Natased Nifal (avatar)

Natased Nifal

Shape of grey

Abonné·e de Mediapart

128 Billets

0 Édition

Billet de blog 22 décembre 2017

Natased Nifal (avatar)

Natased Nifal

Shape of grey

Abonné·e de Mediapart

Entité: Tique

Thèque: Enfanter

Natased Nifal (avatar)

Natased Nifal

Shape of grey

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Entité : Tique

Illustration 1
Papa Yaga

Thèque : Enfanter

Notre société toute entière est à l’image d’une armée en temps de guerre. Or, nous sommes actuellement en guerre, nous dit-on. Tout le monde ne peut pas se pencher sur l’Histoire, dans ses détails, pour comprendre en quoi nous sommes bien les dignes descendants des poilus de la Grande Guerre ; ou pourquoi nos élites sont, elles, amenées à décider de fusiller les déserteurs à la pelle. Pour l’exemple ?... A nous le front, et les tranchées. A eux l’état-major, les salons feutrés, et les liqueurs. A nous les renoncements, à eux la : prospective.

Stratégie est affaire de noblesse de sang, d'après certains...

Et certes, Napoléon, ou Churchill, furent de « grands hommes », du point de vu de la taille de leurs imagos jungiens. Même si, à en croire cigares et whisky, Sir Winston était certainement aussi un gros bébé, dont Freud eut dit deux mot de la relation à sa chère : maman…

Ces temps-ci, un biopic hollywoodien, qui est loin d’être une œuvre de propagande, vient nous rappeler comment ce zélé zélateur de la couronne des Windsor, a sauvé le Monde Libre.

Il nous y est indiqué que c’est presque à lui seul qu’il a retourné le cours tragique des événements. Les mythes ont la peau dure. Et de légions entières, de nos braves guerriers, on ne retient que les chefs. On oublie les quidams désossés sous les Bombes. Soient-ils rouges ou blancs. Et les anonymes, gazés à la moutarde. Compagnons des rats, porteurs de diphtéries, gueules cassées… ne rentreront pas tous dans nos Panthéons. Aussi se résument-ils, tous, à un seul soldat, inconnu, auquel est rendu un hommage annuel. Aux Maîtres les couronnes de laurier, les galons et les retraites confortables. Aux Communs, mortels, les insignifiants éloges, et les drapeaux en berne.

Ainsi, nous dit-on encore, Sir Winston, l’aquarelliste aux Cohibas, aura su dicter la voie de notre salut. Rédempteur de l’Europe avilie. Sauveur du genre humain, presque dans son entièreté…

L’Histoire, tout comme l’Académisme, ne sert en réalité qu’à figer les marqueurs édictés à dessein par nos Princes. A tatouer les esprits d’une reconnaissance contrainte, quasi sacralisée, à l’égard des grandes figures historiques. Rendues monolithiques, et non ambivalentes. Rois, généraux, intendants, éminences, Présidents, Sirs et Lords, Prime Minister… Qui, de tout temps, sauf rares exceptions, furent issus des classes dominantes. Comme statufiés, « de bronze et d'ors », ils représentent les piliers des temples du Pouvoir. Les héros, non bourgeois ou nobles, se comptent sur les doigts d’une main dans nos annales. Militaires, ou autres. Barbue ou moustachue, la chaire à canon n’a nul besoin d’avoir lu Machiavel pour charger en meuglant : sus !

Tant il est vrai, aurait pu dire Sir Winston, qu’on ne demande pas à un bœuf d’être ingénieur-agronome. A un épi de maïs de rédiger un traité sur la biogénétique… Et encore moins à un canard de s’hypertrophier volontairement le foie avant Noël… En le persuadant qu’il n’a : « Rien à craindre !... ».

Napoléon, lui, aura cherché à rayonner tous azimuts. En bon stratège de l’égo, il n’aura pas lésiné sur les campagnes nécessaires. Et ses grognards auront, sous ses ordres, traversé des épreuves et mené des combats dignes des armées d’Alexandre. Le Grand. L’Antique.

Les humains aiment les idoles. Et leurs chefs le savent bien. Leur rôle est donc d’en profiter. De diriger les troupeaux. Pour les mener : soit à l’abattoir, soit vers des « jours meilleurs »...

A comprendre le grégaire, on manipule les masses. A comprendre l’âme, sombre et duale, on peut aisément faire d’un peuple de moutons, une meute de loups assoiffés de sang.

Napoléon, autant que Churchill, disent nos Temps. Car ils sont éternels. Ils sont nos immortels. A la fois : bicornes et bicéphales. Leurs descendants continueront, semble-t-il toujours, de nous affliger. De nous tordre le cou. De nous mener à la mort, par paquets de mille. Pour des causes supérieures. Dont nous ne savons rien (cf. les mots du Tigre…). Dont nous n’avons rien à savoir, paraît-il. Qui nous dépassent. En grandeur, en valeur, en raison. Nous autres, vox populi, n’avons plus qu’à nous couper les cordes vocales, pour accompagner le développement des libertés individuelles.

De nos Maîtres… Nous restera peut-être le droit de : grogner.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.