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Billet de blog 6 juin 2025

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Iran : « Nous sommes en danger partout et en tout temps »

Dans un pays où chaque rue peut devenir un piège, et où les institutions censées protéger deviennent parfois des lieux de souffrance, des millions de femmes iraniennes vivent sous la menace constante d’une violence systémique. Cet article explore les mécanismes qui l’alimentent et les voix qui la dénoncent.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

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La violence systémique contre les femmes en Iran : de la rue aux centres de détention

Les femmes en Iran sont quotidiennement confrontées à une violence large et systémique, qui ne résulte pas seulement d’une société traditionnelle, mais émane d’un régime politique extrémiste, islamique et totalitaire. Ce système piétine de manière systématique les droits et libertés des femmes. Cette violence menace la vie, la santé mentale et la dignité de millions de femmes, et se manifeste dans tous les aspects de leur existence : dans la rue, dans les taxis, jusqu’aux centres de détention et les prisons.

Cette phrase courte mais puissante est la voix de milliers de femmes qui crient depuis des années :

« Nous sommes en danger partout et en tout temps ».

Cet avertissement nous rappelle que la violence contre les femmes en Iran n’est pas seulement un problème social, mais fait partie intégrante des mécanismes politiques et juridiques de l’État.

Violence au quotidien : des victimes partout

Même dans les moments les plus banals de leur vie, les femmes iraniennes sont exposées à la violence, que ce soit en prenant un taxi ou en allant au travail. L’exemple d’Elahe Hosseinnejad illustre cruellement cette crise. Elahe a été violée puis assassinée par un chauffeur de taxi en rentrant de son travail, un drame qui révèle la vulnérabilité extrême des femmes, même dans des espaces publics supposés sûrs.

D’autres cas tout aussi tragiques témoignent de la violence systémique :

  • Romina Ashrafi, une adolescente de 13 ans tuée par son père ;
  • Leila Paymard, assassinée dans son sommeil par son mari ;
  • Mansoureh Ghadiri, victime de violences domestiques ;
  • Donya Hosseini, tuée après avoir demandé le divorce ;
  • Fatemeh Soltani, cible de violences au travail ;
  • Nika Shakarami, adolescente de 16 ans arrêtée lors des manifestations populaires, violée dans la voiture de police et morte peu après. Le régime a tenté de dissimuler cet acte atroce.

Ces cas illustrent non seulement la violence physique et psychologique, mais aussi l’échec du système juridique et politique à protéger les femmes.

Violence légale : des lois discriminatoires et permissives

À la racine de nombreuses violences se trouvent des lois discriminatoires en Iran. L’article 301 du code pénal islamique, par exemple, réduit les peines pour les meurtriers dans les cas dits de « crimes d’honneur ». Cette disposition légitime de facto la violence domestique et les meurtres dits « d’honneur », créant un climat d’impunité.

De plus, les lois sur le divorce, la garde des enfants et les droits familiaux placent les femmes dans une situation de vulnérabilité extrême, privant beaucoup de leurs droits fondamentaux. La complexité des procédures pour prouver les crimes sexuels dans les tribunaux dissuade de nombreuses victimes de demander justice.

Conséquences sociales et psychologiques

La violence contre les femmes a des impacts profonds sur leur santé mentale et leur position sociale. Face à un climat de peur et de répression, et en l’absence de soutien psychologique, les victimes se réfugient souvent dans le silence et l’isolement. Les études montrent une augmentation significative des troubles tels que la dépression, l’anxiété et le syndrome de stress post-traumatique.

Le manque d’institutions de soutien et d’un environnement sécurisé entraîne un cycle de souffrances qui affecte toute la société.

Violence politique : un outil de répression

Narges Mohammadi, militante des droits humains et ancienne prisonnière politique, souligne que la violence contre les femmes n’est pas qu’un problème social, mais un outil politique utilisé pour contrôler et réprimer. Elle déclare :

« La violence contre les femmes fait partie d’un système répressif visant à étouffer les voix des femmes activistes et contestataires. »

Le cas de Nika Shakarami en est un exemple tragique. Cette adolescente, arrêtée lors des manifestations, aurait été violée par des forces de sécurité dans une voiture de police, puis serait décédée peu après. Le gouvernement a cherché à cacher cette vérité et à échapper à toute responsabilité.

Violence structurelle : un régime totalitaire et extrémiste

Narges Mohammadi avertit également que l’origine de cette violence se trouve dans la structure politique, totalitaire et idéologique de la République islamique. Ce régime limite sévèrement les droits fondamentaux des femmes par des lois idéologiques et une répression constante, instaurant un climat de peur et d’oppression dans la vie quotidienne.

L’obligation du port du hijab, les restrictions de mouvement, les interdictions sociales et la répression violente des femmes manifestantes sont autant de manifestations de ce système totalitaire qui contrôle tous les aspects de la vie des femmes.

Violence omniprésente : une menace constante

Les femmes disent :

  • « Si on prend un taxi ou un Snapp (Uber), ils nous tuent » (Elahe Hosseinnejad)
  • « Si on reste à la maison, ils nous tuent » (Mansoureh Ghadiri)
  • « Si on va au travail, ils nous trouvent et nous tuent » (Fatemeh Soltani)
  • « Si on dort, ils nous tuent » (Leila Paymard)
  • « Si on aime, ils nous tuent » (Romina Ashrafi)
  • « Si on veut divorcer, ils nous tuent » (Donya Hosseini)

Ces paroles traduisent une réalité amère : la violence contre les femmes en Iran est systémique, omniprésente et protégée par les politiques d’un régime répressif qui refuse de reconnaître les droits humains fondamentaux des femmes.

Une question pour l’avenir

Dans un tel contexte, comment construire un avenir sûr, libre et égalitaire pour les femmes iraniennes ? Est-il possible de briser ce cycle de violence ? Quels sont les leviers politiques, sociaux et juridiques nécessaires pour des changements profonds et durables ?

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.