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Billet de blog 27 avril 2023

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Dispositifs sonores portatifs

le Droit outragé, brisé, martyrisé

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© BFMTV

Je me sens submergé par une actualité française qui m’oblige à m’ériger en défenseur d’un Droit outragé, brisé et martyrisé, bien que parfois, le désespoir m’envahit aussi.

Après le râteau qu’il a pris hier déjà à Sélestat, Bas-Rhin, Emmanuel Macron a renoncé aux bains de foule, mais s’est pourtant transporté sans désemparer aujourd’hui, comme cela était prévu, à Ganges, Hérault, où les citoyens étaient prêts à l’accueillir.

Je n’ai jamais connu que des ministères parisiens mais imagine très bien les ronds de cuir de préfecture, qui sentent leur heure venue, lorsque leur incombe la mission sacrée de maintenir l’ordre contre la chienlit. C’est par l’arrêté 2023.04.DS.187 que le préfet de l’Hérault s’est jeté à corps perdu dans la mêlée. Il a bien compris les enjeux et visé l’arsenal juridique anti-terroriste, pas moins, pour désigner aux forces de l’ordre les désormais fameux dispositifs sonores portatifs.

Le président valide cette stratégie, quand il déclare aux micros de BFMTV, championne rarement égalée de la presse de préfecture, dont un Philippe Henriot prendrait la direction avec fierté

les oeufs et les casseroles, c’est fait pour faire la cuisine

Deux rappels me paraissent essentiels

1/ à Emmanuel Macron, sans doute emporté par des émotions négatives : les citoyens font de leurs oeufs et casseroles ce qu’ils veulent. C’est la loi et nul autre qui décide, après, si leurs usages ont été répréhensibles, ou pas,

2/ aux pandores, qui perdus dans les méandres sordides de la police administrative, confisquent les casseroles à l’approche du périmètre anti-terroriste de sécurité, confirment la fâcheuse propension des forces de l’ordre, depuis le mouvement social des Gilets jaunes, à chaparder : si vous saisissez, faites au moins un effort pour essayer de comprendre la police judiciaire. À une amie qui en terrasse me demande de l’éclairer, j’explique :

Vois tu cette bouteille ? Si je m’en saisis maintenant et la brise sur la tête du premier passant, elle devient une arme par destination. Mais tant que je ne le fais pas, elle reste une bouteille. C’est pareil pour les casseroles et les dispositifs sonores portatifs

Une question enfin au préfet : pourquoi ne pas considérer les balades d’Emmanuel Macron comme un trouble à l’ordre public ?

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