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Billet de blog 5 septembre 2018

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Syrie : où en sommes nous ? Pourquoi le conflit demeure?

La guerre en Syrie a occupé longuement les médias internationaux, puis un fait en chassant un autre, une nouvelle catastrophe, un nouveau conflit, le sujet est devenu annexe alors qu'il demeure bel et bien présent pour les différentes parties prenantes dans le pays. Pourquoi cette crise ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Mentionner l'actualité au plan international sans faire part de la Syrie est tout bonnement impossible aujourd'hui. Compte tenu de l’ampleur de la crise syrienne et des catastrophes humanitaires qu’elle continue de générer, les institutions internationales, en l’occurrence l'ONU, se seraient interdit de continuer à décompter le nombre de morts. Dans une telle situation et considérant le caractère conflictuel et la complexité des relations qu’entretiennent les parties en guerre, il devient aujourd’hui difficile de cerner tous les contours de cette crise. Mais comment ce pays du Moyen-Orient en est-il arrivé là ? Ces quelques lignes pour mieux comprendre le conflit.

Les origines du conflit

Tout a commencé en Septembre 2011, dans la vague du printemps arabe, avec la naissance d’une rébellion en Syrie. D’après les informations officielles recueillies, celle-ci avait comme ferme ambition de renverser Bachar Al-Assad. Les rebelles réclamaient une transition politique mais sans celui qu'ils considèrent comme un tyran. Ils ne voulaient, ni plus ni moins, que la destitution du président Bachar Al-Assad. Ainsi, aux oreilles du monde entier, la crise syrienne trouvait ses origines dans une guerre pour la souveraineté et la démocratie. Cependant, pour d’aucuns, la réalité serait d'une toute autre nature sur le front. En témoigneraient d’ailleurs les trois autres guerres engendrées par ce seul conflit.

Le vrai visage de la crise

Outre ce qui était su de manière officielle, l’instabilité engendrée par les attaques des rebelles comme mentionné plus tôt, n’était qu’une porte ouverte à trois autres conflits internes qui éclatèrent également sur le territoire syrien.

En effet, selon certaines sources, dans la partie Nord-Est du pays, les Kurdes auraient profité du chaos causé par les affrontements entre rebelles et forces armées du gouvernement pour installer un État circonstanciel. Ceux-ci réclameraient l'indépendance du Kurdistan. D'un autre côté, le mouvement terroriste DAESH qui rêvait depuis d'étendre ses tentacules au Moyen-Orient, trouvait dans le conflit syrien un terreau fertile pour planter ses graines. Aux dernières nouvelles, il n'en restait que quelques poches de résistances, tant le mouvement a été attaqué de toutes parts.

En somme, ce qui à l'origine était parti comme un simple mouvement de protestation dans le but de réclamer un État démocratique, a pris une telle ampleur que les États voisins et même les puissances mondiales se retrouvent aujourd’hui à jouer des rôles dans lesquels on ne les attendait pas forcément, l'appui militaire. La crise syrienne est donc à l'heure actuelle une guerre internationale qui a déjà fait plus de 400 000 morts et des millions de déplacés à l'intérieur comme à l’extérieur du pays.

Les parties prenantes

Cela fait maintenant plus de six ans que le conflit s'intensifie. Et les tentatives de trouver un accord de paix menées par les États-Unis n'ont pas encore porté leurs fruits. Il faut dire que, si les affrontements ont pris une toute autre tournure, c'est aussi en raison des appuis venus de l'extérieur dont ont bénéficié les rebelles. En effet, ceux-ci ont été appuyés par le Qatar, la Turquie et l'Arabie Saoudite. A priori, ce soutien viendrait du fait que les dissidents soient musulmans sunnites, comme eux.

De son côté, des sources consultées révèlent que le gouvernement de Damas recevrait l'appui des forces de même obédience religieuse qui l'entourent parce qu’étant musulman Chiite. Il s’agirait ici du Hezbollah du Liban, de l'Irak qui est son allié depuis toujours ainsi que de l'Iran.

Pour ce qui est de ceux qui combattent pour une indépendance du Kurdistan, leur appui militaire serait bien moindre. Ils bénéficieraient toutefois des apports militaires des alliés Kurdes éparpillés autour du territoire de la Syrie c’est-à-dire des membres du PKK d'origine Turque ou du PDK basé en Irak. Ce sont donc toutes ces parties qui s'affrontent dans cette guerre dont l'issue n'est pas encore trouvée.

Mais ce ne serait pas tout, puisque selon de récentes informations collectées à ce sujet, les forces internationales se sont depuis peu de façon officielle mêlées au conflit, le rendant encore plus complexe. Ainsi, la Russie, pour une première fois depuis la fin de la guerre aurait pris la décision d'appuyer militairement et stratégiquement le gouvernement de Bachar Al-Assad. C'est cet allié qui aurait d'ailleurs permis au gouvernement de Damas de ne pas sombrer sous les papillonnements des rebelles, comme Alep, devenue une ville fantôme pratiquement.

Pour ce qui est du rôle des États-Unis dans la guerre syrienne, leur soutien serait allé aux rebelles. Avec eux, quelques pays européens dont la France depuis 2015. Pour les occidentaux, cette aide viserait à éliminer la menace que constitue l’État islamique et en même temps à assurer une transition sans Bachar Al-Assad. Un objectif qui semblerait cependant avoir été revu depuis.

La version officielle

Selon la version officielle, le conflit syrien n'est autre qu'une guerre visant à renverser un dictateur. Les complications qui en sont suivies ne seraient que la manifestation du désir des uns et des autres de retrouver un semblant de liberté perdue depuis longtemps. Seulement, depuis un certain temps, quelques éléments d'explications produits ici et là affirment le contraire. La guerre en Syrie ne serait qu'une nouvelle guerre d'énergie, comme ce fut le cas en Libye tout récemment.

Les raisons cachées

Contrairement à la version officielle qui trouve les origines de la crise syrienne dans les mouvements de rébellion de septembre 2011, pour certains, il faudrait remonter jusqu'en 2009 pour comprendre les véritables raisons de cette guerre. Ainsi, pour eux, cette année-là Bachar Al-Assad aurait dévoilé un projet qui faisait de la Syrie un carrefour incontournable dans le commerce du gaz et du pétrole, non seulement dans le Moyen-Orient, mais aussi dans le monde. Un projet économique, dont la réalisation aurait mis à mal les intérêts financiers de la Turquie et d'autres pays comme le Qatar.

Il faut préciser que d'autres éléments de réponses contradictoires ont repris le même point de vue en précisant que le conflit aurait commencé en Syrie au lendemain de la signature du premier contrat de réalisation du gazoduc avec l'Iran, partenaire de la Syrie. Coïncidence pour certains, conséquence pour d’autres, c'était en 2011. Et ce serait aussi cette même année que les appuis militaires auraient commencé par fuser de toutes parts pour les rebelles qui, jusque-là, n'étaient pas bien dangereux.

La crise syrienne aujourd'hui

Le conflit syrien a des répercussions qui vont bien au-delà des frontières du pays. Les attaques de l’État islamique en Turquie et dans la région n'ont fait qu'envenimer la situation, en donnant plus de raisons aux voisins de s’immiscer à l'intérieur du pays. Aujourd'hui, on parle même de guerre civile en Syrie, en oubliant parfois le rôle des forces internationales dans ce qui fut au départ une simple manifestation de droit et de liberté.

Le dernier processus de paix enclenché à Genève et qui devait déboucher sur un accord, se noie dans le refus de la Syrie d'y participer. Les forces alliées accusent aussi la Russie de ne rien faire pour pousser la Syrie à changer de position. Ce qui, en somme, signifie que la sortie de crise n'est pas pour bientôt.

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