Mardi 12 juillet
« Collège de la salle » Franchement le cadre n’est pas très fun. Ca sent l’Education Nationale des années 70’s : 6 salles, 62 spectacles, 40 compagnies Mais bon, au moins, ils mettent leur pierre. La salle « polyvalente », tu t’y sens bien comme en « heures de colle », mais bon, c’est une salle…
« Le bois dont je suis fait » de, et avec Julien Cigana et Nicolas Devort. Une réunion familiale difficile entre générations et pièces rapportées, donne prétexte à une réflexion sur la vie; les vies, les jugements hâtifs, les clichés les préjugés. Comme souvent une douzaine de personnages joués par les 2 comédiens, un petit râblé et un grand sec. Faute d’argent forcément...
Encore une création, c’était la 5ème, ça démarre, on sent que ça peut donner quelque chose,. De la sensibilité, mais encore beaucoup de boulot avant que ce soit bien. Question d’écriture, de rythme et de mise en scène. Costumes gris et noirs, plateau noir, scène noire. On dirait du Soulage.
« Théatre des Béliers » Ils ont de la chance aux Béliers, au fond d‘une impasse sympa, pour eux tous seuls. Heureusement, parfois elle est pleine, entre le public des deux salles qui attend le début de sa pièce, celui qui sort, et celui qui vient retenir pour une autre fois. L’autre soir, il y avait leur désormais fameux tournois de ping-pong : Une plaisanterie qui est devenue petit à petit, un « événement » du Off : 4 télés pour saisir ce grand moment de camaraderie entre intermittents. Le trophée : un nain de jardin. Cette année, c’est David Roussel et François Leneveu qui l’emportent.
Plusieurs spectacles sont déjà pleins, il faut retenir, « Les lapins sont toujours en retard » de, et avec Ariane Mourier, et » Ca n’arrive pas qu’aux autres » de Nicolas Moret et Benoit Martinez. J’en parlerai une autre fois, quand j’aurai pu les voir. Dans la grande salle.
Bashir Lazhar d’Evelyne de la Chenelière, dans la petite salle. Une réflexion, seul en scène, sur l’école et ses responsabilités. Un bijou de sensibilité ; j’ai parfois eu la larme à l’œil. Des enfants étaient là, au premier rang, une dizaine d’années. Ils ont eu un peu de mal à suivre.
Mercredi 13 juillet
Mistral. La température a nettement baissé. Le soir: 20° de moins en deux jours, la ville a changé d’aspect, il fait presque froid, les gens surpris, habillés légèrement, se pressent au lieu de flâner nez au vent (et il y en a).
Théatre du « Petit Louvre ». Là, ça a de la gueule, la salle « Van Gogh », dans un bel immeuble ancien, 1er étage, moquette épaisse, sièges très confortables, peu nombreux, 85, on se croirait dans le salon coquin d’un hôtel de luxe. Ca change du Collège de la salle.
« L’homme assis dans le couloir » J’étais venu pour voir ça avec ma femme. Finalement, elle ne pouvait pas, je revends sa place au dernier arrivant dans la queue :
« L’homme assis dans le couloir », de Marguerite Duras… Il répond : Gabriel Garran, plutôt ! … (probablement un « officiel » ! )... Où va se nicher le dévoiement intellectuel, quand la mise en scène prend le pas sur l’auteur ! Un moment je me suis demandé, (à tort sûrement) s’il savait même qui c’était.
Il faut dire, j’ai lu « Moderato Cantabile » a 16 ans, en 64, en même temps que Robbe Grillet, pour faire genre lecteur « Nouveau Roman. » Je m’étais ennuyé et ça m’a dégouté. Rideau pendant 20 ans. J’ai redécouvert Marguerite Duras quand « l’Amant » est sorti en 84. Depuis j’ai tout lù, un Durassien pur et dur.
Gabriel Garran, le fondateur du Théatre de la Commune, du TILF, chapeau bas bien sùr ; mais comparer le talent du metteur en scène, et l’œuvre du vulgarisateur, au génie de l’écrivain, il se trompait d’échelle mon acheteur.
Quel beau texte ! du sexe à l’état pur, sa magie, son ambiguité, sa force, sa douleur. Du Duras pur jus.. La mise en scène? pas facile bien sùr : un spectateur résumait : « C'est Duras à Pigalle, quoi.. Et j’ai vu des choses plus plaisantes à Pigalle ». C’est un peu dur, mais il y a de ça… Et en tout cas, pas à jouer dans les velours d'un salon bourgeois:décalage... Il fallait trouver une scène dure, un mur de pierres, un buisson desséché, une source,.. Jolie performance de la comédienne quand même, « réciter » du Duras, et danser torse nu, la limite est vite franchie; qu’elle a évitée. De justesse.. Sensibilité en danger. Mais très inachevée.