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Billet de blog 10 juin 2020

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Malversations à la Satram : le nouveau syndic Moussadji a déjà frappé !

Loin de s’apaiser, les tensions sociales liées à la précarité dans laquelle les magistrats du Tribunal de Port-Gentil et les syndics ont plongé les salariés de la Satram, sont montées d’un cran la semaine dernière. En cause, le remplacement de Me Ngondeth Bibang, un syndic véreux, par un autre qui ne l’est pas moins : un sacré pistolet nommé Roger Valère Moussadji.

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Ministres de la Justice, magistrats, syndics, huissiers, c’est à croire que le groupe Egca/Satram les rend tous fous. Chacun donnant l'impression de vouloir, à tout prix, se faire du beurre sur la dépouille de ces entreprises. Le dernier aigrefin en date, Roger Valère Moussadji, syndic récemment nommé en remplacement de son confrère Ngondeth Bibang, n’a pas attendu pour se signaler. Et il l’a fait de si fort belle manière, que l’on se demande si l’auxiliaire de justice n’est pas tout bonnement en train de foncer vers la prison centrale de Port-Gentil en klaxonnant.

Sinon, comment peut-il espérer s’en sortir après le casse de huit cent millions de francs CFA qu’il vient de perpétrer ? Déjà, comment Roger Valère Moussadji a-t-il pu penser, un seul instant, que le système de prédation qu’il a mis en place allait passer inaperçu ? En tout cas, faisant fi du climat explosif qui règne depuis plusieurs mois à la Satram, le syndic s’est adjoint les services de deux complices pour opérer : un huissier de justice véreux en la personne de Edzo Obiang, et un dirigeant de l’entreprise, tout aussi indélicat, le Marocain Saïd Znaki. Sous prétexte de devoir payer aux salariés en grève une partie de leurs rémunérations, les trois fripouilles ont réussi à persuader un client de concéder à la Satram un acompte de huit cents millions de francs. Une fois en possession du pactole, le trio va contourner les banques et organiser, dans la plus grande opacité, la disparition de l’argent. Informés, les employés sont descendus dans la rue. Multipliant  sit-in et actions de protestations, ils en sont même arrivés à chahuter les magistrats, traités de « corrompus » et de « voleurs ». Particulièrement dans leur viseur, le président du tribunal Armel Boulé, qualifié de « véritable phénomène boulimique  » et Bertin Methomat, président de la Cour d’appel.  

Illustration 1
Vent debout, les salariés de la Satram demandent des comptes aux magistrats

Ayant, jusqu’à ce jour fait preuve d’une patience et d’une dignité exemplaires, ces mères et pères de familles avaient pourtant, il y a près de deux mois, vigoureusement dénoncé la nomination scandaleuse de Moussadji. Pour une mission aussi délicate, le passé de cet homme, en effet, le disqualifiait d’office. Lui qui, en juillet 2012, alors qu’il était en charge du redressement de la société Africa N°1, s’était illustré de manière à la fois négative et spectaculaire. Agissant en qualité de syndic judiciaire, Roger Valère Moussadji avait encaissé des espèces sonnantes et trébuchantes auprès du Trésor Public au titre des salaires des 54 employés de la radio panafricaine. Montant de la somme perçue : huit cent millions de francs CFA. Comme par hasard ! C’est à croire qu’il s’agit d’un chiffre fétiche pour le syndic. Sauf que, quelques mois après cette « frappe », il sera placé en garde à vue le 19 décembre avant d’être transféré à la prison de Libreville, une semaine plus tard.

Soit dit en passant, c’était la moindre des choses, car pendant que les salariés attendaient leurs paies au siège de l’entreprise, Moussadji était allé déposer l’argent au cabinet d’Ida Reteno Assonouet, ministre de la justice à l’époque. On apprendra plus tard que Mme la ministre Reteno, en compagnie de sa collègue en charge de la Communication, une certaine Laure Olga Gondjout va, avec le concours très actif du syndic Moussadji, faire un sort à cette énorme somme d’argent dont les employés d’Africa N°1 ne sentiront même pas l’odeur. Récidiviste sans états d’âme ni scrupules, Roger Valère Moussadji a toujours su profiter des largesses d’une machine judiciaire complètement vérolée. Et qui, de la base au sommet, n’hésite pas à cannibaliser les entreprises en difficulté.

Roger Valère Moussadji, un adepte du tourisme carcéral

Cela a été encore constaté au cours des deux dernières années, singulièrement au sujet de la Satram, lors du passage d’Anicet Mboumbou Miyakou à la tête du ministère de la Justice. Sourd, voire insensible aux vitupérations et autres cris de détresse des salariés, il s’était arrangé à détourner, via la Caisse de Dépôts et Consignation, la coquette somme de deux milliards de francs CFA destinée au groupe Egca/Satram. Bien que muté depuis décembre dernier au ministère de la Communication, l’on constate que Mboumbou Miyakou est parti sans vraiment partir. Ainsi, il continue de sévir à travers un entrelacs d’officines obscures qu’il a installé quand il était en poste, au nez et à la barbe (qu’elle n’a pas) de sa remplaçante Erlyne Nembet Damas.

Illustration 2
A Port-Gentil, cette officine mafieuse déguisée en tribunal a totalement ruiné l'honneur des magistrats gabonais

Très au fait des pratiques en cours dans ce ministère passoire, le nouveau syndic judiciaire de la Satram et ses deux complices n’ont eu aucun mal à distraire les huit cent millions destinés aux salaires des employés de la société. Subsidiairement, cette énième arnaque de l’ancien pensionnaire de la prison de Gros-Bouquet, Roger Valère Moussadji, amène à se poser une question : et si le syndic avait trouvé là, une opportunité pour pouvoir enfin goûter aux délices la maison d’arrêt de Port-Gentil ? Dans ce cas, il faudrait juste espérer que les magistrats « corrompus » et « voleurs » de la capitale économique vont, sans délai, permettre à cet adepte du tourisme carcéral d’assouvir ses fantasmes. Cela aurait au moins le double mérite d’envoyer un message fort aux margoulins de tout poil, et de redonner un peu d’espoir aux salariés de la Satram. Ils en ont bien besoin, au regard de l’enfer qu’ils endurent depuis bientôt deux ans !

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