supprimer : chaque département concerné, a son histoire, ses héros, ses traumatismes, ses luttes. Et il est légitime qu’ils tiennent à leur date, celle qui correspond à leur réalité historique.

Un calendrier éclaté mais chargé de sens.

Voici quelques-unes de ces dates :

  • 22 mai : en Martinique, cette date marque la révolte des esclaves en 1848. Ce soulèvement populaire a précipité l’application du décret de Schœlcher sur l’île, proclamé par le gouverneur de l'époque Claude Rostoland. 
  • 27 mai : en Guadeloupe, c’est le jour de l’arrivée du décret de 1848 dans l’île. Le gouverneur Marie Jean-François Layrle proclame la fin de l’esclavage ce jour-là.
  • 10 juin : en Guyane, cette date marque la publication du décret dans la colonie, proclamé par le commissaire Aimé Pariset.
  • 20 décembre : à La Réunion, l’abolition est proclamée par le commissaire Joseph Sarda Garriga en 1848. La date est fériée sur l’île depuis 1981.

Chacune de ces dates est le fruit d’une chronologie particulière. Et leur maintien est essentiel : elles font vivre la mémoire locale, elles sont des repères pour les habitants, elles incarnent des luttes réelles, enracinées.

Mais justement : pourquoi ce morcellement ne donne-t-il pas lieu à une reconnaissance nationale commune ? Pourquoi n’y a-t-il pas un jour férié partagé, inscrit dans le calendrier républicain, qui dise clairement :

“Ce jour-là, la République a mis fin à l’un des crimes les plus graves de son histoire” ?

Oui, certains ont tenté de faire du 27 avril un jour férié national.

On ne va pas se mentir : des élus, des intellectuels, des militants ont porté cette proposition. Et depuis longtemps.

  • En 1998, lors du 150e anniversaire de l’abolition, Aimé Césaire et Gaston Monnerville (ancien président du Sénat, guyanais) ont insisté sur la nécessité d’un acte symbolique fort à l’échelle nationale.
  • En 2001, lors de la discussion de la loi Taubira, Jean-Marc Ayrault (alors député-maire de Nantes) a proposé que le 27 avril devienne un jour férié pour honorer ce passé.
  • En 2013, Serge Letchimy, député de la Martinique, a défendu la même idée à l’Assemblée nationale, évoquant la “fracture mémorielle” entre l’hexagone et les Outre-mer.

Et pourtant ? Rien. Silence. Une réponse classique du gouvernement revient souvent :

“Il existe déjà la Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions, le 10 mai, instaurée par Jacques Chirac en 2006”. Très bien. Mais cette journée n’est pas fériée, elle est peu connue, peu célébrée dans l’Hexagone, et souvent vidée de son sens, réduite à un discours officiel ou une cérémonie confidentielle.

Une forme d’indifférence politique ?

Soyons francs : ne pas avoir de jour férié national pour l’abolition, alors qu’on en a pour des fêtes religieuses, des événements militaires, des traditions parfois méconnues, dit quelque chose. Cela renforce l’idée que l’histoire de l’esclavage est secondaire, périphérique, "domienne" au sens péjoratif du terme. Comme si cela ne concernait pas vraiment la République entière.

Et c’est là que l’idée d’un jour férié national le 27 avril prend tout son sens. Ce serait :

  • Un jour républicain, pas confessionnel.
  • Un jour de mémoire partagée, au lieu de mémoires éclatées.
  • Un jour qui n’efface aucune commémoration locale, mais qui les relie toutes.

Surtout, ce serait un geste politique clair : on ne dit pas juste "on se souvient", on dit : "on fait une place dans notre calendrier commun".

Ce que révèle le refus du 27 avril ?

À force de repousser cette proposition, on finit par poser un constat gênant : la mémoire de l’esclavage reste cantonnée aux marges. On l’autorise dans les territoires concernés. On accepte les fleurs, les discours, les statues. Mais on la refuse dans le calendrier officiel, dans la mémoire partagée. Comme si l’Hexagone n’était pas vraiment concerné.

Pourtant, comme on l’a vu dans le 1.3, le commerce triangulaire, les ports négriers, les fortunes coloniales, les élites qui ont profité du système... tout cela s’est construit aussi ici.

Alors pourquoi ce blocage ? Par paresse politique, sans doute. Par peur de réveiller une histoire qu’on n’a pas envie d’assumer. Mais ce refus, en lui-même, devient une injustice supplémentaire.

2.3 Non, ce n'est pas une histoire de "monopole de la douleur". 

En 2025, on entend souvent cette phrase, un peu comme une défense automatique :

“Faut arrêter avec le monopole de la douleur.”
On la sort dès qu’un sujet lié à l’esclavage, à la colonisation, à l’histoire des Outre-mer est mis sur la table. Comme si rappeler un fait historique, une injustice passée, c’était forcément revendiquer une souffrance supérieure à celle des autres. Comme si dire "on a été oublié", c’était chercher à "faire pleurer".

Eh bien non.

Pas une hiérarchie des douleurs, mais une reconnaissance équitable.

Personne ici ne nie que l’histoire française ait traversée de douleurs diverses :

  • Les guerres mondiales,
  • La Shoah,
  • La répression des communards,
  • Les victimes de la guerre d’Algérie,
  • Les luttes des ouvriers, des femmes, des immigrés... 

Chacune de ces mémoires mérite respect et visibilité. Mais pourquoi, alors, quand il s’agit de l’esclavage ou des territoires ultramarins, on brandit si vite l’accusation de "victimisation" ?

Pourquoi cette mémoire-là, spécifiquement, dérange-t-elle autant quand on la sort de son enclos local ?
Pourquoi les Antillais, Guyanais, Réunionnais, Mahorais ou Kanaks devraient-ils se contenter de leur coin de mémoire, sans jamais la voir portée au niveau national ?

“Les oubliés de la République” : ce n’est pas une formule creuse.

Quand on discute avec des personnes originaires des Outre-mer – et je parle ici d’expérience personnelle, de discussions réelles, pas de généralités sorties d’un livre – ce sentiment revient tout le temps :

“Le gouvernement est présent  quand il faut faire campagne pour les élections présidentielles, ils viennent nous voir, nous serrés la main puis c'est tout... mais pas quand il s’agit de notre histoire, de nos blessures, y a plus personne”.
Ils ne demandent pas la charité. Ils demandent la justice mémorielle.

Ce sentiment d’abandon ne date pas d’hier. Il commence déjà en 1848, quand l’État a indemnisé les colons (les békés), et pas les anciens esclaves. Environ 126 millions de francs ont été versés pour "compenser la perte de main-d’œuvre".
Autrement dit, on a payé les oppresseurs pour avoir perdu leur droit d’opprimer.

Et ça continue : pendant longtemps, les programmes scolaires ne mentionnaient que très brièvement la traite et l’abolition. Les livres d’histoire restaient silencieux ou elliptiques.
Et aujourd’hui encore, on continue souvent de réduire les outre-mer à des stéréotypes : plages, cyclones, chômage, grèves... "Ils exagèrent", "ils râlent", "ils veulent des aides"... Mais quand vient le moment de parler du 27 avril, du décret, de la longue lutte pour la liberté, alors là ? Silence radio.

Une phrase qui permet de détourner les yeux.

On dira peut-être :

“Mais tout le monde a souffert !”
Oui. Mais quand cette phrase devient une excuse pour ne rien reconnaître, pour ne pas regarder en face, alors elle se transforme en un outil de déni.

Dire "tout le monde a souffert", en 2025, c’est parfois une manière polie de dire :

"Moi, ça ne me concerne pas."
"C’est du passé."
"On ne va pas se flageller."

C’est une façon de reculer encore l’heure de vérité, de repousser la reconnaissance, de remettre à demain ce qu’on devrait affronter aujourd’hui.

Pourquoi le 27 avril changerait la donne ?

Faire du 27 avril un jour férié national, ce ne serait pas accorder une douleur de plus. Ce serait réintégrer une mémoire essentielle dans le corps de la République. Ce serait dire :

“Votre histoire n’est pas périphérique. Elle est centrale. Elle est nôtre.”

Ce serait donner aux outre-mer autre chose qu’un écran météo et un taux de chômage. Ce serait les inscrire dans le récit collectif. Ce serait, peut-être, guérir un peu, à défaut de tout réparer.

2.4. Foi chrétienne et mémoire de l’esclavage : faut-il vraiment choisir ?

Je le sais déjà. Ce que je vais dire ici ne plaira pas à tout le monde. Je sais que certains Antillais, Réunionnais, Guyanais, ou d’ailleurs, vont me lire les yeux écarquillés, comme si je venais d’insulter directement Dieu lui-même. Je les entends déjà me dire :

“Tu es un ingrat.”
“Tu renies l’œuvre du Créateur.”
“Tu t’en prends à la foi chrétienne !”

Pourtant… ce n’est pas du tout ce que je fais.

Ce que je dis, très simplement, c’est qu’on peut garder sa foi tout en réorganisant le calendrier républicain. Ce que je propose, ce n’est pas de brûler les églises ni d’interdire Pâques. C’est de dire que le lundi de Pâques, s’il devenait un jour travaillé, cela n’empêche personne de le célébrer.

La foi ne dépend pas d’un jour férié.

Soyons clairs : fêter une date religieuse ne dépend pas d’un jour chômé. En France, des millions de croyants le font déjà pour d’autres religions. Comme je l'ai déjà expliqué dans la partie 2.1. Et jusqu’à preuve du contraire, ils n’ont pas cessé d’être croyants pour autant.

Alors si un jour, le lundi de Pâques n’était plus férié (je dis bien si), rien n’empêche un chrétien pratiquant de prendre son jour de congé pour le vivre pleinement, en famille ou à l’église. Votre employeur ne tombera pas raide. Et vous n’en serez pas moins fidèle à votre foi. Évidemment, les hommes politiques conservateurs vont s’emparer du débat. Ils vont crier à la "persécution chrétienne", à la "cancel culture", à la "disparition de nos racines". Je les laisse crier. On ne peut pas plaire à tout le monde.

Mais au fond, ce n’est pas d’eux que je parle ici, ni de ceux qui cherchent à faire le buzz. Je parle à ceux qui réfléchissent, qui doutent, qui ressentent au fond d’eux que la mémoire mérite une place pleine et entière. Et je leur dis : ce n’est pas une guerre des symboles, c’est un choix de cohérence.

Foi et mémoire cohabitent déjà dans les outre-mer. 

Et ce qui est intéressant, c’est que dans les Outre-mer, la foi chrétienne est justement très forte. On le sait :

  • Les Antilles sont majoritairement catholiques.
  • La Réunion compte beaucoup de chrétiens, mais aussi de musulmans, hindous et bouddhistes.
  • En Guyane, le christianisme, sous toutes ses formes, est très présent.

Donc non, la foi chrétienne n’efface pas la mémoire de l’esclavage. Elle n’est pas un frein. Les deux peuvent coexister. Parmi ces deux dates qui sont le 27 avril et le Lundi de Pâques, l’une peut être fêté nationalement, l’autre dans la sphère privée. Et c’est précisément cela, la beauté des outre-mer : une mémoire vivante, une foi profonde, et une lucidité historique trop souvent absente ailleurs.

En résumé : la foi ne doit pas devenir un écran.

Je ne m’attends pas à ce qu’on me dise :

“Tu as raison, bravo !”

Je sais très bien que ce débat sera ignoré par certains, moqué par d’autres, récupéré par les pires aussi. Mais je suis convaincu que beaucoup, au fond d’eux, savent que j’ai touché quelque chose de vrai : que le 27 avril, c’est notre histoire commune, et qu’on peut très bien garder sa foi tout en donnant une vraie place à cette mémoire dans le calendrier national.

 Si on devait choisir – mais on ne doit pas – entre un jour de chocolat et un jour de mémoire partagée, vous savez très bien ce que choisirait votre conscience.

III/Une mémoire figée ? Ce qu’on en fait (ou pas) aujourd’hui

On va me dire :

“Mais il y a déjà des journées de commémoration !”
Et c’est vrai. Il y a le 10 mai, journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions, instituée en 2006, grâce au travail de Christiane Taubira et de tous ceux qui ont fait voter la loi de 2001 reconnaissant l’esclavage comme crime contre l’humanité.

C’est un moment fort. Symbolique. Un progrès. Et je ne remets pas du tout en question l’intention, ni le combat mené par Taubira – bien au contraire. Mais soyons honnêtes : qui se souvient du 10 mai ?
Combien de gens, dans l’Hexagone, sauraient me dire ce que c’est sans confondre avec autre chose ? La date flotte, sans ancrage. Elle est dans le calendrier… mais pas dans les esprits.

Ensuite, on parlera du cadre juridique : oui, l’esclavage transatlantique a été reconnu comme crime contre l’humanité. C’est énorme. Mais il semble qu’on se soit arrêté là. Comme si cette reconnaissance servait de point final, alors qu’elle devrait être un point de départ. Un plafond de verre mémoriel s’est installé. 

Enfin, on entend aussi souvent ce discours :

“Mais vous avez vos chaînes de télé, vos espaces d’expression, vos services publics…”

Ah bon ? On va en parler dans, car France Ô n’existe plus depuis 2020, et la visibilité des Outre-mer dans les médias nationaux frôle parfois l’inexistence. À la télé, on préfère montrer un cyclone qu’un débat. Une grève qu’un poète. 

Et c’est là qu’on comprend mieux pourquoi cette date, le 27 avril, doit revenir dans la lumière. Non pas comme une religion, non pas comme une revanche, mais comme un repère républicain fort, accessible à tous, visible, et vivant.

3.1 Le 10 mai : une date officielle... mais invisible.

Le 10 mai, c’est la Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions. Elle a été instituée en 2006, à l’initiative du président Jacques Chirac, suite à la loi Taubira de 2001, qui a reconnu l’esclavage transatlantique comme crime contre l’humanité. Une date importante. Une avancée politique et symbolique majeure.

En 2025, si vous sortez dans la rue et que vous demandez à un passant :

“Pour vous, c’est quoi, le 10 mai ?”
Il y a de fortes chances qu’on vous réponde :
“Le jour de la fête des mères ?”
“Un jour d’élections ?”
“Je sais pas…”

Et ce n’est pas un reproche contre ces personnes. C’est le signe d’un échec de diffusion, d’un manque de relais dans l’espace public, dans l’éducation, dans les médias.

Le 10 mai, pour le moment, c’est une cérémonie au Jardin du Luxembourg, à Paris. Une gerbe déposée, un discours présidentiel, une poignée d’élus. Et ensuite ? Le silence. Pas de jour férié. Pas de couverture nationale massive. Pas de temps d’arrêt dans la vie collective.

Pas un reproche, mais une relève nécessaire.

Je ne critique pas les personnes qui ont œuvré pour cette reconnaissance. Bien au contraire. Je pense que Christiane Taubira et d'autres ont porté ce combat avec courage, intelligence, et dignité. Mais ils ne peuvent pas tout faire à eux seuls.

C’est à nous, les plus jeunes, de reprendre le flambeau. D’inscrire cette mémoire dans la durée, dans la pratique, dans les gestes républicains visibles.

Pourquoi le 27 avril peut renforcer le 10 mai.

Le 10 mai est une commémoration morale, juridique, réflexive. Le 27 avril est une date historique concrète, un acte fondateur, le jour où le décret de Schœlcher a officiellement aboli l’esclavage dans les colonies françaises.

En faire un jour férié national, ce n’est pas effacer le 10 mai. C’est lui donner du poids, le compléter, l’incarner.

Car une mémoire ne vit pas seulement dans les discours, mais aussi dans les actes symboliques forts. Et un jour férié, c’est un acte fort. C’est ce qui fait entrer un souvenir dans le calendrier des consciences.

3.2 Le crime est reconnu. Et après ?

Je ne vais pas me répéter sur l’importance historique de la loi Taubira. Votée en 2001, elle reconnaît la traite négrière transatlantique et l’esclavage comme crimes contre l’humanité. C’est un texte majeur, unique en son genre. Il a ouvert une brèche juridique, morale, politique dans un silence de plusieurs siècles.

Et je le redis : chapeau bas à ceux qui l’ont portée. Parce que non, ce ne fut pas une promenade de santé.

Un combat semé d’embûches.

Quand Christiane Taubira a présenté ce projet de loi à l’Assemblée, elle a dû affronter :

  • Des moqueries de députés, certains refusant même d’être dans l’hémicycle.
  • Des accusations d'anti-France, de "ressentiment postcolonial".
  • Des menaces personnelles, verbales et écrites, relayées jusque dans certains médias.
  • Le refus, à l’époque, d’accorder des réparations concrètes ou de généraliser l’enseignement obligatoire de cette histoire.

Dans une interview à L’Obs en 2021, elle confiait :

"Je ne pouvais pas marcher dans la rue sans qu’on m’arrête pour me dire : ‘Vous divisez la République.’"

Et pourtant, elle a tenu. Et cette loi, aujourd’hui, fait autorité. Elle a inspiré des juristes, des enseignants, des artistes, des militants. Mais... depuis ?

Depuis 2020, que fait-on vraiment ?

Depuis 2020, le climat social et politique s’est tendu. La mémoire coloniale est redevenue un sujet brûlant, avec :

  • L’affaire George Floyd aux États-Unis (2020), qui a ravivé les débats en France.
  • Le déboulonnage de statues comme celle de Colbert ou Gallieni, contestées dans l’espace public.
  • Des mobilisations pour revaloriser les figures comme Delgrès, Louverture, Raspail.
  • Des appels à intégrer davantage cette mémoire dans les manuels scolaires ou les programmes télévisés.

Mais, en face, rien de vraiment structurel.

Pas de loi complémentaire.
Pas de reconnaissance officielle de la dette d’Haïti.
Pas d’extension des réparations symboliques.
Et toujours aucun jour férié national.

On nous répond parfois :

“Mais la loi Taubira existe déjà, c’est suffisant.”
Suffisant pour quoi ? Faire des discours une fois l’an, puis refermer la boîte jusqu’à l’année suivante ?

Le plafond de verre mémoriel.

La reconnaissance juridique, c’est bien. Mais elle ne suffit pas si elle reste sans conséquence réelle, sans traduction dans la vie collective.
C’est comme si cette loi était devenue un plafond de verre : on l’a atteinte, on l’a même encadrée… et puis on s’interdit d’aller plus loin.

C’est pour cela que le 27 avril est nécessaire. Parce qu’un jour férié national, ce n’est pas juste un jour chômé. C’est un signal fort :

“On continue. On rend cette mémoire visible. On la sort du juridique pour la faire entrer dans le quotidien.”

3.3 France Ô, France d’en haut ? La mémoire en exil

Aujourd’hui, on va me dire qu’on reconnaît les Antilles, la Guyane, la Réunion, Mayotte, la Nouvelle-Calédonie dans les chaînes publiques. On va me citer des reportages, des séries documentaires, des invités à la télé, ou des petits encarts en bas de l’écran qui parlent du cyclone Freddy.
Ok.
Mais ça, c’est du saupoudrage.
Pas de la visibilité.

Et puis surtout… France Ô. Vous vous souvenez ?
C’était une chaîne.
Oui, une chaîne pas parfaite, mais une chaîne entièrement dédiée aux Outre-mer, faite avec les gens de là-bas, racontée par eux-mêmes.

France Ô, ce n’était pas que des plages.

Alors, oui, je vois déjà les puristes du service public me dire :

“Mais France Ô, ce n’est pas que les Outre-mer. Ce n’est pas qu’un canal identitaire.”

Mais si, en fait. Et c’est très bien comme ça.
Parce qu’avant sa fermeture, France Ô a ouvert des fenêtres qu’aucune autre chaîne ne voulait vraiment ouvrir.

Par exemple, les émissions marquantes sur l’esclavage :

  • Les routes de l’esclavage, une série de docu-fiction exceptionnelle, coproduite avec ARTE.
  • Esclavage, une histoire de la liberté, en 2019, dans laquelle des historiens ultramarins prenaient la parole.
  • Et des formats comme Les Témoins d’Outre-mer, ou Archipels, qui donnaient la parole aux survivances mémorielles, à la culture créole, aux penseurs d’aujourd’hui.

Et je ne parle même pas des émissions culturelles sur les langues, la musique, les luttes sociales ou l’économie réelle des Outre-mer, loin des clichés de plages et de ti-punch.

Et depuis 2020 ? Pouf. Disparus.

Le 31 août 2020, à 23h59, France Ô a disparu des écrans.
On nous a promis que les contenus allaient être réinjectés sur les autres antennes de France Télévisions, notamment France 2, France 3, France 5 et ARTE.

Tu parles.
Tu veux voir un documentaire sur l’abolition de l’esclavage ? Tu dois attendre 23h50 sur ARTE un jeudi soir, ou chercher sur le site france.tv si tu es bien réveillé. Un sujet sur l’histoire des révoltes marronnes ? Peut-être sur France 5 à 9h30 un mardi matin.
Une fiction avec des acteurs noirs d’outre-mer dans des rôles principaux ? Bon courage.

Alors oui, il reste la plateforme "La 1ère". Mais elle s’adresse surtout aux habitants actuels des territoires ultramarins. Et moi ?
Je suis né en région parisienne. Ma mère vient d’Auvergne, mon père de La Martinique. Un mélange, un vrai. Je me sens français, évidemment. Mais français avec une histoire, un héritage, et des silences.

Et les enfants de ceux qui sont venus ?

On nous oublie.
Quand on parle d’outre-mer en métropole, c’est souvent dans les urgences cycloniques ou les clichés touristiques.
Mais les enfants d’ultramarins nés en France hexagonale, on en fait quoi ?

On nous dit :

“Mais le 27 avril, ce n’est pas notre histoire ici.”
C’est faux. C’est un mensonge.
Mon père quand est arrivé en France avec des récits d’inégalités dans sa valise, et moi j’ai hérité d’une mémoire tronquée, d’un devoir de combler le vide.

Le 27 avril, ce n’est pas juste un acte administratif. C’est une date-pivot.
Elle pourrait être un pont entre ceux qui ont vécu là-bas, ceux qui y vivent encore, et ceux qui sont nés ici avec le cœur là-bas.
Elle pourrait réparer un peu de ce qui a été abandonné quand France Ô a disparu.

Une commémoration nationale pour recoller les morceaux.

Je ne dis pas que le 27 avril va tout régler. Ce serait naïf.
Mais si ce jour devenait férié nationalement, ce serait un signal pour les jeunes, pour les familles métissées, pour les silences dans les livres d’histoire.
Ce serait une forme de continuation de France Ô, non pas dans l’image, mais dans l’écoute.
Et franchement, il serait temps.

Conclusion – Une mémoire à partager, un débat à ouvrir.

J’ai dit ce que j’avais à dire.

Pas avec arrogance, ni avec colère.

De la manière la plus polie possible, avec mes mots, mes doutes, mon vécu.

Je ne suis ni élu, ni militant associatif, ni historien de profession. Je suis juste un citoyen, comme tant d'autres, timide de nature, qui pense qu’écrire, même depuis un écran, peut peut-être faire avancer quelque chose.

Peut-être qu’un élu tombera un jour sur ces lignes.

Peut-être qu’un professeur, un journaliste, un étudiant, un ultramarin de cœur ou de naissance, y reconnaîtra un écho. Et s’il s’en empare pour aller plus loin, pour en faire un combat plus structuré, tant mieux. Moi je n’ai pas cette prétention.

Je voulais simplement que ce soit dit. Le 27 avril n’est pas une simple date du passé.

Il ne l’a jamais été.

 Dans la première partie, on a vu comment l’histoire de l’esclavage, de ses ports, de ses profits, des hommes des Lumières ambigus, nous concernait tous, dans toute la République, et pas seulement dans les DOM.

Dans la deuxième partie, on a montré que les traditions religieuses peuvent cohabiter avec la mémoire collective, et qu’on ne perd rien à faire du 27 avril un jour férié national, au contraire, on y gagne en vérité et en respect partagé.

Dans la troisième partie, on a vu que les commémorations actuelles, comme le 10 mai, sont nécessaires mais insuffisantes, parfois oubliées, parfois vidées de sens faute de relais dans les médias ou dans l’éducation. Le 27 avril peut renforcer ces mémoires, compléter ce qui manque, relier ce qui est fragmenté.

Je ne demande pas, qu’on dise que j’ai raison. Je sais que certains vont me contredire, me juger, ou simplement ignorer ce texte. Mais ce que je sais, au fond de moi, c’est que la mémoire ne doit pas être optionnelle. Et qu’on peut préférer la vérité à la facilité, l’unité au confort, la transmission à l’oubli. Le 27 avril est une clé de lecture, une opportunité, une réparation possible. Et si elle n’ouvre pas toutes les portes, qu’elle en entrouvre au moins une : celle du respect de tous les héritages.

J’ai dit ce que j’avais à dire, de la manière la plus polie possible, sans prétendre être historien, élu ou militant. Juste un jeune Français de 25 ans, entre mémoire, questionnements, et respect. Peut-être que ce texte tombera dans l’oubli, ou peut-être que quelqu’un de plus courageux ou plus écouté s’en saisira. Quoi qu’il en soit, j’ai voulu participer, à ma manière, à un débat qui mérite d’exister.

Revenons d’abord à l’avant-1848 : il ne s’agit pas seulement d’un passé lointain, mais d’une réalité qui structure encore notre présent. L’esclavage fut un système économique, raciste et profondément inhumain, orchestré depuis les ports métropolitains, avec la complicité d’hommes qu’on glorifie parfois sans nuance. Oui, Napoléon a rétabli l’esclavage en 1802, muselé les opposants, et amorcé un discours déshumanisant sur les Noirs. On ne peut pas continuer à dire que tout le monde était d’accord, que c’était "l’époque" — des voix s’y opposaient déjà. Le 27 avril 1848, avec le décret porté par Victor Schœlcher et ses alliés, marque donc plus qu’un simple texte administratif : il incarne la rupture avec l’ordre colonial esclavagiste, même si elle a été lente, incomplète, et trop souvent trahie ensuite.

C’est pour cela que dans notre première grande partie, nous avons questionné la place du 27 avril dans l’histoire nationale. Pourquoi une mémoire aussi majeure ne figure-t-elle pas parmi les commémorations centrales ? Pourquoi continue-t-on à penser que cela ne concernerait que les DOM, alors que ce système partait de la métropole, enrichissait la métropole, et fut aboli par un décret républicain français ? Nous avons aussi montré que glorifier des figures comme Napoléon sans nuance, c’est oublier tout un pan de l’histoire — celui des oppressés, des résistants, et de ceux qui continuent aujourd’hui à vivre avec les conséquences de cette histoire.

Dans la deuxième partie, nous avons soulevé un point simple : on ne demande pas d’effacer d’autres fêtes religieuses ou mémorielles, mais de créer un vrai équilibre républicain. Le lundi de Pâques, jour férié issu d’un calendrier chrétien, pourrait être déplacé ou remplacé — non pas pour empêcher les croyants de le célébrer, mais pour offrir à tous une journée de mémoire républicaine. La laïcité ne consiste-t-elle pas justement à garantir l’égalité des mémoires dans la sphère publique ? Et si le 27 avril devenait une date nationale, cela n’effacerait pas les dates locales (22 mai, 27 mai, 20 décembre…), mais les compléterait. Ce serait une reconnaissance pleine du fait que l’esclavage, son abolition et sa mémoire sont une affaire française, pas uniquement ultramarine.

Enfin, dans la troisième partie, nous avons parlé de ce qu’on appelle trop souvent un "monopole de la douleur". Ce n’est pas ce que je cherche ici. Je ne cherche pas à hiérarchiser les mémoires, ni à minimiser d’autres souffrances. Mais je remarque, comme beaucoup d’Antillais, Guyanais, Réunionnais, Mahorais ou Calédoniens, qu’on ne les entend que pour parler de cyclones, de grèves, de chômage… et si peu quand il s’agit de transmettre leur histoire, leur combat, leur dignité. La fermeture de France Ô en 2020 est symbolique : elle a privé beaucoup de jeunes comme moi d’une source de connaissance télévisuelle. La mémoire ne peut pas reposer uniquement sur les anciens, ni sur les livres scolaires trop courts. Elle doit exister dans l’espace commun. Et pour ça, le 27 avril peut être une passerelle : entre les générations, entre les territoires, entre les mémoires.

Je ne suis pas naïf. Je sais que ce combat dérange. Je sais qu’on me dira que c’est trop compliqué, trop coûteux, trop polémique. Mais je pense aussi qu’il est trop facile d’ignorer, de temporiser, ou de relativiser. La République ne doit pas seulement promettre l’égalité, elle doit aussi la pratiquer dans sa mémoire. Et parfois, pour le faire, il faut oser poser une simple question : à quoi servent les dates si elles ne parlent qu’à une partie du peuple ?

 Bibliographie générale.

  • Décret du 4 février 1794 : Abolition de l’esclavage en France sous la Convention.

  • Loi du 20 mai 1802 (sous Napoléon Bonaparte) : rétablissement de l’esclavage.

  • Décret du 27 avril 1848 : Abolition définitive de l’esclavage en France, porté par Victor Schœlcher.

  • Olivier Grenouilleau, Les traites négrières, Gallimard, 2004.

  • Marcel Dorigny, Les abolitions de l'esclavage. De Léger-Félicité Sonthonax à Victor Schœlcher, Éditions CTHS, 1995.

  • CNMHE (Comité national pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage) – Rapports annuels.

  • Site de l’Assemblée nationale : Biographies et interventions de Victor Schœlcher, Abbé Grégoire, Lamartine, Ledru-Rollin, François Arago.

  • Loi Taubira du 21 mai 2001 : reconnaissance de la traite et de l’esclavage comme crimes contre l’humanité.

  • 22 mai : abolition en Martinique (soulèvement d'esclaves).

  • 27 mai : abolition à la Guadeloupe.

  • 10 juin : abolition en Guyane.

  • 20 décembre : abolition à La Réunion.

  • "Pourquoi la mémoire de l’esclavage est-elle divisée ?", France Culture, 2021.

  • CNMHE, calendrier des commémorations locales et nationales.

  • Débats parlementaires sur la proposition de faire du 27 avril un jour férié national (propositions déposées entre 2017 et 2022).

  • Françoise Vergès, La mémoire enchaînée. Questions sur l'esclavage, Albin Michel, 2006.

  • Myriam Cottias, Esclavages. Regards croisés, CNRS Éditions, 2020.

  • Émissions sur France Ô (avant 2020) :

    • Les routes de l’esclavage (Arte/France Ô, 2018).

    • Histoires d’outre-mer, Les témoins d’outre-mer.

    • Archipels, Itinéraires.

  • Fermeture de France Ô : Ministère de la Culture, rapport de 2019 sur la réorganisation de l’audiovisuel public.

  • ARTE, Esclavage, une histoire européenne (2022).

  • INA.fr : Archives vidéos sur la mémoire de l’esclavage et la télévision ultramarine.

  • Code du travail : jours fériés et droits aux congés (lundi de Pâques, fêtes religieuses reconnues).

  • Débats sur la laïcité et les fêtes religieuses : Observatoire de la laïcité, 2020.

  • République laïque, diversité religieuse et calendrier : Recherches dans La Vie des Idées, Le Monde des Religions.

  • Rapport du Défenseur des droits, Discriminations dans les Outre-mer, 2023.

  • Association CM98 : Collectif pour la Mémoire de l’Esclavage, documents pédagogiques.

  • Observatoire des inégalités : accès aux médias, représentation et inégalités dans l’audiovisuel.

  • France Télévisions : engagements pour les ultramarins (plans d’action 2020–2024).

  • Rapports du CSA / ARCOM sur la visibilité des Outre-mer dans les médias.

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