RAPPEL : les fiches solutions ont pour but de donner des pistes pour mettre en place un projet de société alternatif au capitalisme. Les propos tenus ici étant à l'opposé des discours politiques et médiatiques ambiants, il est indispensable d'infléchir son mode de pensée pour pouvoir se les approprier. Je ne saurais trop recommander de ne lire ces fiches solutions qu'après avoir lu les fiches précédentes figurant sur ce blog, ou au minimum la Fiche pratique 17 : bilan non exhaustif .
OBJECTIF: il est important de rappeler que les solutions représentent un projet de société complet. Chaque solution seule ne suffit pas à résoudre le problème. Elles s'imbriquent, se complètent et sont par conséquent toutes indispensables.
SOLUTION 5 : niveaux de salaire
Aujourd'hui le salaire n'est pas attaché à la personne mais au poste. Dans la fonction publique c'est l'inverse : le salaire est attaché à la personne et non au poste occupé. Ce qui est logique puisque c'est la personne qui produit, pas le poste. Mais c'est ce que n'aiment pas les capitalistes puisque dans ce cas on confirme que c'est la personne qui produit, chose qui leur est insupportable.
Il semble important d'expliquer ici ce qu'est le salaire à la qualification. C'est pourquoi nous allons parler un peu du statut de la fonction publique. Mais pourquoi donc avoir créé ce salaire à vie pour les fonctionnaires ? Lorsque le statut a été créé en 1946 (en même temps que le régime général de la sécurité sociale et donc toujours sous la houlette du ministre communiste Ambroise Croizat), le but était de faire en sorte que les fonctionnaires puissent remplir leurs missions de service public dans l'intérêt général et uniquement dans l'intérêt général. Ainsi, on a créé des grilles de salaires qui assuraient à la fois au fonctionnaire de conserver son salaire en toutes circonstances, mais qui lui assuraient aussi une certaine progression. Le but de tout ça était de rassurer les fonctionnaires afin qu'ils puissent refuser un ordre illégal d'un supérieur ou d'un élu sans craindre pour leur niveau de vie. Cela était fait pour éviter les corruptions et c'est justement pour ça que depuis plusieurs années nos élus corrompus autorisent les contrats de droit privé dans les administrations. Ces nouveaux salariés, pas protégés par le statut de la fonction publique, sont aux ordres même si ces ordres sont illégaux ou pas dans le sens de l'intérêt général. Il ne faut donc pas s'étonner que tout fonctionne de plus en plus mal. La population n'est plus protégée par des fonctionnaires à leur service. Elle est au contraire livrée à des gens aux ordres des dominants. Les batailles pour la défense du statut des fonctionnaires sont par conséquent des batailles que toute la population devrait mener car il y va de son intérêt.
Enfin, le fonctionnaire n'a pas d'employeur. Il est employé par l'Etat ou plutôt par la population. Tous les mois il touche le salaire correspondant à son niveau de qualification et n'a pas le droit de cumuler plusieurs salaires (du moins c'était le cas avant... et malheureusement ça a encore une fois évolué dans le mauvais sens). Si la collectivité n'a momentanément pas de poste, le fonctionnaire perçoit quand même son salaire.
Dans notre système de salaire à vie, on reprend ces principes-là mais on les étend à l'ensemble de la population majeure. A ses 18 ans, chaque individu touche son salaire au premier niveau de qualification. Ensuite, en fonction des études et diverses formations suivies, en fonction du travail que l'individu va faire, il pourra passer devant des jurys de qualification afin d'augmenter son salaire à vie. Bien évidemment, celui qui ne fera rien restera au premier niveau de qualification mais cela n'arrivera pas car personne ne peut rester sans rien faire dans la mesure où il sera mis dans de bonnes conditions de travail. Il est bon de rappeler que dans ce système le salaire est une reconnaissance et pas une récompense. Logiquement, plus on prend de l'expérience et plus on produit. Il semble alors tout à fait naturel de reconnaître cette production supplémentaire et d'octroyer un salaire en rapport.
Précisons tout de suite qu'il n'est pas question de créer un monde uniquement de fonctionnaires. D'ailleurs, et nous le verrons dans les prochaines fiches, le terme de fonctionnaire n'existerait plus. Le salaire à vie n'est là que pour libérer les gens, qu'ils puissent faire ce qu'ils aiment, là où ils sont les meilleurs, pour apporter le maximum à la collectivité sans avoir à se soucier du lendemain.
Bref continuons... Le rapport entre le premier niveau de qualification et le dernier ne pourra pas être supérieur à 4. En effet, si on commence à retomber dans les travers en octroyant des salaires indécents à certains, ils prendront le pouvoir et on repartira comme aujourd'hui.
La totalité du PIB étant socialisé (voir les fiches solutions précédentes) et le salaire à vie n'étant pas cumulable avec quelque autre revenu que ce soit, il n'y a plus besoin d'impôts et taxes. Le salaire qu'on touchera sera net et les prix vont instantanément baisser de 20% car il n'y aura plus de TVA.
Dans ce cas, on peut imaginer qu'un salaire de 1200 euros pour le premier niveau de qualification pourrait suffire pour vivre décemment, ce qui mettrait le dernier niveau, le salaire maximum, à 4800 euros.
Comme pour les investissements qui seront payés par la caisse d’investissement, les entreprises n'auront plus à payer les salaires des employés ; ceux-ci seront payés par la caisse des salaires (voir les fiches solution précédentes). Les entreprises pourront ainsi se consacrer pleinement à leurs tâches utiles.
Concernant les niveaux de qualification, le nombre de paliers serait à discuter mais pour moi il doit y en avoir un certain nombre afin que cela soit une source de motivation. C'est toujours important que le travail effectué soit reconnu et c'est encore mieux si la reconnaissance est régulière. Il faudra également calculer pour que le niveau maximum ne puisse pas être atteint trop rapidement. Mais nous y reviendrons dans une prochaine fiche solution.