La vie politique est parsemée d'images et phrases fortes imprimées dans l'imaginaire des français. Certaines séquences ont préfiguré l'accession à la présidence de la République: du "J'aime beaucoup les pommes" de Jacques Chirac au "C'est notre projet !" d'Emmanuel Macron en passant par le "Moi Président,..." de François Hollande. D'autres en revanche, beaucoup moins glorieuses voire totalement décrédibilisantes, collent à la peau tel le sparadrap du Capitaine Haddock. Alors, même si les bien-pensants diront qu'il faut avant tout voter pour un programme, il n'empêche que l'électeur moyen reste très influencé par l'incarnation d'une figure de leader.
Les images de Jean-Luc Mélenchon hurlant: "La République, c'est moi !" ont beau dater d'octobre 2018, elles constituent encore à ce jour une marque indélébile pour le leader de La France Insoumise. Il en résulte une aversion viscérale à son encontre, y compris pour de nombreux électeurs de gauche, choqués par cette vidéo et les images de rixe qui ont suivi. Selon un sondage Ipsos* du 22 juin dernier, 69% des français seraient mécontents (54% très mécontents) si Jean-Luc Mélenchon devenait président de la République en 2027, contre seulement 16% qui seraient contents ou très contents. Sur 18 personnalités politiques, c'est le 2e plus haut score d'impopularité juste derrière Eric Zemmour !
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Il faut donc se rendre à l'évidence: Jean-Luc Mélenchon est un puissant repoussoir à voix. Malgré cela, l'intéressé s'accroche à son score historique de 22% au premier tour de la présidentielle de 2022, et se voit toujours comme un candidat potentiel au poste de Premier Ministre en cas de victoire du Nouveau Front Populaire.
En tant qu'électeur de gauche, j'ai toujours l'espoir que le Nouveau Front Populaire puisse créer une dynamique positive et l'emporter les deux dimanches prochains. Mais pour cela il faudrait que la voie de la raison remplace celle des égos et des tactiques politiciennes contreproductives. Alors oui Jean-Luc Mélenchon devrait se mettre temporairement en retrait. Mais dans le même temps, les autres membres du Nouveau Front Populaire devraient s'abstenir de le blâmer publiquement et au contraire s'efforcer d'afficher une union un tant soit peu crédible sous peine de démobiliser de précieux électeurs.
*Enquête menée par Ipsos pour La Tribune du 19 au 20 juin 2024 auprès de 1000 personnes, constituant un échantillon national représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.