Homme de conviction à la douceur et à la gentillesse proverbiales, Jean-Michel Duclos était entré dans la vie et dans l’engagement militant à tombereau ouvert, débarquant à 18 ans à Paris pour y rencontrer René Dumont, le fondateur de l’écologie politique en France, puis gagnant le plateau du Larzac en lutte contre le projet d’extension d’un camp militaire, avant d’être emprisonné pour insoumission au service militaire.
À Clermont-Ferrand, sa ville, le trublion s’est investi à cœur perdu dans deux quêtes : la transmission d’un savoir pour tous et l’écologie. Il a ainsi participé à la fondation, au milieu des années 1980, d’une première et éphémère université populaire clermontoise, recréée en 2002 et aujourd’hui en deuil. Côté environnement, il a porté sur les fonds baptismaux la section auvergnate du parti Verts, qu’il quittera en 2006 pour cofonder l’association politique Alter Ekolo.
Élu en 1989 au conseil municipal de Clermont-Ferrand, puis en 1995 au conseil régional d’Auvergne, Jean-Michel Duclos va mettre à profit ses mandats pour dénoncer chantiers écocidaires et malversations, du premier projet d'incinérateur d'ordures ménagères de l'agglomération clermontoise - un dossier ultérieurement inclus dans l’affaire Urba sur le financement occulte du parti socialiste - à la création du parc à thème Vulcania, sous les auspices du président de région Valery Giscard d’Estaing. Une affaire dont il tirera un livre, Vulcania, main basse sur les Volcans.
Mediapart avait fait la connaissance de Jean-Michel Duclos en janvier 2022, lors d’une manifestation contre le passe sanitaire. Le militant avait également eu des échanges avec Stéphane Alliès, alors codirecteur de la rédaction, et Antton Rouget, journaliste au pôle Enquêtes, à l’occasion du passage à Clermont-Ferrand de la tournée célébrant les 15 ans de Mediapart, le 7 octobre 2023.
Le journal avait publié le 8 février dernier un article sur un projet qui tenait à cœur à Jean-Michel Duclos : une bibliothèque de la corruption, soit quelque 900 ouvrages patiemment accumulés sur plusieurs décennies, décrivant les dessous de cinq décennies de vie politique régionale, nationale et internationale, des chasses giscardiennes en Afrique à « l’affaire libyenne » de Nicolas Sarkozy. Un fonds que le militant souhaitait rendre accessible au grand public.
Toutes les pensées de Mediapart vont à ses proches, à celles et ceux qui l’aimaient.
Une cérémonie d'hommage aura lieu jeudi 10 avril à 14h au funérarium de Beaumont, puis vers 16h au cimetière de Cébazat, dans le caveau familial. Pour ceux qui souhaiteraient apporter des fleurs, merci de choisir des plantes en pot, qui peuvent se planter.