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Billet de blog 23 mai 2014

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Remus Cernea, l’écolo iconoclaste qui agite le système politique roumain

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Remus Cernea est candidat à l’élection présidentielle de novembre. Député vert et fondateur de plusieurs ONG, il dédie son engagement à des enjeux sociaux peu défendus par le reste de la classe politique. Un combat qui se heurte au système en place.

>> Retrouvez les articles de Newsroum.fr, blog des étudiants en journalisme du Celsa en Roumanie du 17 au 28 mai. 

Remus Cernea arrive un peu essoufflé au rendez-vous. Il a délaissé son taxi coincé dans les embouteillages de Bucarest pour terminer à pied. Cheveux longs coiffés catogan, le député vert porte à la boutonnière un badge pour la protection des chiens errants. L’un des récents combats de cet élu de 39 ans. Il revient d’ailleurs de Francfort où il était invité à une manifestation de protestation contre l’euthanasie des chiens des rues.

Depuis son élection à la chambre des députés en 2012, Remus Cernea s’est fait le pourfendeur des dossiers polémiques. Et des minorités. “La démocratie, c’est être élu par une majorité, mais un démocrate doit protéger les minorités”, plaide-t-il dans un anglais à peine hésitant. Parmi ses engagements hétéroclites : le gaz de schiste, la défense des femmes battues et les droits des homosexuels.

Formules choc et communication

En 2013, il est à l’origine d’une proposition de loi pour instaurer une union civile, similaire au Pacs, ouverte à tous les couples, homos ou hétéros. Le texte est finalement rejeté et les réactions, notamment de l’Eglise, sont virulentes, voire violentes.

Il doit même organiser une conférence de presse pour faire le point sur sa propre sexualité. “J’ai répondu aux journalistes qu’ils allaient être déçus, car, oui, je me sens gay quand je vois les discriminations qu’ils subissent, mais ça ne veut pas dire que je le suis. Tout comme vous n’avez pas à être une femme pour vous mobiliser contre les violences qui leur sont faites”. Maître des belles formules, le trentenaire est devenu un expert de la communication et des réseaux sociaux.

Un mois pour réunir 100.000 signatures

Sa place à la chambre des députés, il a pourtant eu du mal à la gagner. Sa première tentative, en janvier 2010, lors d’une élection législative partielle, se solde par un échec. Sa candidature au nom du Parti vert est rejetée car la loi électorale interdit qu’un prétendant à un tel scrutin se présente sous les couleurs d’une formation non représentée au Parlement.

De nouveau candidat deux ans plus tard, il se présente alors en indépendant. Une candidature d’abord rejetée avant d’être validée par les tribunaux. Il est élu avec 57,23 % des voix. “Tout le système politique est pensé de façon très restrictive pour que le pouvoir soit gardé par les mêmes”, regrette-t-il.

Pour dénoncer ce système, il cite de nombreux exemples. Comme le nombre de soutiens à réunir pour concourir aux européennes. Pour présenter sa liste, un candidat doit ainsi réunir 200.000 signatures, ou 100.000 s’il est indépendant. Remus Cernea a abandonné. “J’avais un mois pour les réunir, c’est impossible. Les grands partis utilisent des bases de données, ce sont des signatures fictives. Mais avec ce principe, certains partis ont récolté près de 6 millions de signatures. Je refuse d’agir comme cela.”

Autre illustration, il faut afficher 25.000 membres pour pouvoir créer un parti politique. “J’ai proposé une loi pour réduire ce nombre, mais le président de la commission m’a répondu : vous voulez que tous les fous puissent créer leur parti ?”

En novembre 2014, il se présentera pour la deuxième fois à l’élection présidentielle. Lors de sa première tentative, il avait réuni 0,62% des suffrages. Cette fois-ci, il espère faire mieux. “Si j’arrive à collecter les signatures”, prévient-il.

Carole Blanchard. 

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