En moins de deux semaines, toutes les voix qui se sont levées pour défendre la cause palestinienne ont été victimes d’un lynchage médiatique d’une violence inouïe. Les militants de la FI, en passant par Phillipe Poutou ou encore des sportifs comme Karim Benzema pour ne citer que les plus connus, ce déchaînement médiatique pourrait presque nous faire oublier la cause principale du conflit israélo-palestinien qui n’est autre que la colonisation israélienne.
Cette omission volontaire de ce paramètre crucial a toujours fait parti de la stratégie des dominants à enlever le droit aux dominés de se défendre et à choisir par quel moyen ils doivent le faire. D’une en ne faisant pas la différence entre une guerre de libération face à une situation coloniale et une guerre « classique », de deux en utilisant des termes bien précis pour nommer les résistants à cette colonisation. Ça a été le cas pour toutes les guerres de libération, allant de l’Algérie où les combattants du FLN étaient traités de terroristes, au Vietnam où les combattants pour l’indépendance étaient nommés péjorativement « Viet-Cong », jusqu’aux résistants palestiniens qui ont toujours été traités de terroristes qu’ils aient été du Fatah, de l’OLP, du FPLP ou du Hamas. Le Hamas étant un mouvement islamiste revendiqué, celui-ci est la caution idéale des occidentaux pour pouvoir condamner la résistance palestinienne en les traitant de barbares et de dégénérés, ce qu’ils faisaient dans tous les cas même quand la résistance était d’un autre mouvement.
Barbarie versus dommages collatéraux
Il n’est pas question ici de légitimer les victimes civiles israéliennes ni de faire l’éloge du Hamas, toute mort civile nous touche dans notre humanité et est condamnable.
Il est question ici d’analyser les mécanismes de propagande que mettent en place les médias de masse, main dans la main avec les gouvernements occidentaux pour étouffer tout soutien à la Palestine sous couvert d’apologie du terrorisme.
La morale du colon doit toujours prévaloir sur celle du colonisé, comme a dit Frantz Fanon « Il ne suffit pas au colon de limiter physiquement, c’est-à-dire à l’aide de sa police et de sa gendarmerie, l’espace du colonisé. Comme pour illustrer le caractère totalitaire de l’exploitation coloniale, le colon fait du colonisé une sorte de quintessence du mal »
En effet, le colonisé, le palestinien ici en l’occurrence, ne peut qu’être barbare, immoral, s’il se défend en prenant les armes. À contrario de l’armée israélienne qui est décrite par ses propagandistes en chef comme « l’armée la plus morale du monde » qui ne fait que se défendre face aux barbares, même si il y a des « dommages collatéraux » (terme constamment employé par l’impérialisme pour parler de morts civils).
En ce sens, deux séquences hallucinantes - pour ne pas dire immondes - qui passent sous nos yeux depuis une semaine sont symptomatiques de cette morale du colon. La première est celle de l’immense Pascal Praud qui nous explique qu’il ne condamne pas la mort de civils palestiniens. Vient ensuite le philosophe et l’un des plus grands humanistes français de son temps, la sommité Raphaël Enthoven qui nous dit à une heure de grande écoute qu’il faut faire une différence entre les morts civils de palestiniens - qu’il appelle mot pour mot « victimes collatérales » -consécutifs à la réponse d’Israël et les morts civils d’israéliens.
En partant de ce point de vue, les dés sont totalement pipés et il est inconcevable pour l’occidental lambda qui n’est pas politisé ou qui n’est pas documenté sur les mécanismes de la colonisation, de comprendre qu’un palestinien puisse prendre les armes car il est colonisé, qu’il est exproprié, qu’il est sous un blocus depuis une quinzaine d’années dans une prison à ciel ouvert. La seule info qu’il retiendra est que Hamas= palestiniens= potentiels terroristes. Et c’est l’effet recherché par le matraquage médiatique. 
Vouloir la paix c’est vouloir s’attaquer aux causes de la violence
Alors que les morts civils devraient toutes être imputées à la cause, c’est-à-dire à la colonisation et à la politique expansionniste infinie de Benjamin Nentanyahu, ce dernier est dans une telle position de force et dans une telle impunité qu’il peut se permettre de partager sur X une vidéo où son armée bombarde des civils palestiniens sans qu’il n’y ait aucune condamnation juridique. Les israéliens qui souhaitent la paix (qui sont beaucoup mais que vous ne verrez jamais dans les médias mainstream) et qui ont perdu des proches dans les attaques du Hamas devraient détester Netanyahu autant qu’un palestinien.
L’état français s’entête dans la honte
La propagande étatique et médiatique est devenue tellement puissante en occident, que la France et l’Allemagne, deux pays qui à une époque pas si lointaine étaient encore des puissances diplomatiques respectées, qui pouvaient sans sourciller se positionner contre les États-Unis dans sa folie meurtrière en Irak, sont devenus en 15 ans - après le passage de Sarkozy puis Macron - des puissances valets des États-Unis sans aucune marge de mouvement. L’interdiction par Macron et Darmanin des manifestations pro-palestiniennes et la position de l’état français envers la Palestine est tellement honteuse qu’ils feraient presque passer Chirac pour un militant d’extrême gauche.
L’épouvantail de « l’apologie du terrorisme » en toile de fond
Ajouté à cela, le matraquage médiatique permanent des grandes chaînes de télé en faveur d’Israël, jusqu’à leur propagande sur les pubs YouTube et vous voilà encerclé dans un monde occidental où la raison n’a plus sa place et où les pressions que subissent les soutiens à la Palestine en deviennent presque parodiques.
Un monde où expliquer qu’il n’y aura jamais de paix sans l’arrêt de la colonisation reviendrait à faire de l’apologie du terrorisme selon Darmanin.
Un monde où condamner le gouvernement israélien qui est coupable des pires crimes de guerre et des pires crimes contre l’humanité aux yeux de tous reviendrait à faire de l’apologie du terrorisme.
 
                 
             
            