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Billet de blog 4 juin 2021

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Augustin Emane, un Gabonais à l’honneur au Brésil

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

A l’instar de la communauté internationale, le Gabon vient de fêter, dans l'indifférence, il est vrai,  la Journée mondiale de la Sécurité et de la Santé au travail. Cette célébration s’est passée dans un contexte de profonde crise économique et sanitaire. Alors qu'au Gabon, la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) traverse la pire crise de son histoire, au Brésil, un pays véritablement émergent, un Gabonais a été honoré dans les domaines de la prévention des risqués professionnels et de la sécurité sociale. Grinçante ironie du calendrier !

Illustration 1

Augustin Emane : Docteur en Droit du Travail et de la Sécurité sociale. Sa thèse portant sur le thème « Essai sur le caractère ambigüe de la sécurité sociale au Gabon », soutenue à l’Institut national de sécurité sociale et problèmes médicaux à Nantes en 1992, en dit long sur cette capacité d’anticipation sur ce qui allait arriver au Gabon plusieurs années plus tard. En abordant ses recherches sous cet angle, on peut dire qu’Augustin Emane a vu les choses venir. Cet enseignant de droit, de garantie et de protection sociale et sanitaire a contribué à la publication de plusieurs revues sur les thématiques de la sécurité sociale. On citera, entre autres, la Revue LTR législation du travail, à Sao Paulo au Brésil, la Revue de l’Institut de recherches en sciences sociales appliquées de l’Université de Kisangani en République démocratique du Congo. De même qu’entre 2009 et 2014, il a fait plusieurs publications sur le Gabon, dont : « Repenser la négociation sociale au Gabon, libre propos sur le régime d’assurance maladie de la CNAMGS (Caisse nationale d'assurance maladie et de garantie sociale), la protection sociale et l’accès aux soins…». Les difficultés que traversent depuis quelques années la CNSS (dans le paiement des pensions de vieillesse et des allocations de rentrée scolaire), et la CNAMGS (dans la prise en charge médicale des assurés) permettent d’affirmer qu’Augustin Emane était en avance sur son temps. Un visionnaire.

Selon le directeur général la CNSS, il fallait 13 employés pour supporter un retraité, aujourd’hui on compte à peine 3 employés pour le faire, soit une baisse drastique des cotisations sociales. Du côté de la CNAMGS, les officines pharmaceutiques et les cliniques ne sont pas payées, ou, quand elles le sont, c’est avec énormément de difficultés. Conséquence de ce désordre, la prise en charge des assurés est, au mieux, à géométrie variable, au pire, tout simplement calamiteuse.

Au moment où la CNSS et la CNAMGS sont à la croisée des chemins, les autorités gabonaises gagneraient à s’inspirer des travaux de Charles Mendoume, qui a soutenu sa thèse de doctorat en 2013 à la faculté de droit de l’Université de Nantes. Codirigée par Augustin Emane, celle-ci avait pour  titre : « Contribution à l’analyse des modes de financement des organismes de sécurité sociale des pays francophones membres de la zone Cipres, le cas du Gabon ».

Au lendemain de la célébration, le 28 avril dernier, de la Journée mondiale de la Sécurité et de la Santé au travail, l’Ecole supérieure des Avocats de Sao Paulo au Brésil a décerné à Augustin Emane le grade de « Professeur Honoris Causa ». Par cet acte, elle a rendu un hommage mérité à ses « enseignements éclairés », mais également  à ses multiples contributions dans la recherche.

Faisant preuve d’une exceptionnelle capacité d’adaptation, l’enseignant gabonais – qui parle couramment l’italien – tient ses conférences en portugais. Pour le plus grands plaisir de ses collègues et interlocuteurs brésiliens.  

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