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Billet de blog 14 janvier 2020

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Pourquoi le Kremlin veut "enterrer" l'affaire de journalistes abattus en RCA

Igor Krasnov, vice-président du comité d’enquêtes, reprend au mot près les conclusions des magistrats russes .:.Les journalistes sont tombés sous les coups de bandits qui voulaient les détrousser.  Cette soudaine précipitation s’explique par la brève arrestation de Evgeni Prigozhin, le patron du groupe Wagner en Allemagne, il y a quelques jours…

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Pourquoi le Kremlin veut enterrer l’affaire de journalistes abattus en Centre -Afrique…

Igor Krasnov, vice-président du comité d’enquêtes, reprend au mot près les conclusions des magistrats russes dépêchés sur place à la suite de l’assassinat de trois journalistes russes.:.Les journalistes sont tombés sous les coups de bandits qui voulaient les détrousser.  Cette soudaine précipitation s’explique par la brève arrestation de Evgeni Prigozhin, le patron du groupe Wagner il y a quelques jours en Allemagne.… 

Dans la nuit du trente et un juillet au premier août 2018, trois journalistes russes, membres du centre de gestion des investigations financé par l’oligarque en disgrâce Mikhaïl khodorkovsky ont été abattus en Centre Afrique. Orhan Djemal, Dimitri Rastorgaïëv, Kirill Ratchenko venaient juste d’arriver dans le pays pour faire un film sur le groupe » Wagner », compagnie militaire privée, étroitement liée à Evguéni Prigozhin membre du « premier cercle ».

La compagnie « Wagner » qui s’est fait connaître dans le Donbass est présente en Afrique depuis 2016, Elle se partage entre les questions de sécurité y compris celle du président  de la république et les affaires . Les « Wagner » occuppent à Berengo, l’ancien palais de Jean –Bedel Bokassa où ils forment des instructeurs militaires et dans le même temps participent activement à la prospection des mines d’or et à l’extraction du métal jaune.

Un assassinat politique déguisé en crime crapuleux ?

En pleine nuit alors que les trois hommes se rendaient à Sibut escortés par un véhicule de la gendarmerie leur voiture a été brutalement arrêtée par un groupe d’hommes » à la peau noire, armés jusqu’aux dents et parlant arabe ». Ils auraient exigé que les reporters leur remettent tout leur matériel. Devant leur refus ils les auraient abattus

C’est cette version avancée par la commission d’enquêtes russe dans les semaines qui ont suivis le crime qui a été officialisée le 13. Janvier, un an et demi plus tard. Dans une interview, publiée par le quotidien « Kommersant » Igor Krasnov s’appuyant sur les révélations du chauffeur, » miraculeusement » retrouvé, affirme que « la thèse du crime crapuleux ne fait aucun doute »et que les responsables sont les personnes qui envoient des journalistes dans des zones troublées sans aucune protection…

Reste que le média « Dossier » financé par Khodorkovski et qui a mené sa propre enquête a révélé des faits troublants. Les personnes qui ont eu des contacts avec les journalistes avaient des liens avec le Groupe Wagner. Le chauffeur et le fixeur avaient été recommandés par un journaliste travaillant pour un média appartenant à Prigozhin. Le gendarme qui accompagnait les journalistes et était censé assurer leur protection était en contact permanent avec Alexandre Sotov, instructeur militaire à la compagnie Wagner et ce dernier rendait des comptes à Valeri Zakharov, conseiller à la sécurité nationale. Enfin s’il s’agissait d’un crime crapuleux pourquoi les bandits n’ont-ils pas pris les bidons d’essence alors que le carburant est hors de prix dans le pays …

L’accumulation de ces faits et plus encore « la précipitation du Kremlin à mettre un point final à l’enquête au lendemain de la courte interpellation par la police allemande d’ Evgeni Prigozhin  donne à penser que le meurtre des journalistes n’est pas une affaire  de simples malfrats. » pense le journaliste Maxime Chevtchenko. 

Nathalie Ouvaroff

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