L’automne est là, la forêt se part de belles robes flamboyantes. Si nous sommes assez silencieux et attentifs, nous pourrions observer des chevreuils ou des biches.
Quelques groupes de migrateurs se posent çà et là dans les champs.
La nature est magnifique !
Mais, ce week-end, irons-nous en famille profiter dans la foret ? Irons-nous profiter de l’odeur de la foret en automne ? Irons-nous ramasser des châtaignes avec les enfants ?
Hélas non…
Non, car avant même de pénétrer dans la forêt, nous entendons déjà les nombreux coups de feu.
Non, parce que nous tenons à la vie de nos enfants et à la nôtre.
Non, nous ne pourrons pas nous promener en forêt ce week-end, ni tous les autres week-ends de l’automne et de l’hiver.
Car, le week-end, la forêt appartient aux chasseurs.
Bien-sûr, rien ne nous interdit d’y aller. Mais, soyons sérieux, qui irait faire une balade en foret avec ses enfants en entendant des coups de feu à quelques mètres.
Alors, nous sommes privés de forêt. Privés de sorties en famille pour que d’autres puissent jouir pleinement de leur loisir.
Vous me direz que l’espace se partage. Certes, mais si les familles ne peuvent aller se promener en forêt le week-end, quand peuvent-elles y aller ?
Mais, il n’y a pas de lobby pour les contemplatifs de la nature, pas de lobbyiste pour défendre le simple plaisir d’observer la nature.
Il n’y a pas de lobbyiste pour amalgamer ruralité et randonnée.
A contrario, il semble avoir été admis par nos politiques que la chasse représente la ruralité et que contraindre les chasseurs reviendrait à punir le monde rural.
Mais nous, les non-chasseurs des campagnes, qui sommes-nous si nous ne sommes pas le monde rural ?
Pourtant, nous vivons dans ce monde rural, nous en partageons les bonheurs et les difficultés.
Nous contribuons à la vie économique et culturelle du monde rural.
Car au fond, il est bien évident que, nous aussi, nous sommes le monde rural.
Mais un monde rural sans lobbys et sans fusils.
Alors, pendant que quelques-uns font régner leur loi dans nos forêts, à coup de chevrotine et de carabine, je rêve…
Je rêve de responsables politiques qui auraient le sens du bien commun, je rêve de responsables politiques qui écouteraient le peuple et rassembleraient au lieu de cliver.
Mais en attendant, durant au moins la moitié de l’année, à la campagne, nous vivons enfermés, comme en ville, car des hommes en armes se sont appropriés le paysage.