Je ne sais pas vous, mais moi... J’ai tendance à penser que ça pue clairement la Mort. Un peu comme une tarte au munster-raifort-supplément cancoillotte, agrémentée de salsifis, de choux de Bruxelles, de ketchup et de sirop d’érable. Et parsemée d’andouillette 5A à l'huile de foie de morue. Si vous voyez…
Peut-on rire de… ? Tout, est, paraît-il : La, question. Moui… Donc, de la Guerre y compris. Et pourquoi pas ? Puisque là est une règle, un diktat de nos temps. Ultime détachement, libératoire, cathartique ; symbole d’une profonde émancipation civilisatrice… Par le rejet, sacré, de l’interdit du blasphème, nous rigolerons bien, mieux, encore et encore…. Mais pas tous. Certains pleureront quand même. Le diktat de l’optimisme est une girouette volage, livrée aux vents des libertés antagoniques. Soit : ceux de la Géhenne. Et des conflits multipolaires. Aux tempêtes des contraires, et des divinités endomorphiques, qui s’attirent pour mieux se détester et s’entredéchirer. La prise de parti-e, dont l’économie n’est pas souhaitable, voir prohibée, faute d’une trahison lourde, nous est radicalement imposée. Un camp. Un autre. C’est selon.
Nous, vous, moi, et les autres, en rade, observons médusés arriver l’hiver, au début du printemps. Et midi, à minuit, indifféremment, devant nos portes closes.
Jacques, Attali, et plusieurs autres Jacques même, nous l’aurons dit. Frères ou pas. Ils auront au moins tenté de nous le faire comprendre. Les lignes se redessinent. Et de ce fait l’horizon s’obscurcit. Certains ont décidé de reprendre les choses en main. Et désespérément, les Peuples désespèrent. Nos avenirs se dissolvent en un grand bain d’acide.
C’est marrant… Non ?
Et nous : observons. Commentons ! Nous, nous esclaffons. Parfois, rarement, nous indignons. Sans trop d’espoir. Nous refusant les larmes, par conviction, par doctrine, par foi, ou par faiblesse, nous nous forçons à rire. « 2 : Tout !». Ha, ha, ha… Ce grand Tout, malhabile, imperceptible, obscurci de mensonges corrosifs, il nous fait bien rire en fait. Ce 2 en pointillés. Ce grand Tout, maquillé, travesti, déguisé en Ronald, n’est-il pas là pour réveiller l’enfant en chacun de nous ? Nous attendons avec impatience qu’il nous délecte de ses blagues savoureuses. De ses sketchs industriels. Et de ses aventures, héroïques ou burlesques. Puis nous irons manger. Quelque cheeseburger. Ou choucroute. Pour nous remettre de nos émotions. Et pour nous nourrir, par le bas. Un bon rire, un bon bifteck, cela dépend du cadre. Souvent équivalent.
La désolation, voir l’incinération, des pauvres, est bien le carburant des « ultra-riches ». Leurs bénéfices ne sont que bruns. Ou cendres. Comme leurs chemises. Des fruits d’autodafés. Cela est lieu commun.
Desproges blaguait ainsi, en son temps : « comme disait Himmler, en rentrant de Hollande : on ne peut pas être à la fois au four et au moulin… ». Cela est-il drôle ? Bof ! Pas trop-trop... Du moins, pas forcément. Ou pas : pour tout le monde. Lui a-t-il été interdit, pour : ou autant, de prétendre rire de la Shoah ? Non ! Pas une seconde. Ou : sans effet. Mais que nous voulait-il, en réveillant chez nous ce rire gras, morbide, post-historique… « noir », donc gênant ? Horrifier ? Outrager ? Etre simplement outrancier pour provoquer des zygomatiques ? Ou bien questionner la possibilité de rire, en soi. Pierre Desproges passait pour plutôt zen – « Oui… mais pas avec tout le monde… »-. Flagrant de délire, certes. Pas trop pour être un excité, ou un radicalisé. Mais il incarnait cependant une forme de rire et d’omni-dérision parfaitement radicale. Sans compromission. Elle. De subversion indicible. Inaudible autrement. Bien : française. Eternelle. In-ensevelie. Bourgeoisement : La Nôtre.
Ainsi, aujourd’hui, son souvenir devrait logiquement nous hanter. Tous. Qu’aurait-il dit ? Lui. Pierre… ou Coluche, ou Hugo, ou Vian, ou le Général, dit : le grand Charles, ou Baudelaire, ou Mallarmé, ou même Clemenceau ou Jaurès… qu’auraient-ils déclaré. S’ils avaient été là. Encore. Leurs fantômes nous habitent. Tous. Orphelins par Nature.
Rire d’un sniper efficace, et déshumanisé au point de se croire dans un jeu vidéo lorsqu’il ôte la vie. Rire d’un flacon brandi, en une assemblée noble, et régissant l’avenir dramatique des Peuples à génocider et déposséder de leurs biens. 2 : leur « Terre ».
Rire de quelque pseudo-réforme destinée à désintégrer le corps national, en tant qu’il soit public, donc commun. Rire des affrontements entre les défenseurs de la Nature, et ceux de la culture du vide. 2 : la dévastation. 2 : la déforestation. 2 : L’ : Extinction des espèces ?….
Rire d’un Kemal, d’un Tsar et d’un Mollah, se donnant la main ; sunnite, orthodoxe, chiite. Faisant des clins d’œil à un empereur chinois. Taoïsto-maoïste. Est-il bien temps de rire ?...
Rire du chlore, est-ce rire dans une piscine ? A : débordement.
Rire sur commande. Rire pour oublier. A défaut de savoir le faire, il nous faut essayer.
Pour survivre, il faut rire. Pour respirer aussi. Alors pour voter...
Choisissons nos saillies, et nos vannes salaces. Nos vacarmes audivores. Activons ces fours à pain, mais sans les méconnaître, comme meurtriers qu’ils sont. Du grain. Du sable. Des poussières… Et surtout de l’E-vraie. Nous sommes les boulangers-faïenciers des âmes qu’il nous faut cuir. Et non incinérer. Rions donc d’un apriorisme réducteur, et de nos fulgurances expiatoires. Brisons ces injonctions, à extraire 2 : Nous-mêmes. Ces pénibles soubresauts qui prétendent à définir nos humanités complexes et intriquées. Refusons les caricatures serviles. Et les pierres vite lancées. Les lapidations sourdes, et les rires connivents, donc vulgaires. Si l’innée n’est pas fin, pas plus qu’un nez ne l’est... S’il est cochon de lait, abondons ses mangeoires.
Si’L est : 214… ou 322. Alors, H est : 88. Et donc l’Hiver arrive.