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Billet de blog 21 février 2018

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"Moi" en tout cas. Primatologie du bonheur à la sauce Café du Commerce

On peut, sans trop prendre de risque, postuler que l'eugénisme et ses détestables corollaires que sont le capitalisme néolibéral et le fascisme entre autres, comptent parmi les facteurs aggravants ; voir, les causes : mêmes, premières ; de tous nos crimes contre l'Humanité.

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« Moi » en tout cas : Primatologie du bonheur à la sauce du café, ou du commerce

Illustration 1
mère et son petit - huile sur toile, par @christianpichard2018

On peut, sans trop prendre de risque, postuler que l'eugénisme et ses détestables corollaires que sont le capitalisme néolibéral et le fascisme entre autres, comptent parmi les facteurs aggravants ; voir, les causes : mêmes, premières ; de tous nos crimes contre l'Humanité. Si ces idéologies totalitaires, ces pulsions monstrueuses, et ces tendances génocidaires marquèrent au cours de l'Histoire, en différentes époques et différentes civilisations, nos propensions universelles à l'autophagie, il nous faut bien sûr les étudier attentivement, pour s'en prémunir du mieux possible à l'avenir.

Pour éviter toute reproduction, ou toute redite tragique. Il vaudrait certainement mieux prélever ce venin foudroyant ; en disséquer les glandes de sécrétion, les analyser, pour tenter de fabriquer un antidote. Un vaccin efficace... Et durable. A l'Horreur chronique. En y opposant la Raison.

L'eugénisme semble de tout temps se tapir discrètement dans des bois sombres et effrayants, attendant patiemment d'en sortir pour frapper. Comme un loup affamé, et enragé. Sauf qu'il n'est pas, en l'occurrence, un simple conte pour enfant, mais une terrible réalité qu'il nous faut affronter sans faillir. Un défi à relever pour l'Humanité dans son ensemble. En urgence.

Si l'un des remèdes aux extrémismes, et aux diverses incitations à la haine raciale, peut être l'écriture, alors celle-ci doit s'emparer à bras le corps d'une description implacable, et circonstanciée, de cette folie malfaisante, qui sommeille en nos gènes. A tous. Par un récit didactique. Banal. Quelconque. Fut-il expiatoire, purgatoire, caricatural ou même cathartique...

Ainsi aurait-on pu entendre parler, au comptoir du café du commerce, de la poste, de la gare, des sports, du marché ou de l'Hôtel-de-Ville... Ici ou là.

Chez nous, ou ailleurs, là-bas ?...

« Moi, en tout cas… c’est sûr !... Si j’étais eugéniste, je n’irais pas le crier sur tous les toits comme ça.

Je m’arrangerais pour que cela reste « entre nous ». Ou disons, entre gens de bien, et de bonne compagnie. Entre moi, et quelques uns de mes égaux issus de ma strate supérieure. Les : du genre comme moi. Les : ni plus ni moins qu’à mon niveau.

Je m’arrangerais pour ne pas communiquer la teneur de mes projets et de mes expériences au grand public. Car, celui-ci, ayant dans son immense majorité vocation à disparaître à terme, aurait tendance à le prendre mal. Et à se rebeller. Ce qu’on peut parfaitement comprendre. Cependant, une telle prise de conscience étant susceptible de générer un état de panique préjudiciable au déroulement serein de mes plans, je m’emploierais à occulter, du mieux possible, les schémas directeurs de mon entreprise. Je conspuerais : la transparence. Si besoin en redéfinissant les conditions dites « souhaitables », ou acceptables, du réel ; et en en travestissant les tenants et les aboutissants. En subvertissant, par anticipation, par l’art du calcul et de la stratégie, toute modalité de perception de la réalité, qui puisse être autre que celle que je prescrirais, moi. Ou différente du possible que j’édicterais, moi. Pour les uns et les autres. Pour le bien de : Tous. Dont je choisirais, moi, aux côtés de mes pairs et semblables, de conduire la destinée contrainte. Univoque. Intelligiblement servile, pour moi. A moi. A nous. Réduite à mon service. A notre service. Au titre de quintessence. Je chercherais à m’auto-justifier, et à m'auto-absoudre par tous les moyens, en tout point. Pour pouvoir garder une foi immaculée en mon dogme salvateur. Mon ego, et nul autre. Le mensonge, qui n’est qu’une forme de girouettisme, d’arrangement commercial, ou de conditionnement parmi d’autres, ne pourrait donc être que mon allié privilégié. Alpha, béta, ou gamma n’ayant pas à connaître ce qui sous-tendrait, par le fait de mon autorité sourde à leurs yeux, leurs piètres existences… Comme nous l’a appris Huxley... La partition du vivant, donc l’Ordre juste, selon moi seul, régnerait.

Moi, si j’étais amené à penser par exemple que nous sommes trop nombreux sur la planète, et pour beaucoup d’entre nous trop imparfaits, trop peu éduqués, trop basanés, trop chétifs ou trop gourmands… j’initierais discrètement une espèce de « processus », qui conditionnerait, par une sage connaissance prospective et scientifique, le grand « New-Deal »-avenir de la reproduction humaine. Je serais : Un, Hyper-transhumaniste. Voyant les femmes malades pour la plupart, transmettant près de deux-cent produits chimiques à leurs embryons, via leur cordon ombilicale, je prévoirais dès maintenant de les remplacer par des machines de fécondation extra-utérine. Hygiéniques, fonctionnelles et productives, elles. D’immenses usines à produire des vies humaines calibrées. Ex-Nihilo. Gérables, aménageables et manageables, elles !... Ce qui, pour parler trivialement, laisserait à nos concitoyennes et autres congénères équivalents à des matières premières, davantage de temps pour aller travailler, au lieu de « pondre »… Si j’étais eugéniste, je serais parfaitement cynique et sexiste. Rationnel, insensible aux affects ou aux souffrances des autres. Que je considérerais comme un cheptel, à conduire, à guider, tout en buvant mon champagne sans pesticide. Froidement pragmatique. Chacun, hormis mes égaux, deviendrait cobaye de nos expérimentations. Bête de nos troupeaux de laboratoires. Et devrait donc être : animalisé. Je réfléchirais, en guise de pierre de voûte, quels sont tous les moyens permettant le contrôle exhaustif de la natalité et de la mortalité de mes contemporains. Je penserais à ne garder que les meilleurs d’entre nous, et ceux qui me seraient utiles. Je ficherais tout le monde. Selon des algorithmes. Pour être bien sûr de connaître les spécificités de chacun, en n'oubliant personne. Et ainsi mieux pouvoir procéder à des classements judicieux, et à des sélections objectives. Une raisonnable organisation. Pour pouvoir battre mon beurre. Avant qu’il ne tourne noisette. Ou rance. Faire fructifier ma crème.

Je me baserais sur moi pour savoir ce qui est souhaitable chez l’Humain. Et ce qui ne l’est pas. Je me ferais Maître-étalon. Gourou d’un : bonheur monolithique. Chromique ou chromosomique. Grand mâle reproducteur. Moi-même. Me considérant comme le seul standard souhaitable, je congèlerais mes propres spermatozoïdes en pagailles, par millions, et investirais dans un tas d’ovules congelés, de qualité supérieure. Je ferais en sorte de pouvoir, le moment venu, me cloner à l’infini. Dans la seule limite de mes capacités technologiques et financières. Moi, démultiplié. Une armée de moi. Tous, plus même que moi-même… définitivement dévoués à mon unique cause. Augmentés au maximum possible par toutes les potentialités d’une intelligence artificielle en croissance exponentielle. Littéralement, Infinie : Elle. Sans limite autre que le soleil, seul capable alors de me brûler les ailes. J’incrémenterais, de fait, nécessairement, la conflictualité avec mes semblables jusqu’à son paroxysme. Souhaitant faire reculer en tout point les limites de mon pouvoir, jamais assez suprême pour me sécuriser vraiment. A cause d’une soif inextinguible d’ascension, et d'expansion, je m’abreuverais insatiablement au feu de mon ego. Maudissant Tout : Alter. Attiré et exalté par le X, et le T. Je finirais en : O.

Si j’étais eugéniste, il me faudrait abolir la morale et l’éthique. En particulier au niveau du : Bios. Le cœur de la vie. Cybernétique comprise. Sur lequel je ne ferais qu’effectuer une sorte de pontage. Simplement nano-génétique au lieu de coronarien. Par mimétisme. Par une homothétie organique. Par une autosimilarité médicale. Reproduisant, moi-même, le rôle des ventricules, je pomperais le sang, pour ensuite, dans un deuxième temps, choisir, ou non, de le redistribuer. Je me ferais cardiaque, autant que névralgique. Sanguin et cérébrale à la fois. En une ubiquité décisive… Un vampirisme philanthropique.

Un : Cosmique. Relativisme. Quantique : Temps. Autant que Matière.

J’observerais que la spermatogénèse a diminué de 50% en quelques années, à peine. Que les cancers et autres maladies anthropiques, impactant chaque ovocyte, se multiplient à une vitesse qui m’amènerait à penser que j’ai définitivement raison de penser « c’que j’pense », comme disait Michel. Et qu’il me faudrait me dépêcher de concrétiser mon rêve d’une arche de Noé, non pas faite de bois cette fois-ci, mais de tubes à essai, de boîtes de Pétri, de cellules souches, d’ovocytes sains, soigneusement sélectionnés, par moi. D’immenses banques de données génétiques, gérées par moi. Comptant, autant qu’il m’apparaîtrait utile de produire, de petits êtres humains en devenir possibles. Classés par catégories. Baignés d’azote liquide, dans un environnement cryogénique et laborantin… Aseptisé par moi. Car j’appliquerais à la lettre toutes ces vieilles ficelles apprises dans les romans de science-fiction d'un autre siècle. Plus que valables encore.

Je me dirais que si un entrepreneur quelconque a actuellement vocation à dégraisser sa masse salariale ; pour des considérations de compétitivité, de flexibilité, d’automatisation due aux avancées technologiques, ou de concurrence mondialisée ; on pourrait bien en faire autant, en considérant la population mondiale comme une simple ressource humaine. Et la Terre, ou la Vie en général, comme une entreprise à développer, commercialement parlant. Je tenterais certainement de breveter le vivant. Il me faudrait pouvoir licencier. Et si possible rentabiliser. Tout… Selon mon gré. La graine. La semence. La méiose ou la photosynthèse. L’eau, l’air, la terre, le feu…

J’observerais le Sablier pour comprendre qu’il faut bien, physiquement, qu’un grain passe avant un autre. Et que par un besoin naturel, ou une inclinaison innée, globalement magnétique, les uns et les autres s’agencent sagement, selon une juste gravité, pour pouvoir passer en file indienne, de manière disciplinée, dans le goulot d’étranglement.

Je chercherais à contrôler le climat, la nourriture, la médecine, la finance, l’art militaire et la science en général. Toutes les Sciences en même Temps. Surtout celle qui donne accès à une rationalisation possible des fonctionnements divers du cerveau humain. Obéissance, résignation, peur, désir, jalousie, violence… deviendraient alors de simples outils permettant de réguler l’organisation de sociétés d’humains moins évolués, moins éclairés, ou moins chanceux que moi. Réglables. Mécaniques. Dociles. Prévisibles. Programmables. En appuyant sur des boutons.

« C’que ferais, moi !... »

Si j’étais eugéniste, toute volonté divergente de la mienne ; et de celle de ma communauté de : « surhommes » voués à survivre, commander aux destinées humaines, et transmettre les seuls génomes valables qui soient ; devrait être déclarée terroriste. Ennemie. Toute altérité dangereuse, donc prohibée. Toute déviance maline. Toute hérésie à ma cause, motif d’emprisonnement ou d’éradication. Toute critique, dénonciation, ou opposition à mes projets, une forme de « complotisme » détestable, et rendu illégal. J’inventerais des « fake-news », et des « contre-fake news ». Des lois et des instances destinées au contrôle de tous mes cons-générés. Par eux-mêmes. Une veille citoyenne permanente, rendue obligatoire, et modelée par l’urgence militaire et sécuritaire, les retenant en une auto-incarcération elliptique. Un devoir légal de délation de « L’ : Inverti ». Une identité propre. Et une sale. Une cause commune qui soit incontournable. Comme le pont de la rivière Kwaï…

Je m’attacherais à décrier l’antiracisme, et le « droits de l’hommisme », que je définirais comme des sortes de peste d’une humanité pervertie par l’empathie excessive. Comme des sortes de choléra d’un « pseudo-humanisme » parfaitement archaïque. Je relativiserais toute forme d’égalitarisme. Jusqu’à l’abolir, le proscrire, le réprimer, l’anéantir. Le ramenant à ce qui serait, selon moi, sa juste essence métaphysique. Persuadé que : nul, Néant, dit : nulle, Egalité. Je forgerais, unilatéralement, l’Universalisme à ma propre effigie.

Je me dirais que : mieux vaut moi et les miens, que les autres. Je me dirais qu’ainsi est faite Dame Nature ; qu’elle est autophage et cruelle, drastiquement sélective. Et qu’elle, au moins, ne s’encombre pas de scrupules autres que ceux nécessaires à sa seule pérennisation. Qu'elle dessine invariablement nos échelles hiérarchiques. Que Darwin, autant que Nietzsche, sont mes maîtres à penser. Que la Morale et le Christ n’existent pas. Mais l’Antéchrist peut-être. Et l’animalité, doublée d’une conscience trouble, donc géniale, certainement. Je croirais aux Géants, ou « Elohims », et formulerais l’hypothèse d’être moi-même un extra-terrestre. Je me dirais que je suis, faute de preuve du contraire, mon propre Dieu. D'une essence supérieure à d'autres. Elles : masses négligeables. Donc cosmologiquement déterminées comme inférieures. Quantique : ment ! Mais pas : toujours.

Je m’arrangerais, si besoin, avec le Diable. Car me disant que si Dieu, ou moi-même, l’avons créé, c’est forcément pour une juste raison. Et qu’en revanche, il serait préférable de maintenir mes contemporains hors de sa connaissance. Pour mieux pouvoir régler quelques problèmes pratiques. En interne.

« Mala » dit Santé. Vie : Mort…

Je penserais que le progrès ultime consiste à maîtriser l’ensemble des paramètres déterminant l’évolution des conditions du Vivant. Il me faudrait tenir le pouvoir politique, quelle qu’en soit la forme ou l’obédience. Religieux quel qu’il fut. Economique à tout point de vue. Scientifique, macro et micro, voir nano. Nucléaire. Magnétique. Biologique. Météorologique même. Mais aussi et surtout : celui de l’information ou de la propagande. La gestion du champ médiatique conditionnant presque tout le reste, par le biais de l’arme ultime qu’est : le contrôle des cerveaux. Je me ferais mentaliste. A la fois publicitaire, cire-pompe, comique et journaliste d'investigation. Agent de probation, juge, avocat, procureur. Policier et surveillant de prison. Percepteur, huissier, notaire… Trader. Fournisseur d’eau, de viande, de soja, de pétrole, de plastique, d'uranium, de vaccins ou de lait… ».

Mais il me faut me réveiller de ce cauchemar infâme et terrifiant. Mettre au loin ces macabres pensées, pour tenter de survivre et de transmettre le flambeau d'un optimisme dictatorial. Souvent brun lui-même. Moi, je ne suis que moi. Insouciant, non averti. Heureusement il fait jour. Et j’existe, bel et bien, hors l’espace de mes rêves faisandés. Je décide, et j’agis. Tout cela n’est qu’une chimère. Le monde, le vrai, lui, tourne rond. Il faut sortir de l’onirisme paranoïaque. Retourner dans le champ de la réalité. Ou de coton. Pour y aller bosser. Et surtout, ne pas tenter d’interpréter nos propres rêves !... L’égarement est proscrit. Le voyage suspicieux. L’introspection coupable. Sachant les parallèles glissants, et les pentes du second degré savonneuses… Se méfier de l’Histoire, qui est manipulable, et doit donc être strictement réglementée, paraît-il. Seuls, certains savent. D’autres n’auraient pas cette : vocation ?...

Adossé à un monde sans suite, aux murs tordus, comment éviter la scoliose ?

Invertébré de nouveau, ou même décérébré, quel fantôme éviter ? En quels bas-fonds se rendre ? Où se fondre ? Quel ectoplasme maudire ? Quel malin au prix d’autres ? A prix d’or. Où appris : dort ? On parle parfois de « passions tristes » pour mieux achever des « secrets mortifères » ? Peut-être.

Pantin sans fil. Ni ébéniste, ni bonne fée. Seuls nos nez poussent. Nos oreilles, elles, s’encombrent de poils.

Erudits sans âme. Anes. Ni pacifiste, ni épais. Impliquent nos flammes rousses. Nos soleils, eux, nous dévoilent. Et « Nous » crame.

Aimons les mots qui réunissent, et ridiculisons donc ensemble les faiseurs de pommes de discordes. De cornes de brumes meurtrières, et autres théories géniques. Transmettons donc l'amour, plutôt que l'art de déshériter. L'admiration du commun, plutôt que l’idolâtrie du particulier...

Reprenons les fondamentaux, de ce, ou de ceux, que donne : Une. Mère à son petit.

"mère et son petit" - huile sur toile par @christianpichard2018

Illustration 2
mère et son petit - huile sur toile, par @christianpichard2018

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