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Billet de blog 13 septembre 2024

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Vers une vague brune en 2026 ?

Après les percées du Rassemblement National et de ses alliés aux législatives 2022 et 2024 et aux européennes 2024, mais aussi les quelques victoires lors des sénatoriales 2023, les élections municipales de 2026 risquent d'être celle de l'implantation pour l'extrême-droite. Qu'en est-il en réalité et quelles sont ces villes à fort risque de bascule ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Alors que sous la Ve République (en dehors de 1986 et de sa proportionnelle départementale), l'extrême-droite n'avait jamais obtenu plus de 10 députés, en 2022 ce sont 88 députés qui sont élus sous l'étiquette Rassemblement National puis 143 en 2024 (dont 16 ciottistes et 1 non-inscrit, exclu du groupe RN). Cette percée n'est pas limitée aux élections législatives : lors des élections sénatoriales de 2023, le RN fait élire 3 sénateurs, en Seine-et-Marne, dans le Nord et dans le Pas-de-Calais. Ces élections marquent une forte progression de l'extrême-droite, y compris et surtout là où elle compte des députés depuis 2022, preuve d'un fort travail d'implantation territorial de ces nouveaux élus. Enfin, le RN réalise aux européennes 2024 le meilleur score de son histoire à une élection nationale avec 31,4% des voix, arrivant 1er dans tous les départements métropolitains hors petite couronne parisienne.

Depuis, de nombreux articles de presse, de nombreux éditorialistes et commentateurs politiques, mais aussi un certain nombre de responsables politiques, craignent une vague brune aux élections municipales de 2026, après quelques victoires en 2014 (Hénin-Beaumont, Fréjus, Hayange...) puis en 2020 (Perpignan, Moissac, Bruay la Buissière...). À partir d'une analyse fine des résultats des présidentielles 2022, européennes et législatives 2024 ainsi que des municipales 2020 et des premières informations dont nous disposons pour celles de 2026 (premières déclarations de candidature, par exemple celle du député RN Christophe Barthes à Carcassonne), une liste des communes (de plus de 5.000 inscrits sur les listes électorales) à fort potentiel de bascule vers l'extrême-droite a été établi. Au global, ce sont plus de 1.500 communes (hors corse et outre-mer, voir note à la fin) qui ont été analysés.

Le choix méthodologique de se concentrer sur les communes de plus de 5.000 inscrits a été fait pour tenir compte de la forte probabilité que le RN ne soit pas en capacité de monter des listes dans chacune des communes du pays (y compris là où ils font de très gros scores), notamment en tenant compte de la faiblesse de leurs candidatures, quasi exclusivement parachutées, aux départementales 2021 puis aux législatives 2022 et 2024 (et du très faible nombre de listes en 2020). Avant chaque élection locale récente, le RN a lancé d'intenses campagnes de communication pour faire croire à une très forte préparation et une très grande qualité de ses candidats, ce qui s'est révélé très largement bidon (et toute l'agitation autour du Projet Périclès peut faire croire à ce type de campagne d'intox).

Il faut aussi noter que dans certaines des villes analysées, des alliances et un soutien soit à un maire sortant (par exemple ciottiste, comme cela pourrait être le cas à Montauban ou Barcelonnette) soit à des figures locales de la droite ou de l'extrême-droite hors RN (ex-Reconquête...) sont possibles. Un affrontement entre plusieurs listes d'extrême-droite est aussi tout à fait envisageable, par exemple à Marseille avec Stéphane Ravier. Les maires sortants (de gauche, du centre ou de droite) peuvent avoir des dispositions particulières pour résister à une vague brune, de manière beaucoup plus forte que des députés sortants battus en 2022 ou 2024 (d'où la prise en compte des municipales 2020). Les ressorts d'un vote aux municipales (très forte logique d'implantation et de notabilité) sont différents de celui d'un vote aux législatives et encore plus aux européennes ou présidentielles. Concernant la ré-élection des maires RN les élections municipales de 2020 ont montré une grande solidité des maires RN élus en 2014, mais aussi une certaine capacité à se saborder et à se diviser, par exemple à Mantes la Ville (gagné en 2014, perdu en 2020). Le cas de Béziers (maire ex-RN désormais anti-RN) sera ainsi intéressant à observer.

Enfin, évidemment, il faut garder en tête que le paysage politique national peut fortement évoluer d'ici à mars 2026 et une des clés du scrutin résidera sûrement dans la force (ou non) du front républicain et des désistements (ou non) des listes de gauche/droite arrivées 3ᵉ/4ᵉ... (aux municipales, toute liste dépassant les 10% peut se maintenir au 2nd tour).

Ce qui suit, et qui est un résumé du travail effectué, est donc à lire comme l'ensemble des cibles que pourraient avoir le Rassemblement National et l'extrême-droite au sens large, plutôt que l'ensemble des communes que le RN devrait gagner (ou même dans lesquelles il ferait figure de favori).

Sur les plus de 1.500 communes analysées, 322 ont un fort risque de bascule RN et 78 un risque plus faible, mais existant, notamment en raison d'une percée de l'extrême-droite plus récente. Ces 322 communes sont évidemment situées en grand nombre dans les zones de force de l'extrême-droite (côte méditerranéenne, Nord-Pas-de-Calais, nord de la Lorraine...), avec Fos-sur-Mer dans les Bouches-du-Rhône (58% au 1ᵉʳ tour des législatives) ou Denain (53%, avec une liste menée par Sébastien Chenu en 2020 qui avait obtenu plus de 30% au 1ᵉʳ tour). Mais, ce qui frappe aussi, c'est l'élargissement de la géographie électorale du RN : des petites villes comme Le Teil en Ardèche (57% au 2nd tour des présidentielles 2022) ou Donges, en périphérie de Saint-Nazaire sur la côte atlantique, (45% au 1ᵉʳ tour des législatives 2024) font partie de cette liste de villes à "fort risque de bascule".

En regardant les caractéristiques de ces près de 400 communes à risque de bascule, leur spécificité démographique saute aux yeux. Alors que 10% des communes analysées (les environ 1.500 plus grandes communes) ont plus de 30.000 inscrits (sur les listes électorales, donc forcément plus de 30.000 habitants), ce n'est le cas que de 5% des communes avec un risque de bascule, avec des communes comme Istres (Bouches du Rhône), Calais (Pas de Calais) ou La Seyne sur Mer (Var), c'est à dire des villes moyennes. Au contraire, près des trois quarts des communes à risque de bascule se situe entre 5.000 et 10.000 inscrits, alors cette strate de communes ne constitue que 59% de l'échantillon. La commune type à risque de bascule a entre 6.000 et 9.000 inscrits, c'est à dire des communes comme La Grande Motte (Hérault, le RN y passe au 1er tour des législatives de 26% en 2017 à 45% en 2024) ou la ville de Jaurès, Carmaux (Tarn, le RN y passe au 1er tour des législatives de 18% à 42%).

La caractéristique commune de ces 322 villes, hors rares exceptions, est, donc, leur démographie et leur place dans la hiérarchie locale (économique, administrative...) : ce sont de petites villes, essentiellement périphériques. Il y a très peu de préfectures, à l'exception de Laon ou Carcassonne (et évidemment de Perpignan, déjà dirigé par le RN) et peu de sous-préfectures. Une potentielle vague brune en 2026 pourrait ainsi passer largement inaperçu des médias nationaux, car située en quasi-intégralité hors des grandes villes et métropoles. Y compris dans ses zones de force, les premières couronnes de Marseille, Nice, Toulon, Montpellier, Lille, Beauvais et Amiens sont faiblement à risque de bascule et les coeurs de ces métropoles, même s'ils concentrent plus d'électeurs RN qu'ailleurs (et que certains secteurs de Marseille pourraient basculer), notamment dans les villes du sud-est de la France, ne sont pas menacés par la présence de listes RN.

Illustration 1
Carte du nombre de communes avec un risque de bascule RN en 2026 © Nathan Guedj
Illustration 2
Carte du nombre de communes avec un risque fort de bascule RN en 2026 © Nathan Guedj

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Pour avoir une vision plus précise du risque RN département par département, les deux cartes suivantes mettent en perspective ce nombre de communes à risque par rapport au nombre total de communes. En effet, des départements comme les Bouches-du-Rhône (55 communes avec + de 5.000 inscrits) ou le Nord (78 communes dans cette situation) contiennent beaucoup plus de villes que la Haute-Saône (2) ou la Somme (4), ce qui explique que ces deux départements avec un fort vote d'extrême-droite n'apparaissent pas particulièrement dans les cartes précédentes.

Illustration 3
Carte du taux de communes avec un risque de bascule RN en 2026 © Nathan Guedj

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Illustration 4
Carte du taux de communes avec un fort risque de bascule RN en 2026 © Nathan Guedj

Cette cartographie complémentaire du "risque RN" permet de mieux observer le fort ancrage du RN dans des départements ruraux comme l'Aisne, la Haute-Saône ou le Tarn-et-Garonne. Elle permet aussi, en quelque sorte, de relativiser la situation dans des départements comme la Gironde, le Rhône ou la Haute-Garonne.

‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎  ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎  ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎  ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎  ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎  ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎  ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎  ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎  ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎  ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎    ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎    ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎    ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎    ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎    ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎    ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎    ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎    ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎    ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎    ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎    ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎    ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎    ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎    ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎    ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎    ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎    ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎    ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎    ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎    ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎    ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎   ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎  

En s'appuyant sur ce travail cartographique, complété par une analyse précise des scores du RN aux différentes élections, y compris municipales et des ambitions affirmées dans la presse locale, trois enseignements principaux peuvent être tirés concernant une potentielle vague brune :

  • Dans les départements fiefs (pourtour méditerranéen, Hauts-de-France...), alors que c'était la seule élection (avec les départementales et les sénatoriales, fortement corrélés aux municipales) qui leur résistait, de nombreuses victoires du RN dans les villes de 5.000 à 50.000 habitants, c'est-à-dire dans des petites villes, qu'elles soient en périphérie des grandes villes ou à l'écart des grandes métropoles, deviennent possibles. Elle s'appuie notamment sur le phénomène de tache d'huile à partir de victoires précédentes, par exemple dans le bassin minier autour d'Hénin-Beaumont ou autour de Fréjus dans le Var. Ainsi, des communes comme Puget sur Argens ou Saint-Raphaël, toutes deux touchant Fréjus, sont à fort risque de bascule, s'appuyant sur la conquête en 2014 de Fréjus mais aussi sur des listes réalisant d'assez bons scores en 2020 (26% au 1ᵉʳ tour à Puget...).
  • Dans les départements à l'implantation plus récente (sud-ouest, centre...), le RN pourrait emporter pour la première fois des municipalités, notamment en s'appuyant sur les députés élus en 2022 ou 2024, dont un certain nombre devrait viser les villes-centres de leurs circonscriptions en 2026, comme Christophe Barthès à Carcassonne (à risque de bascule) ou Antoine Villedieu à Vesoul (à priori sans risque de bascule). D'autres députés visent aussi des communes gagnables moins centrales dans leurs circonscriptions, pour eux, comme Romain Baubry à Sénas (7.000 habitants, Bouches du Rhône) ou pour leurs collaborateurs parlementaires ou proches (comme lors des municipales partielles en avril à Pont Saint Esprit dans le Gard).
  • Ailleurs en France, des surprises sont aussi tout à fait possibles, en particulier dans des communes que le RN travaille historiquement ou particulièrement. C'est par exemple le cas de Marennes-Hiers-Brouage (6.000 habitants, Charente-Maritime), où le conseiller municipal, communautaire et régional RN du coin devrait mener la liste d'extrême-droite, en s'appuyant à la fois sur ses 27% au 1er tour en 2020 mais aussi sur les 52% obtenu au 2nd tour des présidentielles par Marine Le Pen. Dans des communes plus petites, c'est aussi le cas de certains villages de l'Indre, par exemple celui de Préaux (170 habitants), où le châtelain local et conseiller régional RN a déjà annoncé avoir le soutien du maire sortant DVD pour 2026, ou celui de Niherne (1.500 habitants), où la conseillère régionale et responsable départementale du RN vient de déménager pour se présenter en 2026 (La Nouvelle République).

L'ampleur de ces trois phénomènes, tache d'huile dans les fiefs historiques, implantation par les députés dans les "nouveaux" fiefs et leur cercle proche et surprises s'appuyant sur un travail local historique dans des territoires moins enclin au vote d'extrême-droite, est très difficilement mesurable à un an et demi des municipales, mais il semble clair que de nombreuses conditions sont réunies pour une vague brune en 2026, qui se nourrira de ces trois dynamiques complémentaires.

Enfin, la capacité du RN à obtenir de nombreuses victoires ou non résidera, en premier lieu, dans sa capacité à présenter ou non de nombreuses listes. Comme nous l'avons montré, le coeur de cible du RN reste le gros bourg ou la petite ville (5.000 à 10.000 habitants) où il n'a pas forcément le tissu militant et l'implantation locale, contrairement à des villes plus importantes mais moins facilement gagnables. Mener une campagne dans ce type de commune nécessite aussi plus qu'ailleurs une implantation associative, des relais locaux... Il n'est d'ailleurs pas étonnant que le RN cherche avant tout à recruter des maires déjà en place, comme cela a été évoqué à la presse locale en Charente-Maritime ("Séverine Werbrouck assure avoir vu beaucoup de maires et de conseillers municipaux témoigner leur sympathie. Maire de Marsais, Steve Gabet était suppléant de Karen Bertholom sur la 2e circonscription et est entré au bureau fédéral. Qu’ils soient officiels ou pas, le RN a peut-être déjà conquis quelques élus en place." Sud Ouest), comme dans d'autres départements, avec la création de fédérations départementales du "RPR", censé être une maison pour ces maires et élus de droite pro-RN (Aude, Bouches du Rhône, Seine et Marne...).

Toute analyse plus précise sur un territoire (circonscription, département, région...) ou au niveau national est disponible sur demande et sur commande. N'hésitez pas à me contacter via Twitter (@NathanGuedj_) ou autre, pour que l'on puisse échanger sur la meilleure manière de vous aider.

Note : les communes corses et ultra-marines ont été exclus de cette analyse du fait de configurations politiques très particulières par rapport aux communes métropolitaines et de jeux politiques qui me dépassent largement. Le RN a cependant une mairie à la Réunion, à la Plaine des Palmistes (7.000 habitants) et pourrait en emporter d'autres, notamment à la Réunion et Mayotte, ainsi qu'en Corse, où il réalise aux élections nationales des scores très hauts. Certains partis polynésiens notamment, mais aussi certaines figures politiques néo-calédoniennes, affichent, par ailleurs, une proximité avec l'extrême-droite et ont pu appeler à diverses occasions à voter RN aux présidentielles/européennes. Enfin, les villes de Paris, Lyon et Marseille n'ont pas fait l'objet d'une analyse arrondissement (ou secteur) par arrondissement (ou secteur), d'où l'absence de plusieurs secteurs de Marseille, cibles légitimes de l'extrême-droite.

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