Un jour de Noël, le 25 décembre 1991, l’URSS est dissoute suite à des années de manœuvres et de négociations entre les États-Unis et Mikhaïl Gorbatchev, qui démissionne le même jour que l’annonce officielle de la fin de l’Union soviétique.
Gorbatchev et la parole orale
Avec la chute de l’URSS, tous les pays « satellites » deviennent indépendants. Six mois plus tôt, le 1er juillet 1991, le pacte de Varsovie, qui rassemblait les pays de l’Est dans une alliance militaire est aussi dissout conformément à l’accord donné par James Baker, secrétaire d’état de George H.W.Bush à Gorbatchev le 9 février 1990 que « L’OTAN ne s’étendra pas d’un pouce vers l’est ». Aussi étonnant que cela puisse paraître, cette promesse du gouvernement américain n’a pas été mise à l’écrit. Poutine en parle en 2015 dans le documentaire « Conversations avec Monsieur Poutine » d’Oliver Stone en déclarant « Rien n’avait été couché sur le papier. Ce fut une erreur de Gorbatchev. En politique, tout doit être écrit, même si une garantie par écrit est aussi souvent violée. Gorbatchev a seulement discuté avec eux et a considéré que cette parole était suffisante. Mais les choses ne se passent pas comme cela ».
Neuf ans après cette rencontre sur parole, le 12 mars 1999, 3 pays de l’ex pacte de Varsovie rejoignent l’OTAN (Tchéquie, Hongrie, Pologne). 5 ans plus tard, en 2004, c’est au tour de la Bulgarie, de la Lituanie, de l’Estonie, de la Lettonie, de la Slovénie et de la Slovaquie de rejoindre l’OTAN. En 13 ans, l’entièreté des pays du pacte de Varsovie ont rejoint l’OTAN. Il est donc vrai que les États-Unis n’ont pas avancé d’un pouce vers l’est mais d’une main entière.
Déjà encerclée par des bases militaires de l’OTAN à quasi toutes ses frontières, la Russie de Poutine prévient dès 2005 que l’OTAN ne doit pas essayer de manœuvrer pour faire rentrer l’Ukraine dans l’organisation. Il déclare notamment « Tout élargissement de l’OTAN n’améliorerait pas la sécurité du monde. Cela dit, si d’autres républiques d’ex-URSS adhèrent à l’OTAN, nous respecterons leur choix. Mais certains problèmes pourraient surgir dans le cadre de notre coopération comme avec l’Ukraine qui est immense. L’Ukraine pourrait avoir des problèmes, je le dis franchement. » Réponse de l’occident ? Plan d’action pour l’adhésion à l’OTAN de l’Ukraine en 2008.
Ianoukovitch et l’euromaïdan
Ce plan est abandonné en 2010 par le président ukrainien Ianoukovitch qui voulait garder le pays neutre.
4 ans plus tard, ce même Ianoukovitch est obligé de fuir le pays suite aux manifestations « Euromaïdan », manifestations d’ukrainiens pro-européennes qui ont été déclenchées suite à la décision de Ianoukovitch de ne pas signer un accord d’association avec l’Union européenne mais plutôt avec la Russie. Par respect pour l’intelligence du lecteur, nous ne soulignerons pas que ces manifestations sont évidemment soutenues et financées par les États-Unis. Outre le fait qu’il y ait des ukrainiens qui veulent sincèrement un rapprochement avec l’Union européenne et l’OTAN et c’est leur droit.
Dans la foulée, des manifestations « antimaïdan » éclatent à l’Est de l’Ukraine, majoritairement pro-Russe. Ces manifestations virent très vite à une confrontation armée entre milices pro-russe et gouvernement ukrainien. La même année, Poutine annexe la Crimée qu’il considère historiquement russe et dont la population a voté par référendum le rattachement à la Russie à … 96,7%. Poutine s’attire les foudres de la communauté internationale.
Les pompiers pyromanes de l’OTAN
Les frontières mal définies de la dislocation de l’URSS qui a été actée de manière précipitée amènent des années plus tard des problèmes territoriaux où l’OTAN n’hésite pas à s’engouffrer pour jeter de l’huile sur le feu et pousser les ukrainiens à rejoindre l’alliance ainsi que l’Union européenne.
Ce jeu dangereux, constante de sa politique internationale belliqueuse et où l’ingérence prime sur la voie diplomatique et le respect des peuples amène de facto à des situations de guerre.
Vladimir Poutine, loin de tout reproche mais qui prévient depuis 2005 que l’extension de l’OTAN peut créer de graves problèmes dans la région, n’est pas écouté (volontairement?) par l’Occident qui le diabolise sans expliquer sa part de responsabilités dans l’histoire.
Avec l’explosion d’internet et des réseaux sociaux et dans une génération où la jeunesse a vu les mensonges éhontés de la guerre d’Afghanistan, de la guerre d’Irak, de la guerre en Libye et en Syrie, les pays de l’UE qui s’obstinent à suivre les États-Unis aveuglément ont perdu toute crédibilité aux yeux des populations et n’ont aucune légitimité à condamner la Russie.
Si toute attaque contre des civils doit être condamnée, qu’importe que le commanditaire soit l’OTAN ou Vladimir Poutine, il est nécessaire de rappeler que la fondation même de l’OTAN repose sur une logique révolue.
La guerre froide étant finie, l’OTAN et le pacte de Varsovie aurait dû être dissous en même temps. Ce deux poids deux mesures flagrant ne saurait s’expliquer autrement que par une politique impérialiste brutale, politique à l’origine même de l’OTAN qui n’a quasi que pour seul but d’étendre l’influence de l’occident (comme son nom l’indique, Organisation du Traité de l’Atlantique Nord) et de diminuer celle de la Russie. Ce n’est malheureusement pas en faisant basculer le monde dans une hégémonie américaine qu’on règle les guerres. Ni dans une hégémonie russe. Ni dans une hégémonie d’un quelconque pays. Les États-Unis, pays qui a à son actif le plus de guerre dans son histoire le sait très bien. Les interventions des États-Unis ou encore de la France qui n’ont eu de cesse de créer des guerres partout à travers le globe ne leur laisse que très peu de légitimité auprès de leurs populations respectives pour oser faire des discours sur la paix et se présenter en tant que défenseurs du peuple ukrainien. De ce fait, à chaque discours moralisateur de ces deux pays, principalement auprès des jeunes issus de l’immigration en Europe ou des afro-américains et des hispaniques aux États-Unis, une levée de bouclier se fera automatiquement. Les déclarations nauséabondes de «consultants » et de «journalistes» français qui font une distinction entre les réfugiés ukrainiens qui seraient d’une plus grande qualité que ceux venant d’Afrique ou du Moyen-Orient (ce qui s’appelle tout simplement du racisme, au cas où) ne font qu’encore plus creuser l’écart dans la société occidentale, déjà divisée depuis des années par des incendiaires de tout bord.
Pour en revenir à l’Ukraine, Zelensky, le président ukrainien arrivé au pouvoir en 2019 après avoir été acteur, notamment dans une série à succès (« Serviteur du Peuple ») où il incarnait le rôle d’un professeur d’histoire qui par un concours de circonstances devenait président (ça ne s’invente pas) arrive au pouvoir à peu près comme son ancien personnage, avec son parti qu’il a nommé comme le titre de la série (ça ne s’invente pas non plus).
Ce pauvre homme qui n’a aucune expérience politique à son actif, manipulé de tous les côtés, choisit dès son investiture de visiter Bruxelles pour sa première visite à l’étranger. Il y réaffirme la volonté de son pays d’intégrer l’Union Européenne et l’OTAN en déclarant que c’est une priorité de sa politique.
Les vieux faucons de l’OTAN sentant l’opportunité du siècle avec ce novice à la tête d’un pays aussi stratégique décident d’accélérer la cadence à partir de 2019.
De par son irresponsabilité et son manque d’expérience, Zelensky au lieu d’essayer d’adopter une politique neutre, s’est jeté dans les bras de l’Occident, provoquant dans le même temps le courroux (certes condamnable, on le répète) d’une Russie excédée par les manœuvres sournoises de l’OTAN, des États-Unis et de son cheval de Troie nommé « Union Européenne ».
Avec l’invasion russe de l’Ukraine, Zelensky commence à comprendre un peu tard qu’il ne peut finalement compter que sur lui-même dans cette guerre. Le 4 mars 2022, Zelensky a demandé à l’OTAN une zone d’exclusion aérienne.
Réponse de Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’Alliance devant les ministres des affaires étrangères de l’UE « Nous avons la responsabilité d’éviter que cette guerre s’étende au-delà de l’Ukraine parce que cela serait encore plus dangereux, plus dévastateur, et cela causerait encore d’avantage de souffrances ». Zelensky, comprenant trop tard la manipulation dans laquelle il a été embarqué a rétorqué, sèchement et amer que « tous les gens qui mourront après ajourd’hui mourront à cause de vous » .
Voici la triste réalité de la politique de l’OTAN qui s’engouffre dans des conflits où dans l’idéal ils n’interviendraient pas directement, en utilisant des chevaux de Troie comme Zelensky et en les abandonnant à leur sort une fois la guerre déclenchée.
Cette alliance militaire d’un temps révolu, qui est prête à tout pour maintenir et élargir ses intérêts ne peut qu’envenimer la situation dans le monde. Un monde où les intérêts de chaque pays passeraient par la voie diplomatique et non militaire ne peut exister dans le même monde que l’OTAN.