Nephkelsi (avatar)

Nephkelsi

Abonné·e de Mediapart

16 Billets

0 Édition

Billet de blog 5 février 2021

Nephkelsi (avatar)

Nephkelsi

Abonné·e de Mediapart

Du malheur d’être diplomate gabonais en Suisse

Nephkelsi (avatar)

Nephkelsi

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

C'est, en apparence, une représentation diplomatique normale. Ordinaire. Mais quand on écoute ce qui se dit, et qu’on lit ce qu'écrivent certains médias à son sujet, on découvre que l'ambassade du Gabon en Suisse se singularise, ces derniers temps, de façon déshonorante. Et même paradoxale, car bien que ce pays d’Afrique Centrale soit membre du Conseil des droits de l’Homme des Nations-Unies pour un mandat de trois ans, sa représentante officielle bafoue les droits les plus élémentaires de ses collaborateurs.

En effet, aussi incroyable que ça puisse paraitre, le personnel en service à l'ambassade du Gabon à Genève n'est pas payé depuis 6 mois. Et pourtant, ce n'est, semble-t-il, pas l'argent qui manque, puisque Mme Mireille-Sarah Nzenzé, la cheffe de cette mission diplomatique vient de s'offrir, comme deuxième véhicule, une rutilante Mercedes 400. Prix de cette petite merveille, 50.000 francs suisses, soit un peu plus de 30 millions de francs CFA.

Or, il se trouve que cette situation inadmissible et totalement incompréhensible entraine de véritables drames humains. Certains membres du personnel sont menacés d’expulsion de leurs logements. Parmi ces malheureux, il y en a qui ont dû se résoudre à interrompre la scolarité de leurs enfants, faute de moyens pour payer. Et puis, il y a cette histoire terrible : un employé de l’ambassade vient de passer deux mois en prison, parce qu’incapable de payer la pension alimentaire de ses enfants. Pour le procureur qui l’a condamné, l’argument selon lequel ce père de famille travaillait depuis plusieurs mois sans être payé, était irrecevable. Le magistrat n’a pas cru cela possible. C’est pourtant la triste réalité ! Le monsieur a finalement recouvré sa liberté. Mais « il est profondément marqué, touché au plus profond de son être », nous a confié un diplomate camerounais qui le côtoie depuis un peu plus de 6 ans.  

Jeudi 4 février dernier, c’est le journal gabonais La Cigale Enchantée qui, le premier, lançait ce pavé dans la mare : « En poste depuis décembre 2019, Mireille Sarah Nzenzé ne semble pas se préoccuper outre mesure du sort de ses collaborateurs. Lesquels, pourtant, ne chôment pas : en plus d’être membre du Conseil des droits de l’Homme en Suisse, le Gabon assure également, depuis janvier 2021, la présidence d’un groupe de travail de l’Union africaine à Genève. Ça veut dire qu’il y a beaucoup de travail pour nos compatriotes diplomates. »

Illustration 1
"La duchesse" ambassadrice Mireille Nzenzé

L’information a aussitôt fait l’effet d’une mini-bombe sur les bords du lac Léman. Ou, du moins, dans les locaux abritant l’ambassade du Gabon à Genève. Remontée comme un pendule, Mme Nzenzé a convoqué ses « esclaves » pour une explication très musclée. Elle a crié, tempêté, menacé. « Je vais faire renvoyer au pays tous ceux qui se plaignent de leurs conditions de travail ! », a promis la sœur du général Jean-Raymond Nzenzé. Il faut préciser que ce dernier, médecin militaire de carrière, fait partie du staff médical d’Ali Bongo, le dictateur gabonais. A ce titre donc, il servirait de parapluie à « Mme l’ambassadeur, représentant permanent à Genève et à Vienne ». Jouant à fond sur la fibre familiale et clanique, Mireille-Sarah Nzenzé a complètement sombré dans le ridicule lorsqu’elle prétendu que ses proches qui sont en service à la présidence gabonaise allaient « mener des investigations pour découvrir les taupes ». Comme si c’était le travail des collaborateurs du président. Tout au plus, si ces derniers devaient s’occuper des problèmes de la représentation gabonaise en Suisse, ils gagneraient plutôt à mettre bon ordre dans la gestion calamiteuse de « la duchesse » ambassadrice. Pour l’honneur du Gabon.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.