AAAAAAAAh, les colos! Des souvenirs plein la tête, les veillées, les guitares, les batailles de polochons, les feux de camps, les chamallows, le loup garou, le camping, les grands jeux, la collectivité; en bref, la vie simple. Cette vie, permettant une vraie autre façon d'éduquer, complémentaire de l'école, un vrai dépaysement, un vrai mixage social... Chaque année, prés de 7 millions d'enfants; d'ado ou de personnes en situation de handicap partent en colonies de vacances. Une spécificité Française, bien structurée émanant du concept de l'éducation populaire, aujourd'hui en danger!
Animateurs et directeurs occasionnels sont derrière tout ça. Ils y trouvent de réelles expériences enrichissantes, favorisant une démarche citoyenne et sociale. C'est aussi la seule école qui permet entre autre à « apprendre à être parents »; l'école de la vie. Des vraies expériences humaines pour nos adolescents et jeunes adultes ou le savoir être est la clef du succès!
Quel est le statut pour ces gens? Beaucoup pensent que ce sont des bénévoles, d'autres les imaginent en vrais professionnels. Historiquement proches du bénévolat, ils sont, aujourd'hui, salariés, avec un contrat de travail modelé créé en 2006 appelé contrat d'engagement éducatif. Le contrat de travail le plus précaire en France!
Ce contrat de travail est dérogatoire à pratiquement tous les droits fondamentaux des travailleurs. Pas de temps de pause, pas d'heure supplémentaire, pas de temps de repos quotidiens (normalement 11h), travail de nuit obligatoire, et surtout l'application du SMIC n'est pas respectée (un animateurs est payé 2,2h par jours soit pas plus de 500 euros par mois pour du travail 24/24h)
Aussi, les animateurs et directeurs, en partie à cause d'une psychose nationale sur ces jeunes insouciants qui gardent "nos enfants" (dont un fait divers conforte chaque été la population dans ces préjugés), sont soumis à une réglementation très stricte, évoluant constamment, très contrôlée et surtout avec des responsabilités pènales dignes des professions médicales.
Tous ceci est modéré par une limite de 80 jours par an (vérifié par aucune autorité dans les faits) et par un champ d'application pas si réduit que ça : autant de collectivités, d'associations, et d'entreprises privées peuvent employer des animateurs en CEE tant qu'elles proposent un « accueil collectif de mineur à caractère éducatif » (là aussi, personne n'est très regardant) et/ou aux établissements et services pour enfants, adolescents ou adultes handicapés. Le champ d'application est assez large pour qu'on puisse dire, sans trop se mouiller, qu'il y a de graves abus, que beaucoup profitent de ce statut pour s'en foutre plein les fouilles...
Comment est-ce possible? Comment peut on travailler autant, en gagnant si peu? Comment une entreprise de tourisme de consommation sans aucune conception éducative peut- elle engager un jeune avec ce contrat? Comment les droits des travailleurs peuvent-ils être si facilement bafoués?... Tout ça combiné avec un amalgame malsain entre travail salarié et engagement citoyen.
Pourquoi un tel contrat? Pour permettre une certaine sécurité juridique pour les associations et réduire les coûts des séjours et donc de permettre une certaine "justice social" afin que chaque enfant puisse partir en vacances (ce qui n'est d'ailleurs pas du tout le cas). En réduisant le coût des séjours, cela permet aussi de réduire le coût de subventions et d'aides accordées par la CAF, l'état, les collectivités... On peut y voir aussi, un cadeau, à certaines entreprises touristiques, sans volonté éducative, proposant des séjours de consommation. Tout n'est pas tout noir, tout n'est pas tout blanc...
L'Union Syndicale Sud Isère (proche de sud) a contesté ce contrat devant le conseil d'état. Si le salaire ne peut pas faire débat pour des questions de forme, le temps de repos quotidiens (11h par jours), lui, est définitivement reconnus comme contestable. Il a été renvoyé, en 2010, vers la bienvenue cours de justice européennes qui considère que le statut des animateurs et directeurs de colo est bien « dérogatoire » au temps de repos quotidiens consécutif (11h) mais ne dispose pas de « temps de repos compensateur » ou de « protection appropriées » voulue par une directive européenne.
A partir de là, une réforme devient obligatoire.
Ironiquement, aucun animateur ne revendiquera ce « temps de repos quotidien», incompatible avec une continuité éducative et surtout avec la vie, le concept même de la colo.
Les associations, déjà en difficulté, n'ont pas les fonds pour financer des animateurs de « jour » et des animateurs de « nuit ». Elles se réunissent et envoient en Avril, à tous les députés et sénateurs une lettre ne cachant pas leurs inquiétudes pour le bon déroulement des colos cet été. Elles rappellent, qu'en 2006, date de la création du CEE, elles étaient favorable à la mise en place d'un contrat de volontaire. Les députés réagissent, ils questionnent massivement ministre de l'éducation et ministre du travail. Pas de réponse à ce jour! Gauche comme droite réclament la même chose : qu'on sorte du travail salarié et qu'on entre définitivement dans le volontariat.
La problématique du volontaire est réelle. C'est un statut coincé entre le bénévolat et le salariat, un statut flou qui peut laissé facilement pensé que nous sommes dans une nouvelle combine juridique.
Il n'empêche que le compromis entre réalité économique, contraintes légales et réalité éthique est loin d'être facile à trouver...
On attend! On espère une reforme de fond!
Les premiers enfants partent le 1er Juillet...
Je mets ici toute les sources permettant de mieux comprendre le sujet.
Repos quotidienDirectives voir page 17
Décision conseil d'état taper « contrat d'engagement éducatif »; décision N°301014Décision cours de Justice Européennes ou çaLettre des associations aux députés
Réaction des députés taper "contrat d'engagement éducatif" dans recherche simple
Propositions de loi « pompier volontaire »Loi n°2005-159 du 23 février 2005 relative au contrat de volontariat de solidarité internationale