Nazim Mokhtari (avatar)

Nazim Mokhtari

Abonné·e de Mediapart

11 Billets

0 Édition

Billet de blog 12 avril 2024

Nazim Mokhtari (avatar)

Nazim Mokhtari

Abonné·e de Mediapart

Israël et ses soutiens, les mauvais élèves de l’impérialisme

Le général Giap, ancien général des forces armées vietnamiennes et qui a chassé coup pour coup la France coloniale et les États-Unis de son territoire, avait en plus de son génie militaire, un sens inégalé de la formule. On lui doit notamment la célèbre phrase « l’impérialisme est un mauvais élève, qui n’apprend jamais les leçons de l’histoire ».

Nazim Mokhtari (avatar)

Nazim Mokhtari

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Cette phrase est criante d’actualité concernant Israël, qui s’entête dans ses crimes contre l’humanité à Gaza, en dépit de toutes les remontrances de la communauté internationale et jusqu’à embarrasser même leur plus grand allié, en l’occurrence les États-Unis.   

En multipliant les crimes à Gaza, Israël s’isole, devient impossible à contrôler pour ses alliés qui aiment opérer en enjolivant leur crime, en parlant de démocratie, de supériorité morale, de guerre contre le terrorisme et tout ce qui s’en suit. 

Si cette formule a marché pendant autant d’années, elle devient de plus en plus compliquée à être audible tant Israël a poussé l’horreur et le flagrant délit à son comble. 

Et chez les alliés impérialistes comme les États-Unis, le flagrant délit n’est pas une qualité très appréciée.

Une situation intenable pour les propagandistes du gouvernement israélien   

Les soutiens médiatiques et politiques de Benjamin Netanyahu et de ses comparses génocidaires se retrouvent dans une situation intenable où le soutien à Israël est devenu quasi impossible à justifier dans l’opinion publique.  

Cet état de fait est particulièrement frappant dans le paysage audiovisuel francophone. Pour les gens qui souhaitent la paix et un état palestinien, il n’y a pas meilleur soutien involontaire que Meyer Habib ou encore Olivier Rafowisz - porte-parole francophone de l’armée israélienne, qui est quasi devenu un meme sur internet avec son fameux « est-ce que vous condamnez le RAMAS? » - qui continuent leur propagande inhumaine et insensée sur les plateaux télévisés. Sans le vouloir, ils arrivent à convaincre même les plus sceptiques de la folie du gouvernement israélien.

Les discours changent toujours lorsque l’opinion publique remarque que l’horreur atteint des sommets

Le matraquage médiatique qui avait suivi le 7 octobre notamment en France où c’était le plus visible mondialement a fini par s’estomper pour créer une situation inverse où de plus en plus de personnes s’insurgent contre le traitement médiatique réservé à Gaza et à la couverture du « conflit ».

C’est ce qui se passe quand la propagande est tellement grossière et opérée dans la panique de vouloir convaincre l’opinion publique d’une moralité supérieure dans la guerre. 

Petit à petit, sans faire trop de vagues, les journalistes aboyant leur soutien à Israël chaque jour et les faiseurs de guerres professionnels ont dû faire profil bas, re-calibrer leur discours. 

La palme de la malhonnêteté et du re-calibrage mal exécuté revient à Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée Nationale française qui a déclaré devant cette même assemblée, le 10 octobre 2023 : 

« Je veux redire ici qu’Israël est un pays ami à qui je veux réaffirmer au nom de la représentation nationale notre totale SOLIDARITÉ et notre soutien INCONDITIONNEL » pour, quelques mois plus tard, le 6 mars 2024, déclarer sur RMC : "Lorsque j'ai apporté mon soutien inconditionnel à Israël, Israël n'avait pas riposté. Maintenant, la situation a considérablement évolué, et ce que nous voyons est absolument dramatique »

C’est ce qui s’est toujours passé dans toutes les guerres coloniales, où le colon, représenté et soutenu d’abord par un pouvoir ouvertement raciste, génocidaire et meurtrier finit petit à petit par changer de discours quand il sent que le vent va tourner. 

Ça a été le cas pour l’Algérie où le général Bugeaud déclarait « J’entrerai dans vos montagnes; je brulerai vos villages et vos moissons; je couperai vos arbres fruitiers et, alors, ne vous en prenez qu’à vous seuls ». 

Pour finir par le général de Gaulle et son fameux « je vous ai compris » dans un contexte où la Guerre d’Algérie était de moins en moins acceptée par l’opinion publique et qui provoquera la fureur des partisans de l’Algérie française car lorsque le colon voit que sa représentation flanche dans la haine et la déshumanisation du colonisé, il est livré à lui-même et au colonisé, qu’il considère comme barbare et dont il a peur jusqu’au plus profond de sa chair. 

En Afrique du Sud, Frederik de Klerk, soutenu en majorité par de farouches partisans de l’Apartheid a eu la lucidité de comprendre qu’il n’avait pas le choix de se mettre à la table des négociations avec l’ANC et que le cours de l’histoire était plus fort qu’un modèle raciste et séparatiste voué à disparaître avec ou sans lui. 

L’entêtement du gouvernement israélien à continuer ses crimes contre l’humanité jusqu’à ce qu’un beau jour le monde occidental se réveille et décide d’arrêter de soutenir un gouvernement comparable à l’Allemagne Nazi qu’ils ont tant combattu finira tôt ou tard par les frapper de plein fouet.

Quand ce jour arrivera et que le procès de Nuremberg version Gaza pointera le bout de sa toge, il est évident que dans ce beau monde, certains suivront les pas de leur idole et préféreront le suicide au tribunal. 

Les animaux humains ne sont certainement pas les palestiniens

Il n’y a pas plus symptomatique de cet entêtement et de l’impunité dont jouissent les génocidaires du gouvernement israélien que la déclaration du ministre de la défense israélien qui comparait les palestiniens à des animaux humains.

« J’ai ordonné le siège complet de Gaza. 

Nous combattons des animaux humains et agissons en conséquences », déclaration vidéo du ministre de la défense israélien, Yoav Gallant, le 9 octobre 2023. 

C’est à ce même gouvernement que Yaël-Braunv Pivet affichait son soutien inconditionnel, sans se douter apparemment qu’un ministre de la défense d’un gouvernement d’extrême droite qui compare des humains à des animaux serait capable de tuer femmes et enfants, de bombarder des hôpitaux, de tuer des journalistes et d’imposer un blocus humanitaire à des millions d’habitants. 

Bon soupçon oblige, on peut partir du principe que la perspicacité ne soit peut-être pas une qualité requise pour être présidente de l’Assemblée Nationale. 

La honte obligeant les va-t-en guerre à vouloir se faire passer pour des humanistes aura peu de poids face à la sévérité et à la justesse de l’histoire avec un grand H et ils le savent.

La jurisprudence Colin Powell, envoyé au casse-pipe devant le monde entier pour au final être dans la corbeille de l’histoire de l’humanité est encore présente dans les esprits, surtout dans l’esprit des politiciens envoyés faire le même sale boulot mais cette fois sans la fiole. 

Les vaines tentatives de vouloir quand même avoir un petit mot pour la Palestine, entre 2-3 bombardements d’hôpitaux à Gaza ne suffiront pas à faire oublier certaines déclarations de politiciens, journalistes ou autres chroniqueurs de guerre qui se retrouveront encore à être les derniers de la classe aux yeux du monde lorsque la Palestine arrachera son indépendance.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.