Alors que se tient dans une semaine la primaire cruciale de Pennsylvanie, qui pourrait relancer la campagne d'Hillary Clinton, Stephen Colbert a installé les quartiers de son émission, pendant une semaine, dans la cité des « brotherly loved ».
Stephen Colbert, 44 ans, est un vrai phénomène dans le milieu télévisuel américain : ancien « correspondant » du Daily Show with Jon Stewart, il a depuis trois ans sa propre émission, le Colbert Report (prononcer à la française, sans le « t ») qui est l'émission phare de Comedy Central, diffusée juste après le Daily Show, quotidiennement. Les tickets pour assister à l'émission sont deja réservés jusque début 2009.
Plusieurs études universitaires ont été réalisées au sujet de son émission, qui produit parfois le « Colbert Bump ». Les ventes des auteurs invités augmentent le lendemain de la diffusion, alors que les politiques en quête de plus de popularité ou d'élection s'y pressent. Il est l'un des responsables de la popularité de l'ancien gouverneur de l'Arkansas Mike Huckabee, et, ironie du sort, l'ancien gouverneur de New York Eliot Spitzer était son invité la veille de son rendez-vous avec la call-girl responsable de sa chute.
S'inspirant des talk-shows conservateurs, comme le O'Reilly Factor (Fox News), il manie l'humour et l'ironie de la façon la plus habile qui soit, ce qui est encore plus déconcertant, et qui rend difficile toute interview : on ne sait jamais s'il est sérieux ou s'il plaisante. Cela lui a valu une invitation à la Maison Blanche lors du Diner des Correspondants en janvier 2006. Des républicains un peu trop zélés ont pris au sérieux ces propos et ont été très surpris de son intervention, à laquelle un George W. Bush assiste incrédule.
Il s'est déclaré candidat, en 2007, aux primaires démocrate et républicaine en Caroline du Sud, État dont il est originaire, pour avoir ainsi la "possibilité de perdre deux fois". A l'instar de la candidature de Coluche en 1981, son projet a inquiété les démocrates dont les principaux candidats ont fait pression pour que la direction du parti dans l'État refuse sa candidature. Il obtenait 13% dans les sondages nationaux, et en deux semaines un groupe de soutien sur Facebook a rassemblé plus de 4 millions de membres, forçant la société à mettre à jour ses serveurs saturés afin de les rendre plus performants. Ce fut la croissance la plus rapide d'un groupe avec plusieurs milliers de nouveaux membres chaque seconde. Il fut sponsorisé par la marque de tacos Doritos , ce qui avait valu une critique très drôle du porte-parole de John Edwards :
« En tant que candidat de Doritos, ses mains sont tachées de corruption corporative et de fromage pour nachos. John Edwards n’a jamais reçu un centime des lobbyistes des Taco Chips, et l’Amérique mérite un président qui n’est pas dans la poche des intérêts particuliers de la snack food. »
Il a reçu trois fois le précieux « Peabody Award » décerné par l'University of Georgia pour sa couverture des élections présidentielles de 2000 et 2004 dans le Daily Show, et en 2008 pour sa campagne en Caroline du Sud. Ce prix récompense les meilleurs journalistes dans le domaine de la télévision et de la radio.
Plusieurs études très sérieuses ont porté sur son néologisme intraduisible de « truthiness », dérive de « truth » qui signifie « vérité ». La « truthiness » est une connaissance que l'on prétend avoir de manière intuitive, sans aucune preuve ni examen logique. Le terme a été utilisé la première fois à propos de la guerre d'Irak en 2005, et est desormais dans le langage courant.
A noter que depuis le 1er avril, après avoir été exposé au Smithonian National Portrait Gallery de Washington D.C., son portrait est exposé au National Museum of American History de Washington D.C. dans lequel se trouvent les plus grands artefacts du début des États-Unis.
Stephen Colbert est devenu incontournable à la télévision et certains appellent déjà à une candidature en 2012 lors des présidentielles. Un animateur irrésistible dont tout le monde est invité à regarder les vidéos qui sont présentes comme celles de Jon Stewart sur le site de couverture de cette élection présidentielle par Comedy Central : www.indecision2008.com.
Seconde partie de son intervention : http://www.youtube.com/watch?v=qa-4E8ZDj9s
Début de son interview chez Larry King lundi 14 avril 2008 : http://www.youtube.com/watch?v=Rc1nRkQvYeM