Je suis né avec deux chaînes. Et deux cernes, parfois faites auréoles. La une, ensuite la deux. Puis d’autres, plus tard. Au cou et ailleurs. Des chevilles jusqu’aux yeux. Plus : quelques journaux et magazines. Comme dans une salle d’attente. Dans une forme d’enfermement extra-carcéral. D’isolement. De confinement à ciel ouvert. Ou en salon, ou en classe. Très jeune, j’ai donc été baigné d’idéologie, de démagogie, et de démarcation. De réclames, d’Intervilles, de Dallas, d’école des fans, de Goldorak, de Casimir et de Champs-Elysées... Soit de mensonges, tous faits d’hypocrisie et nappés de sirop de glucose. Ou de Nutella. Comme un vulgaire pancake. Plein de bulles et de trous. Une toffee-apple, caramélisée et craquante. Sur laquelle se limer les dents. Pendant des heures. Avant de pouvoir en croquer.
La question qui m’anime, rétrospectivement, est de savoir combien de fois en tout depuis ma naissance j’ai pu être exposé aux mensonges, aux sens les plus bruts et objectifs qui soient. Bien même au-delà du fait que ni le père-fouettard, ni le père-Noël ni le père Lustucru – ni le Père tout court, dit : On, n’existent -… Et n’ont jamais existé.
Ceux-ci me viennent pêle-mêle, en souvenirs fugaces. Fragmentés. Mosaïques. Et me hantent. Comme Othello son père. Et Œdipe sa mère.
Où : inverse ment.
Pour se situer, et se tenir debout, il paraît qu’il est bon de savoir d’où l’on vient, et quelles sont nos racines. De quel bois on se trempe, où on se chauffe. A quelle fontaine on a bu. Nous, et les autres d’Avant. Quelle division nous est vraiment intime, chacun. Quelle définition nous sied, ou nous scie, par notre radical même. A : chacun. Son : écho. Car, A : chacun son ego. Fait du ciment, et des Pierre, qu’étaient les vrais et faux de nos aïeux.
Le rôle de ces mensonges est parfois d’éduquer. Plus ou moins sainement. Parfois de noyer des poissons. Plus ou moins frais… « Il est pas frais mon poisson !!!? ». Disent : les « Gaulois »… Parfois encore de formater, voir de conditionner, pour mieux gérer l’Etat. De la famille, du pays, ou bien de la Planète.
J’ai donc, comme chacun, appris à avaler les couleuvres, et les différentes espèces de vipères, soit disant pour mon propre bien ; et conjurer le vrai pour pouvoir m’adapter à mon environnement, tout faussé ; soit : Il. Tout factice soit-il. Comme chacun. Car, comme l’expliquent clairement Cioran, ou Jung, un collectif, une société, ne peuvent se construire que sur, ou sous, une forme de pervertissement des réalités. Une illusion du : Nous. En aucun cas sur le : Vrai. Qui est en soi une ineptie, autant sociologique et anthropologique, que politique ou biologique ; autant conceptuelle, philosophique, ou métaphysique, que d’un point de vue bêtement pratique…
N’en déplaise à BHL, l’Histrion de la Vérité vraie, il n’est pas d’Unique : sens à l’Histoire. Vrai et faux sont les acides aminés du grand Tout : Absolu. Constituant en lui, en nous, les chaînes « ribonucléiques » qui font du souffle : la vie. Car vrai et faux se respirent l’un l’autre. S’interpénètrent. Ils copulent pour se reproduire. Point et plan. Ligne, espace. Matière et antimatière. Ils se complémentent et s’annihilent à la fois, en une intrication universelle, qu’ordonne la Relativité quantique telle que décrite par Einstein, ou Planck. Et Avant eux : Shakespeare, Goethe, Dostoïevski, Tolstoï, Hugo... Euclide. Euripide. Archimède. Ou Thalès. Maïmonide, ou Averroès… Parmi d’autres. Car si vrai est sapiens, faux est Neandertal.
Et : cætera… Mais aussi : « invertus ».
Le vrai, le faux sont nos dieux et diables. Si vrai est un non-sens, le faux est son onction. Souvent, éternellement, sanctifiée. Le vrai : un cœur noble et imperceptible. Un instinctif raisonnable. Le faux : ses atours et ses ruses cérébrales. Une perversion commune, universelle. Une déviance coupable, une facilité pleutre. Un verre d’eau demi-plein. De sang. Une proportion secrète.
Comme toute entité ou tout concept créé par la Nature, le vrai et le faux sont attachés à survivre, et à se transmettre dans le temps. Ils sont donc, comme nous-mêmes, ou tout autre être, dit vivant ou non : résilients. Comme la droite et la gauche. Ou bien la République. Eux aiment. Ou bien encore la Monarchie. Ou bien la dictature… Ils sont non homogènes. Bien souvent exogames et hétéroclites. Rendus à quelque élasticité, dite : « Flexibilité », nécessaire à l’adaptation et à l’évolution.
Ils peuvent être cousins ou frères, sœurs ou amants. Le vrai et le faux sont parfaitement incestueux et bisexuels. « Invertis », disent certains, car bien : interchangeables. A : loisirs. Une idée, un dogme, ou un simple constat, ne passent l’épreuve du temps que s’ils sont cuirassés. Engoncés en des armures, le plus souvent faites de sangs coagulés. De batailles dérangées.
Le vrai est souvent moche. Peu enviable. Peu amène. Peu séduisant. Aussi, chaque matin, au réveil, nous faut-il le maquiller. Comme : Un ; vulgaire catin. Ou un journaliste sur une chaîne d’infos en continuum. Le vrai doit faire ses passes. Son biff ! Tout comme un footballeur doit marquer son quota de buts. Pour être bankable… A chaque rappeur son : Click sur Insta !... Comme un bon ouvrier, peu qualifié, donc peu reconnu et valorisé dans son travail, vrai va chaque jour bosser à l’usine dont faux est le patron. Simple image, bêtement analogique... Qui le vampirise, le méprise, le spolie, et l’exploite. Lui, le Boss, PDG des âmes, ne brassant que du vent, et de prétendus capitaux. Qui font ployer le vrai. Comme le fouet un esclave.
Le vrai est un bon « gagneur » qu’il faut déguiser, brosser dans le sens du poil, faire semblant de choyer… pour mieux le prostituer. Le faux est son proxénète. Intraitable. Il domine largement le binôme. Faux est le Maître de la Balance. Celui qui toujours nie.
Apeuré, malhabile, souvent demeuré et futile, contraint et immobile, le vrai voit donc son destin se dessiner sous les auspices d’une ségrégation, voir d’une aliénation certaine. D’une domination éternelle. Issue, dans sa proportionnalité, d’un certains : Nombre d’Or. Droit sorti de vieilles caves, ou vieux caveaux obscures.
Ainsi, quelques exemples, sortis eux du hasard, préétabli-s certes, des méandres de nos mémoires, aideraient certainement à mieux comprendre les enjeux et les rapports de force. Entre le vrai et le faux. Qui s’apprêtent encore aujourd’hui et demain à « se : ou nous » foutre sur la gueule sévèrement. Comme hier. Ce qu’ « On » ne peut que déplorer. A défaut de pouvoir se combattre, soi-même. Ou les combattre eux, lorsqu’on les perçoit hors du champ de nos guerres intestines. En des théâtres exotiques. Exo-gothiques. Exo-égotiques.
Peut-être qu’a travailler davantage sur « Nous : Mêmes », et les représentations que nous nous faisons de nos vrais et nos faux personnels-elles, on entendrait mieux cette cohabitation sourde, aveugle et sournoise qui occupe nos esprits. Chacun, chaque jour. Qui noie nos temps sous un déluge d’exactions, notoires, mythiques ou historiques. Et floue nos civilisations diverses en une globulation-gloubiboulga brun-e. Aux arrières goûts de pétrole-gaz de schiste-uranium.
Donc en définitive : Non ! Les Aliens, AIs ou ETs, s’ils existent, n’ont certainement pas vocation à laisser le vrai primer sur le faux, et à être plus « humanistes » que nous.
Bien : peu sûr.
Accepter le progrès et l’évolution, c’est connaître la prévalence des faux, donc des diables, en soi. Cherche-t-on à nous convaincre, semble-t-il... Soit ! C’est un peu Hugo, et l’affaire de la plume, dite : Liberté, « de Satan… ».
A : la Fin…