Un sujet me préoccupe fortement, le far west agri-voltaîque ou le nouveau remembrement des campagnes en faveur des ENR. Si la nouvelle loi de mars 2023 encadre assez bien les projets photovoltaîques au sol, il n'en est rien concernant l'agri-voltaïsme au-dessus des champs. Les premiers sont censés répondre à des soucis de biodiversité, et être compatibles avec le voisinage habité, la sauvegarde des espaces naturels, des paysages et du patrimoine. Les seconds semblent échappés à tout contrôle. Ce nouvel eldorado pour le monde agricole fait des émules. La préfecture du Gers et la chambre d'agriculture sont inondées de demandes en ce sens. Les producteurs d'électricité, souvent poussés par des fonds de pensions internationaux démarchent les agriculteurs à tours de bras leur faisant miroiter des locations de terres entre 3000 et 5000 euros l'hectare. Comment voulez-vous ne pas être séduits? Allons-nous vers une industrialisation de nos campagnes? La question mérite d'être posée et investiguée. Il y a danger.
Ces producteurs d'énergie ne se soucient ni des habitants, ni du paysage, ni du tourisme, ils veulent du rendement. En attendant, le monde rural se déchire, les habitants qui veulent préserver leur qualité de vie s'affrontent avec le monde agricole qui veut s'enrichir. Quel paysage voulons nous pour nos enfants, quelle campagne les citadins veulent-ils trouver pour se ressourcer? Quel tourisme voulons nous préserver?
La spéculation des terres agricoles a déjà commencé, les troupeaux d'ovins sont soudainement apparus dans le Gers pour pouvoir revendiquer des mégas parcs agri-voltaïques pour les ovins qui rapportent beaucoup et demandent peu de travail. Notre souveraineté alimentaire est-elle en danger elle aussi? Imaginez ces centaines d'hectares couvertes de panneaux photovoltaïques de 4m50 de haut sur 3m de large, entouré de palissades métalliques de 2m de haut, des petites masures en béton pour accueillir les onduleurs, des caméras et des lampadaires pour protéger le tout. Il faut défendre notre paysage du tout industriel, des solutions existent. Il suffit d'une gestion du territoire intelligente et encadrée qui défend le bien public et refuser cette appropriation spéculative des terres agricoles par des intérêts privés pour des intérêts privés dont il ne nous restera que les nuisances.